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Laurent BADO : “Je m’en fous de vos voix”

Publié le vendredi 11 novembre 2005 à 08h18min

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Les convenances en politique n’ont nullement déteint sur le langage du professeur BADO. Le candidat à la présidentielle de novembre prochain, pour atypique qu’est l’homme, aura surpris plus d’un de par ses propos « non conventionnels » pour quelqu’un qui cherche à s’attirer des suffrages.

Pendant que les autres compétiteurs se fendent en paroles dithyrambiques pour flatter les électeurs, lui se fiche de ce qu’ils lui apportent ou pas leurs voix ; sa seule satisfaction, c’est de pouvoir leur annoncer « l’apocalypse » qui surviendrait au pays s’ils n’ont pas la lucidité de le porter à la tête de l’Etat.

Que l’on vote pour lui ou pas, le candidat BADO Laurent s’en « gnagne » ! L’homme n’a aucunement châtié son expression pour aborder les électeurs. Partout où il est passé pour la campagne présidentielle, sa vulgarité dans l’expression, ce qui plait du reste, se la dispute aux propos apocalyptiques qu’il tient tel un illuminé à son auditoire. « Je suis simplement venu vous dire que notre pays court un danger et je viens vous donner la voie à suivre pour l’éviter ». Y’a-t-il message plus fort que cela ?

On a en tout cas l’impression que le candidat BADO a opté de marteler les esprits, d’agresser la conscience ou de titiller le subconscient des électeurs pour les forcer au dernier sursaut de lucidité qui les amènerait à ne mettre dans l’urne, le 13 novembre prochain, que des bulletins de vote à son profit.

Ceux qui n’auront pas compris la subtilité du langage ont vite cru que le Professeur BADO, comme il l’a toujours clamé, n’a que faire du pouvoir des hommes, lui qui dédaigne les plaisirs de ce monde. Erreur ! Comme dit dans la pub. L’homme a sa méthode pour atteindre ses fins. Pourquoi devrait-il faire comme les autres ?

Les « balivernes » politiques ont lassé les gens ; il faut à leur endroit une autre approche et celle qu’il a adoptée a fait ses preuves dans d’autres domaines. Par exemple, les églises et mosquées ne se vident-elles pas souvent au profit de certaines « tavernes » dont les tenanciers usent à merveille de la rhétorique apocalyptique ?

L’électeur est averti. Pour BADO Laurent, sans lui et son tercérisme au pouvoir, le Burkina, dans les sept (07) à dix (10) années à venir, connaîtra la catastrophe ; il ne sera pas à l’abri de ce qui se passe ailleurs sur le continent : guerre civile, crise économique, généralisation du banditisme...

La panacée que compte apporter le futur président BADO pour exorciser la tendance funeste tire ses fondements du grégarisme africain qui allie harmonieusement liberté individuelle d’entreprise et solidarité communautaire ; des principes séparément magnifiés par les idéologies capitalistes et socialistes.

Le père du tercérisme fera-t-il mouche par son langage qui tranche d’avec celui de ses adversaires dans la course présidentielle ? C’est certainement le plus grand mal qu’il se souhaiterait secrètement même si le sondage du CGD ne le crédite pas de grandes chances, lui qui est en mesure en un laps de temps d’apporter la prospérité au Faso. Des idées pour bâtir le Faso, il en est plein ; c’est pourquoi d’ailleurs il a toujours prôné la « politique des idées » et non celle du ventre et des intérêts égoïstes.

Ainsi à toutes les étapes de ses rencontres avec les populations, il soutient ceci : « Je ne suis pas venu parler à vos ventres. Je suis venu parler à votre intelligence ». Car pour lui, ce sont les peuples qui font leur histoire et quand les dés de l’histoire d’un peuple tombent, il faut des échines fortes pour se courber et les ramasser. Et c’est ce que son parti le PAREN ambitionne de faire en rassemblant femmes et hommes de bonne moralité qui croient en l’homme, à la transcendance de l’être sur l’avoir, à l’indissociabilité de la liberté et de la solidarité pour une société de paix, de justice et de fraternité. Ce message a-t-il convaincu, le résultat du 13 novembre nous le dira. Une chose est sûre, Laurent BADO est convaincu que son programme de gouvernement est quantifiable, mesurable, mais surtout, inattaquable par ses adversaires.

Tout au long de la campagne, l’homme a refusé de céder à la tentation des promesses électorales quand bien même son projet de société, selon lui, est la seule alternative pour sortir le Burkina Faso de la pauvreté. Il fait de l’agriculture la locomotive de l’économie nationale. Le secteur sera prioritaire, dynamisé avec une nouvelle politique agricole qui conduira à l’installation des jeunes ruraux en communauté de production agropastorale de 10 ou 15 membres. Le retour aux valeurs ancestrales positives, à l’identité culturelle burkinabè est une condition sine qua non pour le professeur candidat pour la mise en œuvre adéquate de son Tercérisme.

Les questions de l’eau, du chômage, de la santé, de l’éducation, de l’habitat et la voirie urbaine, de l’administration, de la Fonction publique, de la justice, de la défense nationale, etc. font parties d’un schéma qu’il mettra en œuvre si, comme il le dit lui-même, par hasard, il est élu au soir du 13 novembre. C’est dire qu’il est quelque part convaincu qu’il ne sera pas plébiscité par les Burkinabè, mais pour lui, peu importe. L’essentiel c’est qu’il aura prévenu son peuple de ce qui l’attend : l’enfer.
Pour une campagne atypique, celle du professeur BADO, l’est assurément.

Point de grands tapages mais des propos centrés sur un message clef : ne pas voter BADO Laurent, c’est ouvrir l’enfer sous les pieds des Burkinabè. Dans quelques jours, ceux qui ont entendu et qui ont été pénétrés par ces paroles « prophétiques » pourront soit pousser un ouf de soulagement ou alors... commencer le compte à rebours. Toujours est-il que tous les Burkinabè seront heureux si sa prédiction finissait comme celle de tous ces illuminés qui ont prévu pire que cela et depuis des lustres.

Par Frédéric ILBOUDO
L’Opinion

P.-S.

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