Tout d’abord, cette anecdote. En marchant, la veille du scrutin, dans une rue
de Dori, nous avons rencontré un jeune homme avec un poster de Norbert
Tiendrébéogo du FFS. Cela nous a surpris, puisqu’avant d’y venir, on nous
avait surtout parlé de l’implantation du CDP, du PDS et du PDP/PS. Alors,
nous avons tout de suite cherché à savoir si le patron du FFS était son idole.

Non, nous a-t-il répondu. Menuisier de profession, on le lui avait remis pour
qu’il l’encadre avec du bois. Sinon, nous a-t-il indiqué, il était du PDS et
voterait pour Philippe Ouédraogo. C’était l’anecdote. A présent,
intéressons-nous aux principaux acteurs politiques du Sahel.

Le premier
d’entre eux à s’exprimer, c’est Ousseni Maïga, directeur de la campagne
présidentielle du CDP à Dori. Il s’est exprimé en ces termes : "Nous pensons
que nous allons faire d’une bouchée nos concurrents.
Ils ne font pas du tout le poids. Vous me direz la suite demain, si j’ai raconté
des histoires ou pas. Je ne donne à aucun d’eux 2% ici. Notre force, c’est
notre organisation. Et comme on dit, nous avons aussi nos moyens.

L’organisation associée aux moyens, plus des hommes compétents et
déterminés à vaincre, les résultats ne tarderont pas".
De son côté, Hamma Arba Diallo, député du PDS et fils influent du Sahel, a
avancé : "Nous pensons que ce soir tout ce qu’on a raconté sur le Sahel ne
va pas être confirmé par les urnes. Les leçons de ce soir seront suffisantes
pour que les tenants du pouvoir ne dorment pas sur leurs lauriers, parce qu’il
n’y a que des épines ici. Les gens ont raconté des histoires sur les Sahéliens.

Mais les Sahéliens sont à même de faire la part des choses. Le jour où le
gouvernement, que ce soit celui du CDP ou d’un autre parti, sera prêt à
prendre en compte leurs préoccupations, nous, nous considérons que ce
jour-là, les gens viendront et trouveront qu’il y a de la part des Sahéliens la
volonté de se mettre à 100% derrière un leader qui a à coeur de les aider à
résoudre les problèmes fondamentaux du Sahel. Des problèmes qui
rejoignent d’ailleurs, pour une bonne partie, ceux du monde rural de notre
pays".

Dans ce face-à-face visible entre le CDP et le PDS, il ne restait qu’un
représentant du PDP/PS pour jouer au modérateur et envisager une victoire à
long terme de son parti. Ce représentant, c’est Tidiani Ba, président de la
section PDP/PS de Dori. Il a vu les choses de cette façon : "Le parti
majoritaire (CDP) dispose de moyens colossaux que nous, nous sommes loin
d’avoir. Mais comme le peuple a déjà commencé à être aguerri et la
démocratie à être enracinée, nous espérons poser les jalons.

Quand le
peuple sera instruit, il connaîtra bien les programmes et il votera selon les
programmes et non selon les feuilles (...). A part le candidat du CDP, nous ne
craignons pas les autres concurrents, parce que notre parti est le premier de
l’opposition ici depuis le temps du MLN".
C’est dans ces conditions donc que les acteurs politiques attendent ici le
décompte des suffrages. Nous ne pouvons cependant pas nous empêcher
de poser la question : qui de Blaise Compaoré et de Philippe Ouédraogo
s’imposera dans le Sahel ?

Par Grégoire B. BAZIE, envoyé spécial à Dori

Le Pays