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<I>Ddroit dans les yeux </I> : Le cadeau pour le vote n’oblige pas

Publié le mardi 8 novembre 2005 à 08h20min

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Une forme de corruption politique est l’acquisition ou la tentative d’acquisition de votes lors des élections par des cadeaux, de la nourriture ou de l’argent. C’est un crime. Vous n’êtes jamais obligé d’aller jusqu’au bout d’un crime. Prenez le cadeau et votez nul, deux bulletins dans l’enveloppe de vote.

En tout cas, cet argent du cadeau est employé pour le bien personnel au lieu du bien des citoyens. Si vous acceptez le cadeau, cela donne au moins le bien à un des citoyens. Cet argent a peut-être même été détourné du bien commun.
Acceptez-le et votez nul ; ainsi, l’argent est restitué à un citoyen.

On dit : "Mais si vous ne voulez pas voter pour le candidat qui donne l’argent, vous pouvez refuser cet argent". Mais souvent vous ne pouvez pas refuser. Vous ne pouvez pas refuser parce que vous êtes dans la nécessité, vous avez besoin de cet argent. Vous ne pouvez pas refuser car, à cause de votre refus, vous aurez des tracasseries.

Voter nul, c’est un meilleur moyen de refuser le crime. Vous ne pouvez pas refuser car, peut-être qu’on va se venger sur vous ou sur votre famille. C’est ça le Burkina d’aujourd’hui. Votez nul pour dire au président, qu’il faut que cela change. Le vote nul veut dire :
Il faut en finir avec la corruption ;
Il faut en finir avec les rackets surtout sur la route ;
Il faut en finir avec des jugements inéquitables ;
Il faut en finir avec des prix trop bas pour les produits agricoles et pastoraux qui enfoncent les paysans dans la pauvreté ;

Il faut en finir avec des salaires de misère.
Votez massivement nul, deux bulletins dans votre enveloppe de vote, et le futur président saura que le peuple a parlé. Il a déjà dit qu’il veut encore deux mandats. Cette fois-ci, il l’aura, mais la prochaine fois, il faut qu’il change, sinon il ne sera plus président.

Il faut que beaucoup de choses changent, mais commençons avec ces cinq points qui sont la base nécessaire pour construire un avenir meilleur. L’avenir de nos enfants est compromis. Il faut que cela change : la pauvreté augmente, la corruption empêche tout développement. Le ministre Youssouf Ouédraogo a dit à l’ONU que le Burkina a forcé la porte du développement. La langue de bois. La porte est plutôt barricadée. Presque tout le monde est mécontent de ses revenus, mais la peur...
Hier, Michel est venu me voir : m
on Père, qu’est-ce que je dois faire ? Ma belle famille m’a apporté 2 000 F CFA pour une bière et quelques brochettes de viande pour que je vote pour son candidat ; j’étais bien obligé d’accepter. Ensuite un professeur du collège est venu me donner 1 000 F CFA pour boire une bière, pour que je vote pour son candidat. J’ai deux enfants au collège, j’étais bien obligé d’accepter. Hier soir, le chef du village a envoyé quelqu’un pour me donner 1 000 F CFA pour acheter du pain pour les enfants, pour que je vote son candidat. Le chef m’a donné un carré dans le bas-fond pour cultiver du riz. J’étais bien obligé d’accepter, sinon, l’année prochaine, plus de riz.

Mon cher Michel, l’achat de vote est un crime. Vous ne pouvez pas refuser ; alors, profitez de l’argent et votez nul, car il faut que ça change : l’achat de vote aussi est une corruption. Si tout le monde acceptait les cadeaux et si tout le monde ne votait pas pour le donateur, cette corruption d’achat de vote serait finie pour de bon.
Pour l’élimination de cette corruption d’achat de vote, nous n’avons même pas besoin du président, pour chaque cadeau ; un vote nul et c’est fini.

Il y a certainement des gens qui seront mécontents si vous acceptez le cadeau et que vous ne votez pas pour leur candidat. Ils vont même vous accuser d’être malhonnête ; cela ne fait rien. L’achat de vote est un crime et il faut réagir contre ce crime.
Votez massivement nul.

J’ai lu que le revenu d’un député s’élève à plus de treize millions et demi par an et pourtant j’ai vu des gens qui n’ont pas à manger tous les jours et d’autres, qui, dans les termitières, ramassaient du son pour manger. J’ai lu que les députés à ce moment-là ont augmenté leur revenu de plus d’un million et demi par an juste au moment où une épidémie de choléra faisait des ravages dans le pays. Les riches profitent, les pauvres souffrent.
Aidons notre pays, consommons et achetons des produits burkinabè et votons nul. Il faut que cela change.

Bonne nouvelle : à la suite des trafics des produits alimentaires à Ouaga, la société EGF a été poursuivie et son magasin a été mis sous scellé.

F. Balemans
B.P. 332
Koudougou

Le Pays

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