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Laurent Bado à Titao et Ouahigouya : « Mon combat est un sacrifice »

Publié le vendredi 4 novembre 2005 à 08h03min

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Laurent Bado

Le candidat Laurent Bado du Parti de la renaissance nationale (PAREN) était, les 1er et 2 novembre 2005, respectivement à Titao et à Ouahigouya. Le même discours « provocateur et troublant », il n’a cessé de le livrer.

Pour une première, c’en était une. Un comité d’accueil d’une dizaine de jeunes, foulards à l’effigie du candidat Laurent Bado, l’accueille à l’entrée de Titao à 15 h 35. A son passage, des coups de fusil de chasse retentissent pour souhaiter la bienvenue au président du PAREN. 16 h, « les choses sérieuses » peuvent commencer. C’est le directeur provincial de la campagne qui ouvre le bal des interventions.

Il table sur la situation socio-économique « désastreuse » du Burkina avec son corollaire d’augmentations des prix des produits de première nécessité. Il affirme qu’au temps fort de la crise alimentaire, le prix du sac de mil coûtait 30 000 francs CFA à Titao. Le directeur provincial du PAREN a présenté Laurent Bado comme « un homme convaincu de ses idées ». Il a appelé les militants « à ne pas avoir peur des intimidations, des pressions mais de choisir en toute liberté, la voie originale du développement : le PAREN ».

A Ouahigouya, le candidat du PAREN a expliqué aux militants de son parti « sa voie originale de développement ». Ainsi, Laurent Bado compte, s’il arrivait au pouvoir « par accident », le 13 novembre 2005, mettre dans un premier temps en exergue, « le respect de nos valeurs culturelles : le respect des personnes âgées et la solidarité légendaire africaine ».

Dans un deuxième temps, il veut faire de « l’agriculture, la locomotive du développement ». « Nous curerons toutes les retenues d’eau. Nous y mettrons les jeunes par groupe de 10 à 15. L’Etat leur donnera un tracteur et une motopompe pour produire », a-t-il lancé. Cette production sera divisée en trois parts.

L’une servira à la consommation, l’autre à la commercialisation par l’achat de bateaux cargos (flotte commerciale avec un accès à la mer) et la dernière à la transformation sur place, grâce à des unités industrielles, ces dernières seront mises en place par l’actionnariat populaire obligatoire selon Laurent Bado. « Chaque Burkinabè prendra selon ses moyens financiers, le nombre d’actions qu’il veut en raison de 1000 F CFA, l’action », a expliqué le candidat du PAREN.

« Les bénéfices engrangés par an seront distribués à la nation entière », a laissé entendre Laurent Bado. Et il ajoute qu’un ingénieur agronome devrait visiter deux fois par an, les cultures des jeunes producteurs. Sur le plan politique, Laurent Bado opte pour la limitation du nombre des ministères et des partis politiques. Il dit combattre le nomadisme politique. Sur le volet de la santé, le candidat du PAREN tient à « sa fameuse » équipe sanitaire mobile.

Ainsi, « 2 à 3 médecins seront chargés de visiter les familles deux fois par an pour consulter toute la famille à domicile ». Après avoir développé son programme de développement, Laurent Bado a félicité les militants qui sont venus l’écouter malgré « les pressions, les intimidations et les chantages opérés sur leur personne : je suis fier de vous ». Il a invité ceux qui seront acquis à ces idées à faire du porte-à-porte pour convaincre leurs frères, leurs sœurs et leurs parents à adhérer à son combat pour un Burkina meilleur parce que « son combat est un sacrifice ».

Daouda Emile OUEDRAOGO (ouedro1@yahoo.fr)


Des militants s’expriment

Nacanabo Kogoda :

Je suis très content de ce meeting. J’ai reçu beaucoup d’informations et d’éclaircissement sur la situation socio-économique du Burkina Faso. En plus, j’ai perçu de façon claire et précise, le programme de développement de mon président Laurent Bado. C’est un très bon programme et s’il plaît à Dieu, le 13 novembre 2005, on élira Laurent Bado, président du Faso. En tant que jeune, j’attends beaucoup de lui s’il est élu. Puisque Laurent Bado reconnaît qu’être président est une charge si importante qu’il ne peut pas ne pas faire beaucoup en matière de développement pour le Burkina Faso. C’est la deuxième fois que Laurent Bado visite Titao. La première fois c’était à la Maison des jeunes de Titao. Il a séduit de nombreuses personnes. C’est pourquoi je crois fermement que le 13 novembre 2005, Laurent Bado sera élu président.

Abdoulaye Bélem :

Le meeting nous a permis d’avoir des éclaircissements sur tous les reproches faits au PAREN. Je sais qu’au soir du 13 nombre 2005, c’est Laurent Bado qui sera le président du Faso. Son programme de développement prend en compte le problème du chômage des jeunes. Et Laurent Bado a de bonnes solutions pour éradiquer le chômage. Par exemple, il y a eu la famine à Titao, cette année. Nous avons souffert alors que Laurent Bado propose une solution pour qu’il n’y ait plus de famine au Burkina Faso. Il est mieux d’aider quelqu’un à travailler pour manger à sa faim que de passer tous les cinq ans à lui donner des tee-shirts, des casquettes ou quelques billets d’argent.

Propos recueillis par DEO à Titao


Laurent Bado, candidat du PAREN : « Je ne suis pas candidat pour faire rêver »

Laurent Kilachiu Bado est le président du Parti de la renaissance nationale (PAREN) et candidat à l’élection présidentielle du 13 novembre 2005. Entre deux meetings, l’homme s’est ouvert à nous. Dans cet entretien, il retrace les grandes lignes de son programme de développement, parle des péripéties de sa vie de fonctionnaire et le sens de son combat pour le Burkina Faso. Le tout dans un langage « direct et cru ».

Sidwaya (S) : Après avoir tenu plus de 10 meetings et parcouru plus de 2000 km, quel bilan faites-vous en termes de mobilisation ?

Laurent Bado (LB) : Mon parti est un jeune parti qui n’a que 6 ans d’existence exactement. Partout où je suis passé, J’ai été étonné de la mobilisation. Je ne suis pas un menteur qui fait croire lorsque la mobilisation n’est pas forte, qu’il y a eu foule ou dire que le soir du 13 novembre 2005, je serai assis sur le fauteuil présidentiel. Je n’ai pas ce genre de langage. J’aime la vérité dans toute sa crudité. Il y a des régions qui ont eu une mobilisation à laquelle je ne m’attendais pas. Des régions clés comme Fada N’Gourma, le fief du premier ministre actuel (NDLR : Paramanga Ernest Yonli) a occasionné une bonne mobilisation.

A Titao, malgré toute la pression morale exercée sur les populations, les gens sont sortis. Nous avons vu à Titao, un hélicoptère qui était là pour intimider les populations afin qu’elles ne participent pas au meeting. Des individus ont fait la navette pour inviter les populations à ne pas participer au meeting. Mais, je comprends les gens. Ils ne savent pas leur droit. Des menaces telles que « si vous participez, vous risquez de ne pas avoir une parcelle ou de ne pas avoir tels avantages » ont été proférées. Je mesure toute la portée de ce langage, de ces intimidations. Mais ce qui m’intéresse, c’est de savoir que mon message est de mieux en mieux compris par le peuple.

Quiconque m’écoute est obligé de secouer la tête et réfléchir la nuit tombée. Je suis candidat pour saisir cette rare occasion de la campagne présidentielle pour dire aux Burkinabè qu’il n’ y a pas de fatalisme. Nous pouvons sortir de notre misère.

S : Vous affirmez que le sankarisme c’est du badoïsme, quels rapports avez-vous eu avec le président Thomas Sankara ?

LB : Je suis profondément déçu des sankaristes. Une douzaine de partis se réclament du sankarisme. Mieux, il y a trois candidats sankaristes. Cela est un peu gênant. Quand on parle du sankarisme, on l’assimile à une doctrine à cause du terme « isme ». C’est une voie, une idéologie que cela reflète. Or, je ne perçois pas et ne vois pas ni l’idéologie ni la doctrine de Thomas Sankara. J’ai seulement vu en Thomas Sankara, un président qui a voulu mettre son peuple au travail en éliminant les voleurs, les obstacles psycho-sociologiques qui empêchaient l’éclosion des structures de développement. Bien entendu, il a commis des erreurs fatales. C’est avec Thomas Sankara que nous avons connu les premiers cadavres politiques, les dégagements de fonctionnaires.

Avec Thomas Sankara, l’on disait qu’il y a le bon peuple, les amis du peuple et les ennemis du peuple. A partir de la troisième année de son pouvoir, Thomas Sankara s’est rendu compte qu’il avait emprunté le mauvais chemin. De ce fait, il faut faire attention lorsque l’on évoque le vie de Thomas Sankara. Il ne faut pas nous le présenter comme un Dieu qui aurait pu tout changer dans le pays. Je savais pertinemment que la voie marxisante que nous suivions était une voie erronée.

Je penchais pour une révolution nationale avec Thomas Sankara et il l’avait réussie. J’étais plus près de Sankara que tous ces exaltés. Ils ne savent pas que Watamu Lamien était mon co-beau. L’idéologue Paulin Bamouni est mon cousin. A plusieurs reprises, ils sont venus me dire qu’ils ne comprennent pas Thomas Sankara. Leurs épouses et mon épouse peuvent en témoigner. Ils m’ont dit que Sankara a dit qu’il n’y a qu’un seul homme qu’il doit voir pour ne pas échouer. Et ce seul homme c’était Laurent Bado.

S. : Quelle place occupe la jeunesse dans votre programme de développement ?

L.B. : Aujourd’hui, les jeunes souffrent. Ils sont révoltés. Ils ne pensent pas par deux fois. Ils veulent tout, tout de suite dans l’immédiat. Ils veulent des personnes qui viendront bouleverser tout au hasard. Mais quand un naufragé se trompe, il prend le dos du crocodile pour un bout de bois dans la mer et il sera dévoré. Ces temps sont passés. Aujourd’hui, aucun gouvernement ne peut se permettre de poser des actes contraires aux droits de l’Homme. Il ne faut pas se tromper. Voter un candidat, c’est voter pour un chemin très clair. Un chemin qui va nous amener à nous développer. C’est cela la vraie révolution. Savoir ce qui nous empêche de nous développer et y proposer des solutions idoines, bien agencées pour enclencher le processus. Je peux rendre quelqu’un malade par la parole. J’ai dit aux populations que je ne leur demande pas de voter pour moi. C’est un chemin clair que je propose pour sortir rapidement du sous-développement. Je ne viens pas pour enivrer la jeunesse, la faire rêver, la faire prendre des revanches.

S. : Quel sens donnez-vous à cette campagne électoral quand on sait que vous affirmez que vous vous en foutez que l’on vous vote ou pas ?

L.B. : Le sens est clair. Je me suis toujours battu pour mon pays. J’ai fait d’énormes sacrifices. J’ai refusé des postes internationaux, des postes juteux au Burkina. J’ai été directeur du recouvrement et du contrôle des risques à la BND. Seulement un an après ma titularisation, le gouvernement avait perçu la nécessité de résoudre les problèmes de recouvrement. La BND était un établissement public de l’Etat et le gouvernement m’a expliqué qu’étant grand juriste, je pouvais l’aider à recouvrer les fonds. Je leur ai expliqué que j’aime travailler pour le service public. Je dois au peuple et non à mon intérêt personnel. Alors j’ai dit qu’en 365 jours (l’an), je règle tous les problèmes de recouvrement à la BND et je reviens à la Fonction publique.

Le Ministre ne me croyait pas. Effectivement, j’ai enrayé la situation en envoyant des lettres individuelles à chaque ministre et à chaque notoriété. Et puisque c’était signé Laurent Bado, chacun s’est empressé de payer parce qu’on disait Laurent Bado, c’est un fou. De ce fait, le 365ème jour alors que j’avais près de trois fois mon salaire de la Fonction publique, j’ai démissionné pour rejoindre le ministère de la Fonction publique. Le ministre a été tellement choqué du fait qu’il croyait que je blaguais. Il est sorti au building Lamizana en me traitant de fou. Depuis lors, l’on a commencé à me traiter de fou.

S. : Quel message avez-vous à lancer à l’électoral burkinabè ?

L.B. : Il ne faut pas qu’il considère ma candidature en la comparant aux autres. Je demande au peuple de ne plus se laisser tromper. Je demande aux jeunes et aux femmes de se conduire en citoyens responsables. La politique, ce sont les idées. L’électorat doit vérifier la logique de développement que chaque candidat propose et choisir en toute liberté. Si le peuple ne veut pas écouter la vérité, chercher le vrai chemin, je sais que l’enfer va s’ouvrir bientôt sous nos pieds. Et c’est là que je vais prendre ma revanche. Je me suis sacrifié durant 33 ans pour ce pays. Quand ça va brûler, je serai couché tranquillement dans mon village.

Interview réalisée par Daouda OUEDRAOGO (ouedro1@yahoo.fr)
Sidwaya

P.-S.

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Présidentielle 2005

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