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Observateurs de l’élection présidentielle : « Nous ne sommes pas des touristes »

Publié le jeudi 17 novembre 2005 à 05h30min

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Bryan Allison du Canada

Au nombre des acteurs présents à Ouagadougou dans le cadre de l’élection présidentielle figurent des observateurs. Quelques uns nous dévoilent le-but de leur mission.

Mercredi 13 novembre, au bureau de vote n°14 de l’école Kolog-Naaba Mr Ossan Konaté, journaliste malien regardait les électeurs voter.

A l’école Kamsonghin, un autre centre de vote, MM. laurent Beteille et Amri Hichmi visitaient les bureaux de vote. Tous suivent le déroulement des travaux, sans mot dire. Ils observent, ce sont des observateurs.

La Commission électorale indépendante du Burkina Faso a crédité plus de 10 000 observateurs qui ont sillonné tout le pays afin de suivre le scrutin. Venus d’Afrique ou d’Europe, sous le couvert d’associations ou d’institutions spécialisées, ces professionnels de l’élection soutiennent qu’ils ont une part importante à jouer dans le déroulement de l’élection.

Des observateurs pour une élection transparente

Un observateur, selon M. Fénélon Massala coordonnateur de la mission d’observation du Club OUA, est un individu appartenant à une structure reconnue, accréditée par une autorité légale pour suivre le scrutin.

Ce sont donc des hommes et des femmes, de professions diverses promus à la même mission : « Nous assistons tout le processus électoral, de la campagne jusqu’à la proclamation des résultats ». A ajouté M. Alain NZaba, de Synergies africaines pour la démocratie et la supervision des élections. Ils sont chargés d’observer, de constater d’analyser et de tirer des conclusions sur l’organisation d’un scrutin. Pour Bryan Alisson du Canada, « nous faisons une inspection des bureaux, du matériel, du processus, pour nous assurer que tout est prêt »

Les observateurs n’ont pas un pouvoir d’intervention. Il ne leur est pas permis de donner des instructions. Ils s’imprègnent du code électoral et suivent les travaux en y tenant compte. « Nous n’allons pas au delà de l’observation, mais si nous remarquons des faits qui sont de nature à entraver le scrutin, nous le signalons » a dit Arnaud M. Bringa de Centrafique.

Observer, c’est attester de la régularité de l’élection. Il ya des éléments qui permettent de mesurer, de se prononcer sur l’authenticité, la transparence, et comme « on ne peut pas danser et s’apprécier », il est important selon Bruyan Alison « d’avoir un regard extérieur, pour un jugement objectif ». Cependant, insiste M. N Zaba, observer n’est pas déprécier. Il s’agit de dire les choses telles qu’elles se présentent et surtout d’éviter de s’accrocher au sensationnel. Il faut faire ressortir aussi ce que le scrutin a de positif ; car, soutient-il, « ces observations peuvent influencer d’autres pays et les inciter à faire autant. » .

Quelques jours pour apprécier un processus aussi long complexe et variable que l’élection paraissent insuffisants.

Indépendance et crédibilité

Les observateurs soutiennent que c’est une question de volonté et d’expérience.

Certains sont d’ailleurs présents au Burkina Faso depuis la période de la campagne électorale. Afin de garantir leur indépendance, les autorités électorales ne prennent aucun observateur (nationaux et internationaux) en charge. Pour cette présidentielle, la CENI, par lettre d’accréditation leur permet de se déplacer et de travailler librement, avec l’assistance et la protection des autorités civiles et militaires. Ailleurs, affirment-ils « il arrive qu’on mette à notre disposition un guide et un véhicule. Mais se prendre en charge nous permet de travailler en toute indépendance » disent-ils unanimement. « Cela y va de la crédibilité et de l’impartialité du jugement que nous allons porter ».

Les observateurs détiennent toutes ces informations. C’est d’ailleurs leurs structures respectives qui sollicitent leur participation à une élection. Leur requête peut être refusée. Les délégations sont parfois importantes et cela pèse lourd en terme de budget.

« Cela rentre dans le cadre de nos programmes et nous bénéficions du soutien de nos partenaires », a déclaré M. Siaka Coulibaly du FOSCAO.

L’Afrique est en train de s’approprier une culture qui n’est pas la sienne. Aussi, a-t-elle besoin d’être accompagnée. C’est le sens que les observateurs donnent à leur mission. Sur notre continent, « les élections sont le point de départ de plusieurs conflits. Nous avons donc le souci de préserver la paix et la sécurité » a ajouté M. Coulibaly. Mlle Noélie Sawadogo du Burkina abonde dans le même sen : « Notre présence dans ces bureaux de vote évite les dérapages, et appelle à la retenue ». « Mais, « ce qui se passe avant ou après nous, ne nous implique pas ». a- t- elle précisé. L’enjeu d’une élection est grand et chaque acteur a un rôle à jouer. Les observateurs s’offusquent d’être traités de touristes. « c’est ceux qui ne veulent pas entendre les recommandations que nous leur faisons qui pensent ainsi. Les gens quand ça les arrange c’est bon ; quand ça ne les arrange pas ce n’est pas bon ». a dit M. N Zaba du Togo.

« Nous ne sommes pas des touristes, le touriste, c’est celui qui regarde ce qui lui plaît ». Nous, nous regardons partout et rédigeons un rapport en fonction de nos éléments d’appréciation.

Assétou BADOH
Gladys Ouédraogo (stagiaire)
Sidwaya

P.-S.

Voir notre dossier :
Présidentielle 2005

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