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Ouahigouya : Faible affluence, forte influence

Publié le lundi 14 novembre 2005 à 08h25min

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C’est dans le calme que les électeurs de le ville de Ouahigouya se sont rendus aux urnes pour désigner le futur président de la République. Jusqu’à 14 heures (heure à laquelle nous bouclions le présent article), le scrutin a été marqué par une faible affluence des électeurs et de nombreux groupes d’influence nous ont été signalés dans de nombreux bureaux de vote.

7h30, bureau de vote n°3 du secteur n°02. Une Poignée d’électeurs constituée en majorité de femmes est religieusement alignée devant le bureau de vote. Une vieille femme de 73 ans, frappée de cécité, à la démarche claudicante, vient d’arriver. Elle est accompagnée d’une autre femme plus jeune et bien bâtie. Par respect pour son âge et par compassion pour son infirmité, les électeurs lui accordent la priorité. Après vérification de son identité, la vieille femme rentre dans l’isoloir avec son accompagnatrice. Le bulletin dans l’urne, elle vient d’accomplir son devoir civique.

Au bureau de vote n°02, point d’électeurs. Les membres du bureau de vote se tournent les pouces. Les électeurs se font désirer. Un tour dans d’autres bureaux de vote nous confirme la triste réalité : l’affluence devant les bureaux de vote à Ouahigouya est désespérément faible. "Tout se déroule dans le calme et je crois que cela est dû au manque d’affluence", constate Germain Ouédraogo, directeur d’une troupe culturelle.

Le bout de l’index noirci par l’ancre indélébile, il se lance dans un pronostic : "Je crois qu’il y aura un second tour et c’est ce que beaucoup de gens souhaitent à Ouahigouya". Un pronostic diamétralement opposé à celui du président de l’Alliance pour la Démocratie et la Fédération/Rassemblement démocratique Africain (ADF/RDA), Gilbert Noël Ouédraogo, qui vient de voter dans un bureau vide d’électeurs : "Le résultat va tendre vers 100% pour le candidat Blaise Compaoré, car le travail a été fait comme il faut et les forces qui comptent ont appelé à voter Blaise Compaoré". Au même moment, un groupe de journalistes peste contre la CENI qui leur a refusé le droit de voter dans leurs lieux de mission.

Au grand marché de Ouahigouya, où nous nous sommes rendus plus tard, rien ne semblait indiquer un jour de scrutin. Les étales étaient grand ouverts devant des commerçants qui scrutaient l’horizon à la recherche de clients : "A quoi bon aller voter quand on sait que quel que soit le vainqueur, rien ne va changer ?" s’interroge H.B, vendeur de marchandises diverses. Pour les observateurs indépendants du Collectif des organisations des personnes handicapées pour l’observance démocratique (COPHOD), Abdoulaye Warmé, Alexandre P. Ouédraogo du MBEJUS et Chrisotome Méda du Groupe d’étude pour la recherche sur la démocratie et le développement économique et social (GERDDES), le constat est unanime : "Il n’y a pas d’affluence devant les bureaux de vote que nous avons observés". Toutefois, M. Ouédraogo a souhaité voir les électeurs prendre d’assaut les bureaux de vote dans l’après-midi.

Dans les bureaux de vote n°1, 2 et 3 du secteur n° 06, le coordinateur de la Convergence pour l’Espoir (CE), parti sankariste, Dramane Sy, a parlé de la présence de groupes d’influence du parti du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP). De groupes d’influence, nous n’avons pas pu vérifier la présence mais de petits attroupements étaient perceptibles devant les bureaux de vote.

Toutefois, à l’école du secteur n° 13 qui abrite au moins 5 bureaux de vote, nous avons pu constater la présence d’un véhicule de marque Opel et de couleur bleue, qui distribuerait des cartes d’électeur. "Moi qui vous parle , nous raconte un interlocuteur qui a souhaité garder l’anonymat, j’en ai les preuves ; on m’a appelé et on m’a remis une carte d’électeur et un acte de naissance, tous au nom d’un certain Ouédraogo Mocktar, et on m’a dit de voter Blaise Compaoré. Après le vote, ils ont retiré la carte ; ils m’ont d’abord proposé 100 F, que j’ai refusé, puis ils ont augmenté à 450 F, que j’ai accepté".

Dans le village de Touzagué (village situé à 5 km de Ouahigouya), les mêmes constats ont été signalés. Dans un bureau de vote situé au secteur n° 10, un confrère nous a signalé la présence d’un militant CDP avec un spécimen de bulletin de vote, en train de donner des consignes de vote. Au bureau de vote n°1 du secteur n° 02, une femme est venue avec une carte d’électeur et un acte de naissance qui ne lui appartennaient pas. A la question du président du bureau de vote sur l’origine des documents, elle a répondu : "On nous a emmenés dans une cour. Il y avait des cartes d’électeur et des actes de naissance. C’est là qu’on nous les a donnés". La dame a été entendue par la police et ensuite elle a été relâchée, mais les documents incriminés ont été saisis. Cette situation a créé des tensions entre les délégués du FFS, du CDP et la dame.

Alain St-Robespierre

Observateur Paalga

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