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Election Présidentielle : Un second tour pour sanctionner Blaise Compaoré

Publié le mercredi 9 novembre 2005 à 08h01min

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Des élections présidentielles se sont déroulées chez nos voisins (Mali, Ghana, Bénin, Niger, etc.) avec un second tour pour départager les deux principaux challengers. Pourquoi n’envisage-t-on pas la même situation au Burkina ? Cela pourrait reléver de l’utopie si l’on veut argumenter sur la possibilité d’un second tour compte tenu de la disproportionnalité des forces en présence sur le terrain.

Mais ce que l’on a remarqué jusque-là pour les grandes foules du candidat Compaoré ne permet pas de sous estimer les petites foules qui dans leur sommation sont peut-être répresentatives. A défaut de bousculer le candidat Compaoré pour un second tour, certains opposants feront des scores plus honorables que ceux du sondage de l’institution du Professeur Loada.

Blaise Compaoré ne veut pas d’un second tour
Le premier fait est que le pouvoir a oeuvré à détruire politiquement Me Hermann Yaméogo qui était présenté longtemps comme le principal challenger de Blaise Compaoré. Si Me Yaméogo arrivait à la présidentielle avec l’ADF/RDA d’antan, le jeu aurait été plus intéressant. Mais il a été dépouillé avec une force de frappe réduite qui ne lui a pas permis d’aller à la présidentielle. Pendant ce temps son destituteur, Me Gilbert Ouédraogo bat campagne aux côtés de Blaise Compaoré.

Pourtant l’ADF/RDA qui était la première force de l’opposition aurait pu engranger un score qui compliquerait davantage la tâche au candidat Compaoré. Le deuxième fait a consisté à donner de l’argent à deux opposants (Paré et Bado) qui aux yeux des Burkinabè étaient crédibles. Cette affaire qui a été finalement dévoilée au grand public, devrait entamer la crédibilité de ces présidentiables.

Mais cet objectif ne sera pas atteint parce que M. Bado semble être l’un des opposants les plus écoutés dans cette campagne. Par conséquent, son score pourrait surprendre plus d’un observateur. Le dernier fait est l’éxhibition des moyens dans cette campagne. Pourquoi le candidat Compaoré investit-il des milliards dans une élection sans enjeu ?

Le président Compaoré entend écraser tout sur son passage en dissuadant ses advervaires et les Burkinabè par ses moyens, sa machine électorale. Le candidat Compaoré et son parti connaissent la mentalité des Burkinabè. En effet, ils savent qu’un seul gadget et des promesses suffisent pour que des Burkinabè lui fassent confiance. Malgré le sondage qui donne une longueur confortable au candidat Compaoré, il faut reconnaître certains opposants fouinent aussi les localités du Burkina. Au soir du 13 novembre, ils seront nombreux les opposants qui contrediront sur le terrain ce sondage.

Un vote sanction en perspective

Si les Burkinabè tenaient au respect des règles démocratiques, ils devaient sanctionner le candidat Compaoré pour sa volonté farouche de rester au pouvoir après 18 ans de règne. De ce fait, le président Compaoré est en train d’installer un pouvoir à vie. C’est inadmissible que les Burkinabè veuillent donner des léçons de démocratie à Laurent Gbagbo, alors qu’ ils ont un président inamovible. Les Burkinabè devraient sanctionner le CDP pour ses comportements de parti unique (politisation de l’administration).

Les épris de justice devraient sanctionner le candidat Compaoré pour n’avoir pas donné une issue heureuse au dossier Norbert Zongo qui dure depuis sa reélection en 1998. Il l’a promis plusieurs fois, mais il n’a pas tenu parole. Aussi les Burkinabè s’étaient-ils rendu à l’évidence qu’il n’y aura pas de justice pour Norbert Zongo sous ce régime. Pourtant, il veut rebelotter pour cinq ans et même plus. Serait-il éxagéré de dire qu’il a le temps d’enterrer ce dossier ? Par conséquent, le 13 décembre 2005 quel engagement allons-nous prendre sur la tombe de Norbert Zongo ?

Sur un autre registre, les populations qui ont connu l’invasion acridienne et la famine pourront-elles comprendre qu’au moment de leur détresse le gouvernement attendait l’aide extérieure pour leur venir au secours et qu’aujourd’hui c’est en hélico que le candidat Compaoré vient les voir avec des tee-shirts, des casquettes, etc ? Les travailleurs dont les usines se meurent à Bobo-Dioulasso peuvent-ils entendre l’appel du candidat Compaoré quand il dit venir leur parler d’avenir ?

Les travailleurs du Burkina qui sont en lutte peuvent-ils admettre que le gouvernement leur demande de serrer la ceinture devant tout ce gaspillage dans la campagne électorale ? Peuvent-ils accepter que le gouvernement ne reçoive pas leurs responsables parce que préoccupés par la campagne électorale ?

Au total, le président sortant a beau avoir les moyens, il ne les utilise pas pour soigner les malades ou nourir les affamés ou augmenter les salaires des travailleurs, etc. L’argent de Blaise sert à corrompre ceux qu’il craint, à fabriquer des gadgets pour flatter ceux qui ne comprennent pas l’utilité de leur vote. Si les Burkinabè comprenaient assez de choses dans ce pays, il existe des raisons suffisantes pour sanctionner Blaise Compaoré et son régime.

De façon réaliste, ce qui n’a pas été fait en 18 ans est-il faisable en cinq ans ? Du moment où quelle que soit la volonté des gouvernants, ils ont un slogan qui leur est cher : « Notre pays n’a pas de ressources, l’Etat ne peut pas tout faire ». Dans sa campagne, le candidat Compaoré a promis de construire des Collèges d’enseignement général (CEG) dans plusieurs départements (pour ne pas dire tous).

La vérité est que ceux qui existent n’ont pas de professeurs. Aussi les écoles prévues dans le cadre du programme décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB) sont-elles soit mal construites, soit inachévées, soit finies sur le papier. C’est cette routine qui marquera le prochain quinquennat de Blaise Compaoré.

Nabi Youssfou

L’Indépendant

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Vos commentaires

  • Le 9 novembre 2005 à 08:54, par Sidkyèta En réponse à : Ah ! Ces intellos !

    Vous raisonnez bien ! Vous mélangez tout ! Mais au moins vous êtes la preuve que Blaise a fait du bon travail : vous vous exprimez sans problèmes, vous vous opposez comme vous voulez !

    Cependant, pour revenir au dossier Zongo,celui du fondateur de votre journal, c’est de bonne guerre ! Je me réjouis plustôt pour tous que Blaise n’intervienne pas pour trouver une issue à ce dossier, assurant ainsi aux yeux de tous l’indépendance de la justice ! S’il le faisait, vous diriez pourquoi une justice qui marche au pas de l’exécutif n’est-ce pas ?

    Voilà pourquoi, malgré les imperfections qui ne peuvent dépendre de Blaise seul, notre démocratie doit continuer en se corrigeant, et non par des arrêts brusques comme ceux des états d’exception ou des alternances formelles ! Ensemble nous pouvons améliorer !

    • Le 9 novembre 2005 à 15:29 En réponse à : > Le malheur ne connaît pas la ségragation

      Mon cher. La banalisation du malheur des autres à ceci d’intéressant qu’il prépare le lit du votre. Ce n’est pas seulement la famille, ni les amis de Norbert qui ont intérêt à ce que le dossier connaisse une évolution de droit. Votre amitié pour Blaise ne vous met pas à l’abrit de situations de cette nature. Vous savez, David Ouédraogo, dont la mort a provoqué la réaction d’indignation de Norbert Zongo, au point d’y laisser sa vie, était aussi un grand ami des Compaoré. Il était prêt à donner sa tête, comme vous le faites présentement, pour Blaise et sa famille. Dans un pays ce ne sont pas les bonnes rélations qui protègent, mais les bonnes lois et les bonnes institutions impartiales. Mais tout ça je sais, ne vous dira rien. Mais qui sait demain ?

      un burkinabè

      • Le 9 novembre 2005 à 16:42 En réponse à : > Le malheur ne connaît pas la ségragation

        Mon cher, je ne vous comprends vraiment pas. Je ne sais pas pourquoi vous vous en prenez à quelqu’un qui constate comme tout le monde que Blaise n’a pas à mettre la justice au pas pour qu’elle trouve une issue au dossier Norbert Zongo. C’est un fait, la justice étant indépendante (ou supposée comme telle) ne doit pas se presser parce que le PF veut enlever une épine de son pied. Vous qui pensez que notre justice est aux ordres, applaudiriez vous vraiment et sincèrement si Blaise arrivait à faire pression sur la justice pour qu’elle trouve une issue à ce dossier pendant ? Je vous imagine déjà vous agiter si cette issue n’est pas dans le sens que vous souhaitez. Blaise se sera jeté droit dans la gueule des loups affamés que vous êtes.
        En quoi votre interlocuteur s’est-il moqué du malheur de la famille Zongo et de celui du peuple Burkinabè dans sa large majorité ?
        De grâce !

        • Le 9 novembre 2005 à 22:30, par Un Burkinabé de France En réponse à : > Le malheur ne connaît pas la ségragation

          Que la apatrides se taisent une fois pour toutes. Vous êtes des lêche-bottes de Blaise COMPAORE, soit. Mais tout le monde ne l’est pas. Vous vous félicitez du fait que Mr Compaoré n’intervienne pas dans le dossier Norbert Zongo. Ce que vous feignez oublier, c’est que la CEI a désigné six sérieux suspects en son temps, tous curieusement de la garde rapprochée du président ; de plus, David Ouédraogo était le chauffeur du "petit président". Qu’a fait la justice à propos de ces suspects ? Que sont-ils devenus d’ailleurs, les Marcel Kafando, Edmond Koama et compagnie ?
          Commettez la moindre erreur et Blaise Compaoré vous supprimera, lêche-bottes que vous êtes. Ils sont nombreux qui s’en mordent les doigts aujourd’hui. Evitez pareils écrits à nous Burkinabé de l’étranger. Le Burkina n’est ni le Togo, ni le Zaîre du vivant de Eyadéma ou de Mobutu.

          • Le 10 novembre 2005 à 10:05, par Un Burkinabè vivant au BF et ne se sentant pas moins patriote que celui vivant en France En réponse à : > Le malheur ne connaît pas la ségragation

            SVP, M. le patriote (de mon Q) vivant en France, que devrais faire Blaise ? Ligoter les suspects sérieux pour aller obliger la justice à les inculper et à les écrouer ? J’ai comme l’impression que vous confondez des torchons et des serviettes. Ce qui m’amène à me demander ce que vous faites réellement en France.
            1- Ce n’est pas la justice qui a désigné les supects sérieux, c’est juste une commission d’enquête indépendante, qui ne fait que donner des pistes à la justice. Les conclusions d’une telle commission sont à confirmer ou à infrmer par une enquête judiciaire, totalement indépendante de celle de la CEI.
            2- Vivant dans le pays des droits de l’homme, même si c’est dans une banlieue indigne, vous avez certainement dû entendre un jour parler de la présomption d’innocence. Si ce n’est pas le cas, je vous apprend que, jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie, un accusé (je dis bien accusé, même pas le suspect) est supposé innocent.
            Je peux peut-être convenir avec vous que la justice ne bouge pas trop sur ce dossier, ou du moins c’est l’impression qui nous est donnée. Cependant, je repose la même question à laquelle vous n’avez pas daigné répondre : que devrait faire le président du Faso pour contraindre une institution censée ne recevoir aucun ordre de lui ?
            Doit-il livrer à la justice des supects sérieux que celle-ci n’a pas demandé ? Doit-il se substituer à la justice pour condamner des personnes dont la culpabilité n’a pas encore été établie (même si cela paraît évident) ?
            Voulons nous d’une justice indépendante oui ou non ?
            Si oui, ce n’est assurement pas en donnant la lattitude au Président de se substituer à la justice.
            Une fois encore, de grâce !

            • Le 10 novembre 2005 à 12:06, par J8 En réponse à : > Le malheur ne connaît pas la ségragation

              Merci je n’ai rien à ajouter comme réponse à ce monsieur patriote qui ignore sa patrie ou qui la fuit. Qu’il aille demander à la CIA ou FBI ou CRS ou Gendarmerie ou...de l’aider à trouver les coupables. Notre président n’est pas là pour poursuivre les suspects. Peut être que ce "patriote" fait partie des coupables et c’est pour fuir la justice qu’il s’est retrouvé dans une banlieu parisienne.

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