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UEMOA : Le ver est-il dans le fruit ?

Publié le jeudi 15 janvier 2004 à 07h05min

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L’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a
marqué de bons points le 10 janvier, à la célébration de son 10e anniversaire.

Malgré la conjoncture sous-régionale observée
ces dernières années, l’Union a oeuvré à mettre en chantier son
dispositif institutionnel et politique. Elle a cependant souffert des
controverses et a failli même perdre des plumes face aux crises
qui ont secoué certains de ses Etats membres. Aujourd’hui,
l’UEMOA peut se vanter d’avoir tenu la route pendant une
décennie, malgré les turpitudes de ses détracteurs. Elle est en
vérité un symbole d’intégration dont les ambitions sont louables.

Mais cette union, prônée à cor et à cri, a du mal véritablement à
prendre forme et à s’inscrire dans la réalité quotidienne des
populations. L’intégration économique et monétaire semble en
effet se construire au sommet, au détriment des citoyens à la
base censés être des acteurs fondamentaux de cette
dynamique.

Il est illusoire de vouloir réaliser une union sans
une participation pleine et entière des populations. Aussi, faut-il
que le terrain interne à chaque Etat soit balisé, de sorte à le
rendre fertile à la lettre et à l’esprit de l’intégration
ouest-africaine.

Dans cette optique, les pays membres de
l’UEMOA devraient faire preuve de bonne gouvernance
économique, politique et sociale. A l’évidence, la libre circulation
des biens et des personnes, de même que le droit
d’établissement consacrés par le Traité constitutif, seraient un
leurre sans cet impératif majeur.

La Côte d’Ivoire l’a d’ailleurs
appris à ses dépens, elle qui, pendant longtemps, a brandi le
flambeau de l’"Eléphant d’Afrique", oubliant royalement que la
croissance économique a horreur de l’instabilité. Evidemment,
si le contexte politique et social ne s’y prête pas, le boom
économique peut effectuer une chute souvent vertigineuse. En
clair, la réalisation d’une UEMOA forte et profitable à tous
nécessite une dynamique commune de plusieurs facteurs.

Mais les Etats membres de l’Union réussiront-ils à taire leurs
divergences et à surmonter leurs intérêts personnels afin de
s’inscrire dans cette logique ? Rien n’est moins sûr. Dix ans
après avoir été portée sur les fonts baptismaux, l’UEMOA peine
à appliquer ses propres textes. Si bien qu’on se demande si elle
dispose réellement d’un mécanisme d’exigences et de
sanctions vis-à-vis de ses membres.

Adhérer à une union
sacrée de développement telle l’Union économique et
monétaire ouest-africaine implique nécessairement, le respect
des principes et un engagement ferme à s’inscrire dans la
dynamique collective. Sinon, l’UEMOA, contrairement à l’espoir
suscité aux premières années de sa création, risque de
présenter des symptômes de morbidité et d’inactivité.

Certains analystes estiment que la politique de l’Union a été
mal ficelée dès le départ. Il fallait, disent-ils, définir au préalable
des règles claires, conditions sine qua non d’adhésion des
Etats volontaires. Cela aurait eu l’avantage de codifier les règles
du jeux et de fouetter convenablement l’élan des pays membres
dans le sens de l’intérêt monétaire et économique
sous-régional. Mais les concepteurs de l’UEMOA semblent avoir
mis la charrue devant les boeufs.

Toutefois, il faut éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain. Dix
ans après le baptême du feu, il importe de redéfinir l’arsenal
des priorités. Les pays de l’UEMOA ont donné le ton le 10
janvier. Mais réussiront-ils à aller au-delà des discours pour
traduire, enfin, dans le champ du concret, leurs ambitions ? Le
président de la Commission, Moussa Touré, a cédé la place au
Malien Soumaïla Cissé. Le nouveau maître du jeu doit oeuvrer
de façon indéfectible à balayer les considérations mesquines et
divisionnistes sur les chemins de l’Union.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : une telle oeuvre implique un
engagement de tous les acteurs sans exclusive. La
complaisance doit absolument faire place à la rigueur
intellectuelle et à l’esprit d’équipe. C’est un impératif de bonne
gouvernance.

Et l’UEMOA doit en faire son credo si elle veut être
un réel acteur de l’intégration sous-régionale. La leçon est aussi
valable pour les autres organisations ouest-africaines. Pour que
volent enfin en éclats, les considérations du genre "UEMOA,
CEDEAO, des machins de plus" .

Le Pays

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