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21e Conférence ministérielle de la Francophonie : une nouvelle charte pour l’organisation

Publié le mercredi 23 novembre 2005 à 09h09min

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Youssouf Ouédraogo

La 21e session de la Conférence ministérielle de la Francophonie qui regroupe les ministres des Affaires étrangères et de la Francophonie des 63 Etats et gouvernements de l’OIF se tient à Madagascar les 22 et 23 novembre.

A l’ouverture de cette rencontre qui a vu l’adoption d’une nouvelle charte pour l’organisation, le ministre Youssouf Ouédraogo, présiedent de la conférence, a prononcé un important discours où il a rappelé le bilan du sommet de Ouagadougou et dressé de nouvelles perspectives.

Monsieur le Président de la République
Messieurs les Présidents des Hautes Institutions de l’Etat,
Monsieur le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie
Mesdames et Messieurs les Ministres
Mesdames et Messieurs les Chefs de délégation
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs
Mesdames, Messieurs

Monsieur le Président de la République, permettez moi avant toute chose , de m’acquitter d’un agréable devoir.

Votre frère, le Président Blaise COMPAORE m’a chargé de vous transmettre à vous, à votre gouvernement et au peuple malgache, ses plus fraternelles et chaleureuses salutations.

Il vous renouvelle également son admiration et son soutien constants pour votre leadership porteur de progrès non seulement pour Madagascar, mais aussi pour l’Afrique.

En sa qualité de Président en exercice du Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement des pays ayant le français en partage, le Président COMPAORE suit de très près tout ce qui se passe en Francophonie, en particulier la mise en œuvre de la Déclaration de Ouagadougou et du Cadre stratégique décennal de la Francophonie adoptées par le Xème sommet.

Monsieur le Président, nous avons tous noté avec intérêt et fierté, que dans le ‘’passeport pour Madagascar’’, cette excellente brochure distribuée dans l’avion à destination d’Antananarivo, il est écrit que « Fihavanana » signifie « solidarité familiale », ou encore « joie d’être ensemble ».

Ce concept malgache dont la puissance marketing est inégalée, est le concentré même de la Francophonie, en ce qu’il traduit au plus fort et au plus profond de la sémantique, les liens qui unissent notre famille francophone depuis 35 ans.

Personnellement, je l’adopte. Et je pense que nous pouvons tous l’adopter car, ainsi que nous l’avons voulu, Francophonie rime intimement avec diversité culturelle : alors à vous toutes et vous tous « Fihavanana » « Fihavanana » !

Aujourd’hui, Antananarivo est la capitale de la Francophonie, comme Ouagadougou le fut, il y a un an presque jour pour jour.

Oui, un an déjà ! Monsieur le Président, nous avons encore tous en mémoire votre brillante intervention au Xe Sommet de Ouagadougou, au terme de laquelle vous avez invité notre conférence à se réunir ici, chez vous. Vos pairs avaient alors unanimement et chaleureusement accueilli votre invitation et nous y voici, nous ministres en charge de la Francophonie pour déblayer le terrain, car le sommet d’Antananarivo est en route.

Nous sommes venus très nombreux, des quatre coins du monde, de toutes les zones géographiques de la Francophonie, pour communier avec le peuple malgache, pour célébrer et magnifier notre communauté.

Monsieur le Président, pour autant que les mots ont un sens convenu, cette très forte participation à la 21ème conférence ministérielle est le symbole vivant de la reconnaissance et de l’attachement de la communauté francophone à votre pays, Madagascar, pays membre fondateur de la Francophonie.

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Il y a un an, à Ouagadougou, les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’espace francophone, réunis au tour du thème ‘’Francophonie, espace solidaire pour un développement durable’’, ont décidé de remobiliser toutes les énergies, toutes les ressources de la Francophonie en vue de la refonder et de lui permettre ainsi de faire face aux nouveaux défis et aux nouvelles problématiques auxquels l’humanité est confrontée.

D’où l’adoption du ‘’cadre stratégique décennal’’, véritable feuille de route définissant les grandes missions stratégiques de notre communauté pour les dix années à venir.

Pour accompagner cette dynamique nouvelle, vous avez confié au Secrétaire général de la Francophonie le mandat de formuler des propositions visant à parachever la réforme institutionnelle de notre mouvement.

Qu’il vous plaise donc Monsieur le Président, que je traduise au Président Abdou Diouf, notre Secrétaire général, les sentiments de totale satisfaction et de profonde gratitude du Président Blaise COMPAORE, pour le travail considérable qu’il a réalisé avec beaucoup de méthode et réussite, depuis le Sommet de Ouagadougou. Avec toute l’ardeur et la sollicitude qui le caractérisent depuis de longues années, il a ajouté beaucoup de terre à la terre.

Sous sa conduite éclairée, l’Organisation internationale de la Francophonie a été renforcée. Elle est présente sur tous les fronts où la solidarité francophone est requise. Elle est présente et active sur le terrain, là où les gouvernements et les populations ont besoin d’elle.

C’est le cas dans certains de nos pays traversés par de multiples crises et conflits ; mais aussi dans les pays où les valeurs de la démocratie demandent à être confortées.

C’est le saluer la célébration à Bamako, il y a tout juste 14 jours, du 5e anniversaire de la Déclaration de Bamako, qui confirme l’option irréversible prise en 2000 par la Francophonie, d’œuvrer résolument en faveur de la démocratie, des droits et des libertés.

Ces valeurs partagées, nous les vivons au quotidien dans nos pays, et le Burkina Faso vient de les revivre le 13 novembre dernier, dans le calme et la responsabilité républicaine et citoyenne, à travers une élection présidentielle démocratique et pluraliste, au cours de laquelle nous avons une fois encore apprécié le soutien précieux de l’Organisation internationale de la Francophonie.

Monsieur le Président
Monsieur le Secrétaire général
Mesdames et Messieurs

Notre conférence a reçu explicitement du Sommet de Ouagadougou le mandat d’examiner les propositions du Secrétaire général destinées à mieux fonder les assises juridiques et fonctionnelles de notre Organisation et à conforter le cadre d’exercice de ses attributions.

Pour y parvenir, il a fallu opérer un choix : celui de la continuité organisationnelle issue de la Convention de Niamey.

La Charte révisée, qui sortira d’Antananarivo exprimera donc, tout à la fois l’élan de solidarité voulu dès 1970 par les pères fondateurs de notre communauté, ainsi que la dynamique nouvelle, qui place la Francophonie au cœur des enjeux mondiaux et qui nous engage à avancer ensemble, en rangs serrés, avec vision, lucidité et efficacité.

Oui, nous devons plus que jamais avancer ensemble en recherchant toujours, dans la concertation et toujours dans le respect de nos diversités, les facteurs qui nous unissent et que nous devons prôner et faire prévaloir dans les enceintes internationales.

La Francophonie a suffisamment donné les preuves irréfutables de sa cohésion, de sa vision lucide et de son efficacité. La plus récente s’est manifestée tout au long du processus d’élaboration, de négociation et d’adoption à l’Unesco, de la Convention sur la Diversité culturelle.

Depuis le Sommet de Beyrouth, notre mobilisation a été exemplaire et notre détermination sans faille. Si j’ai tenu à rappeler notre implication dans ce processus, c’est pour retenir la leçon qui s’impose désormais à la communauté francophone : l’efficacité et le succès de la Francophonie repose sur notre unité d’action, fondée sur nos synergies croisées, notre vision lucide et moderne de la gestion des affaires du monde.

Dans quelques jours à Hong Kong vont s’engager des négociations cruciales pour la survie du système commercial multilatéral issu du Traité de Marrakech créant l’Organisation mondiale du Commerce.

Pour nous tous, et notamment pour nos pays producteurs de coton, il s’agit d’un rendez-vous essentiel.

Essentiel pour l’avenir de millions d’hommes et de femmes, qui ont misé leur quotidien et leur avenir sur le coton !

Essentiel pour nos pays, engagés depuis de longues années dans un combat sans égal contre la misère et la pauvreté !

Gagner ce combat signifie non seulement assurer le pain quotidien de nos populations, un mieux-être aux populations béninoises, tchadiennes, maliennes, burkinabé, et j’en passe ; mais également ouvrir les perspectives d’un avenir meilleur à nos enfants, à nos jeunes, en proie au désespoir et qui cherchent, par tous les moyens, à fuir le cycle infernal du dénuement.

Gagner ce combat, c’est aussi montrer au monde que la fatalité n’est pas une réponse francophone, elle n’est pas une réponse aux cris d’angoisse qui se multiplient et qui s’expriment partout, souvent avec violence, jusque dans nos banlieues, dans nos villages.

Je sais que rien n’est simple. Je sais aussi que nous vivons dans un monde pavé de mille contradictions et de vœux pieux ; dans un monde qui nous montre à l’évidence que les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres.

Mais je sais aussi, et c’est sur cette note que je voudrais terminer mon allocution, je sais aussi qu’ensemble, nous pourrons faire tomber les murs des égoïsmes nationaux et faire émerger, au sein de notre communauté et par notre communauté, les pierres qui serviront à bâtir un monde plus juste, un monde plus ouvert, un monde plus démocratique, un monde plus solidaire.

Je vous remercie pour votre aimable attention.

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