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Présidentielle 2005 : Que le meilleur gagne !

Publié le samedi 5 novembre 2005 à 09h23min

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12 prétendants au fauteuil présidentiel

Le 13 novembre, les Burkinabè iront aux urnes pour désigner le futur locataire de la présidence du Faso. A quelques jours du scrutin les 12 prétendants à ce fauteuil multiplient leurs efforts pour convaincre l’électorat. Qui pourra convaincre, qui pourra mobiliser, qui pourra se faire connaître ?

Selon le sondage du Centre pour la gouvernance démocratique, le candidat du CDP semble être le plus grand favori. Une élection n’étant pas une analyse mathématique, tous les candidats sont de ce fait sur le même pied d’égalité sur le terrain, seul, celui qui aura séduit le peuple par son programme de gouvernement méritera le fauteuil.

Depuis l’avènement de la démocratie au Burkina Faso qui est venue balayer le cortège des coups d’Etats qui ont longtemps endeuillé la classe politique, les Burkinabè ont renoué avec les urnes, la meilleure voie pour conquérir le pouvoir. On se souvient il y a quelques temps encore les élections avaient été boycottées par l’opposition qui avait opté pour la politique de la chaise vide.

Aujourd’hui nos politiciens, même certains radicaux ont compris que cette manière de faire n’était pas la meilleure. L’homme politique doit toujours être à côté de son électorat lors des échéances électorales pour gagner leur confiance. Depuis les législatives de 2002 bon nombre d’opposants l’ont compris. Désormais il n’est plus question de laisser le parti au pouvoir occuper à volonté le terrain électoral. Mais il ne suffit pas d’avoir un grand nombre de candidats pour avoir une élection de qualité. Beaucoup l’ont déjà répété, la quantité ne fait pas forcement la qualité ! La tendance facile lorsqu’il y a trop de voix, c’est d’assister à la prolifération des protagonistes qui n’ont pas réussi à créer une vague porteuse, celle qui mobilise et met en ébullition les grandes foules.

Preuve que nos partis doivent revoir leur approche des masses. Le déroulement des contacts candidats-populations se passe souvent sans présentation d’un programme de gouvernement. La plupart des candidats passent leur temps à remettre en cause le programme de Blaise Compaoré sans pour autant proposer un programme de meilleure qualité. Leur campagne pour eux consiste à faire la mauvaise publicité de Blaise Compaoré et de son CDP.

Attention aux discours surréalistes

Une campagne électorale oblige d’être constamment sur la brèche, d’avoir potassé avec sérieux les dossiers et de savoir vanter le résultat de ses réflexions au citoyen qui doit opérer un choix. Depuis le début de la campagne, les différents candidats de l’opposition promettent aux Burkinabè de construire pour eux le Burkina de leur rêve.

Dans l’esprit de nos politiques, la campagne s’apparente à un battage et à des injures distillées ça et là. Chaque candidat possède sa stratégie de campagne il est certain, mais cette stratégie doit être débarrassée d’injures et de dénigrements à l’encontre des autres candidats. C’est pourquoi, l’initiative du Conseil supérieur de la communication portant sur le code de bonne conduire est à saluer car elle permet d’éviter certaines invectives en période électorale tendant à créer un climat de suspicion de l’un sur l’autre. D’un Laurent Bado on attend et on est en droit d’attendre autre chose que ce qu’il est en train de livrer. Une argumentation mieux élaborée et surtout ciblée sur les questions existentielles.

Dans un des discours, le candidat du PAREN a dressé un sombre tableau de notre pays qui est attaqué par un feu de brousse et que lui seul peut sauver des flammes de l’enfer. Norbert Tiendrébéogo avec le radicalisme qu’on lui connaît ne passe pas par quatre chemins pour critiquer Blaise Compaoré. Il a même dit à Tanghin Dassouri qu’il était prêt à affronter "en combat singulier le président sortant".

Le combat politique ne s’adresse pas à un homme fut-il président du Faso. Il s’adresse à la lutte pour le développement de notre beau pays. Ram Ouédraogo, quant à lui, ne fait mieux que Norbert Tiendrébéogo.

Le candidat du Rassemblement des Ecologistes du Burkina (RDEB) ne semble pas lui aussi mener d’autres combats que celui contre Blaise Compaoré.

Dans ses différentes rencontres avec ses militants, Ram Ouédraogo n’a pas arrêté de dénoncer les moyens utilisés par Blaise Compaoré pour battre sa campagne. Et de citer 6 à 7 milliards de francs CFA. Il soutient que la dette extérieure du Burkina s’élève à près de 1 200 milliards de francs CFA. Pendant ce temps, 1000 milliards de francs ont été déposés dans des banques suisses par les tenants et les proches du pouvoir.

Me Bénéwendé Stanislas Sankara, le candidat de l’Union pour la renaissance, Mouvement sankariste (UNIR/MS) estime quant à lui que le Burkina est dans une situation de précarité généralisée et que cet état de fait est né avec les 18 ans de pouvoir du candidat Blaise Compaoré. Nayabtigungu Congo Kaboré du Mouvement pour la tolérance et le progrès ne dit pas mieux. Quant à Soumane Touré au cours de sa campagne il affirme qu’il est mieux qualifié "intellectuellement" que son adversaire politique Blaise Compaoré pour diriger le Burkina Faso.

Gilbert Bouda, le candidat des Fasocrates, Clément Toubé Dakio, Philippe Ouédraogo du PDS, Emile Paré et Ali Lankoandé du PDP/PS ne peuvent pas se passer d’employer le nom de Blaise Compaoré lors de leur meeting. Tous contre un. Avec cette attitude les adversaires de Blaise Compaoré lui facilitent la tâche sans le savoir. A force de trop parler de lui, il est évident qu’ils font connaître davantage Blaise Compaoré.

Cela est la preuve que ces adversaires ont peur de lui et sont dans une position de complexe d’infériorité, tout cela est à l’avantage de Blaise Compaoré. Comme le dit un proverbe, "il faut battre le fer quand il est chaud". Les différents candidats ou adversaires de Blaise Compaoré doivent profiter de cette opportunité pour réellement proposer quelque chose de mieux. Ce n’est pas en dénigrant et en dressant un tableau sombre des 18 ans de règne de Blaise qu’on parviendra à lui faire quitter la présidence, c’est plutôt en proposant de faire mieux, et en présentant les moyens pour y parvenir.

Soyons fair-play

Il est de coutume que de nos jours en Afrique, il ne se passe pas une élection quelque part sans que des individus habitués aux raccourcis n’y trouvent le moyen de contourner la voie indiquée pour parvenir à leurs fins. Ce genre d’attitude nous l’espérons ne fait pas partie du comportement de nos prétendants à la magistrature suprême. La sagesse voudrait que chaque candidat respecte ses adversaires en ne cherchant pas à faire croire aux électeurs que son adversaire est l’ennemi N°1 à combattre.

Il y a des candidats qui trouveront quelque chose à dire même si réellement il n’y a rien pour entraver le scrutin. La lutte contre la fraude électorale doit commencer par une présence remarquée de tous les partis en lice pour le scrutin aux côtés des agents de la CENI. Cette représentativité doit se faire sentir positivement dans les bureaux d’inscription et de vote, ce qui pourrait donner au scrutin toute sa transparence.

Il est difficile aujourd’hui de comprendre qu’un candidat qui aspire au fauteuil présidentiel ne puisse pas mobiliser ses partisans à aller servir pour leur candidat et la nation dans les bureaux de vote et d’inscription sur les listes électorales. En tout état de cause, les candidats ont intérêt à déployer des représentants dans les différents bureaux de vote au lieu de se cacher derrière des appels massifs sur les risques de fraude électorale.

Et c’est en cela qu’ensemble on pourra construire un Burkina démocratique.

Kibsa KARIM
L’Opinion

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