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Campagne électorale : Fini le cinéma, place à la vérité des urnes

Publié le samedi 12 novembre 2005 à 09h52min

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Dans vingt-quatre heures, les rideaux seront quasiment tirés sur la campagne 2005 pour la présidentielle. Plus que soixante-douze heures pour l’examen final qui désignera lequel des 12 (ou 13 candidats) sera le plus apte, électoralement parlant, à tenir la barre du navire Burkina jusqu’en 2010.

Depuis, chaque candidat a solidement chaussé les lunettes colorées de ses ambitions, attendant fiévreusement ce grand exercice manuel des électeurs que mettra, une fois de plus, en exergue cet adage des anciens : "Vox populi, vox Dei".

Au cours de cette campagne que certains pays semblent envier, l’on n’a pas complètement pataugé dans la gadoue, mais des piques n’ont pas manqué, et pour lesquelles le Conseil supérieur de la communication a courageusement effectué une mise en garde. L’on comprend pourquoi certains observateurs ont estimé que certains individus n’avaient réellement pas leur place dans la partie qui se joue. Ne dit-on pas que la politique est un art exigeant psychologie, finesse et, surtout, mesure ?

L’on aura, tout au long de ces journées harassantes, qui ont chacune apporté une overdose d’illusions aux électeurs, vu des candidats flirter avec le rêve, tenté de bousculer les limites du possible et du réalisable, déclarant que demain ne serait plus pareil s’ils étaient élus. Des déclarations signifiant pour nombre d’électeurs un véritable saut dans l’inconnu que rien ne peut les pousser à effectuer. Mais il y aura toujours des utopistes pour penser que l’on peut assécher les océans avec des serpillières. Les slogans faussement rassurants ont encore de beaux jours devant eux...

Globalement, les débats n’étaient pas nouveaux et tournaient tous autour du développement avec ses problèmes récurrents : santé, éducation, autosuffisance alimentaire. Les différences, voire les désaccords, portent en fait davantage sur les méthodes que sur les objectifs. Et c’est là que le bât a blessé : des candidats en ont profité, allègrement, semant la confusion. Il a aussi été fait cas d’une certaine collusion du monde des affaires avec le pouvoir.

S’il y a lieu de reconnaître que dans un pays qui tente de se frayer une voie vers la démocratie, la suffisance de nouveaux riches peut choquer, il faut cependant admettre que c’est généralement le lot du processus qui devrait aboutir, à plus ou moins long terme, à une maîtrise par la majorité de ses droits et devoirs, ce qui effacerait conséquemment cet antagonisme entre légalité et efficacité que l’on place souvent au-devant des choses...

Où passe la frontière entre les débats politiques en période de campagne électorale et le spectacle ? Telle est la question qui revenait depuis que par monts et par vaux du Faso, les 12 candidats en lice sont partis à la pêche aux voix. Tandis que certains ont tenté de se présenter comme les meilleurs remparts contre ce qu’ils qualifient d’aventurisme du parti au pouvoir, la majestueuse caravane électorale de celui-ci poursuivait son petit bonhomme de chemin. Du beau spectacle pour certains, ahurissant, voire écoeurant, pour d’autres !

Contrairement à certains candidats qui ne croient pas au tapage soit par défi, soit par dépit ou mépris, le candidat du CDP a mené ce qu’il est convenu d’appeler une ’’campagne à l’américaine’’, avec tout ce que cela comporte comme avantages et inconvénients : entre la montgolfière sillonnant les cieux du Faso et les lourds tout-terrain, de la médiatisation tous azimuts au porte-à-porte suggestif, l’on a eu droit aux gadgets les plus hétéroclites. Vive la globalisation !

Et pour être dans l’air du temps, de grandes affiches ont été placardées sur certains kiosques appartenant au Pari mutuel urbain. L’on dit généralement que derrière toute propagande se cache un tas d’or. Certains opérateurs économiques en auraient profité pour remettre leurs affaires à flots.
Le droit à l’image aura pris un sacré coup, mais le candidat espère en retirer les royalties le 13 prochain.

La rumeur affirme que celui-ci a souhaité que les articles portant son effigie soient cédés à des prix abordables. L’abondance des partisans aura cependant fauché l’herbe sous les pieds des éternels trafiquants d’influence du parti majoritaire qui ont vu les dotations diverses auxquelles ils étaient habitués se réduire : de sources proches des premiers intéressés, l’on aurait privilégié les influences réelles sur le terrain. L’objectif semble clair : arracher la victoire dès le premier tour.

La débauche d’énergie et de moyens aura surtout été marquée dans les grands centres urbains où l’on n’a pas oublié ce que les sportifs d’ici appellent ’’environnement psychologique’’. Un autre spectacle, qui donne à voir, presque chaque jour que Dieu fait, des sacrifices à certains carrefours et coins de rues, sans qu’on puisse dire avec exactitude en faveur de qui ou contre qui ont-ils été effectués ! C’est vrai que sous les tropiques le mystère régit toute existence...

Le marathon électoral tire vers sa fin et, bientôt, chaque électeur se retrouvera pleinement seul dans l’isoloir afin de désigner le ’’grand solitaire’’, le vainqueur du 13. Car solitaire il le sera après sa victoire, puisque ce sera lui l’élu du suffrage universel, seul à la tête de l’Etat. Et pour réussir il aura besoin d’une équipe dynamique, compétente et, surtout, loyale. Une autre paire de manches à suivre.

A. Pazoté

Journal du jeudi

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