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Présidentielle 2005 : Vigilance !

Publié le lundi 21 novembre 2005 à 08h41min

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L’histoire retiendra de l’élection présidentielle du 13 novembre dernier qu’elle s’est déroulée dans le calme, la discipline, bref conformément au vœu de l’écrasante majorité des Burkinabè pour lesquels ce scrutin n’est qu’un moyen de désigner le meilleur des candidats à la magistrature suprême pour présider aux destinées de la Nation pendant cinq ans.

L’histoire retiendra que sur les 2 288 257 votants à cette consultation, il y a eu 202 387 bulletins nuls. Un chiffre inquiétant dans la mesure où il représente deux fois, les suffrages exprimés en faveur de Me Sankara, le poursuivant direct et lointain du vainqueur du scrutin, Blaise Compaoré. Il y a lieu de s’interroger sur l’énormité de ce chiffre. Est-ce la traduction d’une expression mûrie ou la méconnaissance du mode de scrutin ? Cette question mérite réponse pour situer les électeurs.

L’histoire retiendra que l’opposition politique dans son ensemble ne fait plus rêver. Les douze (12) candidats de cette opposition au scrutin présidentiel ont été laminés de manière « humiliante » par celui du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). En remportant 80,30 pour cent des suffrages exprimés, Blaise Compaoré n’a laissé que des miettes à ses adversaires. Certains d’entre eux ne comprennent pas toujours cette déroute, si ce n’est qu’elle est le fruit d’une conspiration bien organisée depuis les centres du pouvoir. D’autres y voient plutôt le résultat de stratégies politiques d’une opposition mal inspirée, désunie où les calculs personnels ou groupusculaires l’emportent sur toutes autres considérations. C’est dire que ces candidats de l’opposition auraient réalisé un meilleur score s’ils étaient partis à cette compétition unis.

A leur décharge tout de même, il faut relever surtout le dysfonctionnement du fichier électoral qui est dû à l’inexpérience des personnes commises à l’établissement des cartes. En tous les cas, l’opposition n’est pas la seule pénalisée par cette situation regrettable. Toujours à leur décharge, il y avait le manque de moyens matériels, financiers et humains pour une campagne digne de ce nom.

L’histoire retiendra enfin que le taux de participation est passé de 25% à la présidentielle de 1991 à 56% au scrutin de 1998 et à 57 en 2005. Un taux fort moyen.

En attendant que le Conseil constitutionnel se penche sur les résultats du scrutin et proclame officiellement le vainqueur de cette compétition président du Faso, il faut saluer l’esprit de fair-play des candidats, les féliciter pour leur comportement digne et exemplaire.

Si des progrès significatifs ont été enregistrés dans le processus démocratique au Burkina Faso, on le doit à tout le monde notamment aux acteurs de la société civile, aux acteurs politiques dont, bien sûr, ceux de l’opposition. A l’étape actuelle de l’histoire de notre pays, la majorité et l’opposition sont indispensables pour construire la République.

Il y a un risque à voir une opposition très faible ou qui disparaît de la scène politique. C’est dire que si l’opposition veut toujours jouer un rôle dans l’histoire politique du pays, peser de tout son poids sur les évènements, elle a intérêt à revoir sa stratégie politique en intégrant le facteur temps.

D’aucuns soutiennent que nos opposants n’ont pas le punch de leurs aînés qui ont animé avec beaucoup de dynamisme, la vie politique de ce pays. Les Burkinabè se souviennent toujours de ces scrutins aux résultats serrés entre majorité et opposition. A ce sujet, comment ne pas penser au président Sangoulé Lamizana qui avait été mis en ballottage en 1978 à une élection présidentielle par un inconnu du nom de Macaire Ouédraogo ? Dans le même d’ordre d’idées, l’Assemblée nationale a compté, sous la IIIe République 29 députés pour la majorité contre 28 députés à l’opposition.

Le résultat du 13 novembre dernier n’est pas le produit de cette tendance de l’électorat à plébisciter celui qui est au pouvoir. Il est le produit d’un constat : Blaise Compaoré inspire confiance alors que les opposants n’offrent aucune alternative crédible pour le pays. Il faut toujours rester vigilant. Une élection est seulement un élément de légitimation du pouvoir. C’est un contrat de confiance qu’il faut bien sûr respecter. La construction de la République est une œuvre quotidienne et de longue haleine où tout le monde a sa pierre à apporter.

Par Bessia BABOUE

Sidwaya

P.-S.

Voir notre dossier :
Présidentielle 2005

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