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Blaise Compaoré pour le progrès continu, Hermann Yaméogo pour le forfait continuel

Publié le mercredi 2 novembre 2005 à 06h36min

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Une semaine après le début de la campagne pour l’élection présidentielle de 2005, le débat politico-juridique continue d’être animé par la capitulation de Me Hermann Yaméogo à ce scrutin capital. Les raisons évoquées par Hermann Yaméogo sont-elles fondées ?

Fin calculateur, Me Hermann Yaméogo n’a-t-il pas voulu dérouter les autres candidats de l’Alternance 2005 ? Oblige-t-il le Conseil constitutionnel à faire de la jurisprudence ? Quand va-t-il arrêter ces agissements politiquement vides de sens et donnant surtout de lui l’image d’un tonneau vide et d’un abonné à la trahison continue ? Autant de questions sur l’homme politique qui joue au "caméléon équilibriste" comme le disaient les révolutionnaires.

L’arbitrage tant attendu sur l’article 37 de la constitution burkinabè est effectif. L’éligibilité du président sortant, Blaise Compaoré tant contesté par certains candidats à l’élection présidentielle du 13 novembre prochain du fait de la rétroactivité ou de la non rétroactivité de la loi est belle et bien reconnue au candidat et confirmée par le Conseil constitutionnel en sa séance du 14 octobre 2005. Ainsi l’institution a publié la liste définitive des candidats susceptibles de participer à ce scrutin. Des recours qu’a connus le Conseil constitutionnel, nulle part il n’est fait mention d’une requête quelconque de Me Hermann Yaméogo.

Bénéwendé Sankara et Philippe Ouédraogo tous deux de l’Alternance 2005 ont recouru individuellement devant le Conseil constitutionnel pour traduire l’ambition politique de l’Alternance 2005. Après le verdict, Hermann Yaméogo capitule pour des raisons futiles et, à l’analyse, infondées.

Les raisons sont-elles fondées ?

Le jet d’éponge du président de l’UNDD est fondé sur deux raisons : L’éligibilité reconnue à Blaise Compaoré et le fichier électoral informatisé.

En ce qui concerne l’éligibilité du candidat de la majorité, le débat est clos sur ce chapitre. Même le conseil constitutionnel ne peut revenir la-dessus car la loi ne lui permet pas cela une fois qu’elle a épuisé les recours et publié la liste définitive des candidats autorisés à compétir.

Quant à l’informatisation du fichier électoral, Hermann Yaméogo devrait refuser d’engager un débat politique sur cette question car s’il a bonne mémoire, le président de la CENI a eu à convoquer à plusieurs reprises les leaders des partis politiques à venir constater l’évolution du travail et émettre leurs critiques pour leur permettre de corriger les erreurs possibles au fur et à mesure que le fichier est établi. Selon M. Moussa Michel Tapsoba, aucun leader n’a daigné faire un tour dans les locaux où s’effectuaient les travaux d’informatisation du fichier. Et maintenant que tout est fin prêt pour aller à l’élection, Hermann Yaméogo trouve que le fichier est "bordélique". Un argumentaire fallacieux qui ne convainc personne.

C’est dire que Hermann Yaméogo avant de jeter l’éponge a fait un calcul sur l’investissement à faire pour mener à bien une campagne présidentielle et les résultats possibles du scrutin. Sachant très bien qu’il ne peut pas venir en deuxième position derrière Blaise Compaoré, selon les résultats du sondage réalisé par le CGD le "Machiavel burkinabè" a préféré s’éclipser pour éviter de trop débourser et ne rien gagner lors du décompte final des bulletins le 13 novembre 2005. Il ne peut pas alors jeter l’éponge sans évoquer des raisons mêmes si elles relèvent du dilatoire.

Que devient alors Alternance 2005 ?

L’on a toujours en mémoire, le mouvement Alternance 2005 regroupant bien de partis de l’opposition politique burkinabè qui ont foi en l’alternance politique. Et la mayonnaise du mouvement semblait prendre au début. Mais l’entrée de l’UNDD dans le mouvement va tourner la page de l’Alternance au Burkina. Des manipulations politiques vont amener les candidats Ram Ouédraogo du RDEB, Ali Lankoandé du PDP/PS à claquer la porte car étant écartés par des critères de choix des candidats.

Restaient alors Philippe Ouédraogo, Hermann Ouédraogo et Bénéwendé Sankara tous les trois désignés comme candidats de l’Alternance 2005. Un programme commun de société avait été élaboré et des prévisions avaient été faites au cas où un des candidats arrivaient au second tour de l’élection.

En jetant l’éponge, Hermann Yaméogo aurait pu demander à ses militants UNDD de voter pour les deux autres candidats de l’Alternance 2005. Chose qu’il n’a pas fait jusqu’à présent. Par ailleurs, s’agissant du programme commun que peut-être la contribution d’Hermann Yaméogo d’autant plus qu’il ne se sent plus concerné par le scrutin du 13 décembre ? En décidant de laisser naviguer seuls ses jeunes camarades, il fait preuve d’un manque de sagesse politique. Or les autres pouvaient bien profiter de sa longue carrière politique au Burkina. Ce qui est une preuve que Hermann Yaméogo a toujours voulu être le leader d’un groupe.

Et comme dans les résultats des deux sondages, Bénéwendé Sankara est venu en deuxième position derrière Blaise Compaoré et que lui, il occupe un rang peu enviable, il est inutile de s’aventurer dans un tel scrutin qui donnera plus de notoriété aux jeunes politiciens qu’à "un vieux loup". Une fois de plus, Hermann Yaméogo fait faux bond à ses camarades de lutte politique tout comme il l’a déjà fait à l’ARDC, au G14, au collectif des organisations démocratiques de masse, etc. C’est un mouvement de "trahison continue" que poursuit cet homme. Et le résultat est heureusement toujours en sa défaveur.

Pour l’heure, refuser d’aller à un scrutin présidentiel ouvert à tous, c’est décider de faire ses funérailles politiques. Et lui-même avait bien défendu la politique qui refuse la chaise vide. Comment comprendre qu’à quelques jours de l’ouverture de la campagne, il décide de faire un retournement de veste pour adopter la politique de la chaise vide ? Quelles que soient les raisons évoquées, il fallait aller à l’élection présidentielle pour mieux positionner son parti par rapport aux municipales à venir.

Cette absence de vison futuriste va coûter cher à l’UNDD pour les prochaines échéances électorales. Surtout que dans son fief, à Koudougou, il aura à faire à Hubert Yaméogo du CDP et à son frère cadet Salvador Yaméogo qui visent tous les deux rafler la majorité des Conseillers municipaux à Koudougou. L’UNDD n’a-t-elle pas alors signé sa propre descente aux enfers à travers la politique machiavélique de son président ?

Hermann Yaméogo sur le bulletin

Malgré sa capitulation, l’effigie de Me Hermann Yaméogo reste gravée sur les bulletins électoraux. Cette présence de l’effigie de candidat ne va-t-elle pas influer sur les résultats du scrutin ? Car dans le Burkina profond les électeurs connaissent mieux certains leaders que leur parti. Doit-on alors faire une jurisprudence sur cette question ?

Non ! De l’avis du président du Conseil constitutionnel, il n’est plus question de revenir sur le verdict du 14 octobre dernier quand bien même le Conseil a accusé réception de la lettre de démission de Me Hermann Yaméogo après ce délai. Et le président de l’UNDD de par ses connaissances du droit sait très bien qu’il n’est plus possible de revenir sur la décision du 14 octobre.

Il a peut être voulu par cette décision tendre un piège aux membres du Conseil pour essayer de les dérouter. Nous disons bravo à Drissa Traoré président du Conseil constitutionnel et à tous les autres membres du Conseil pour être restés stoïques sur l’irréversibilité du verdict. C’est dire qu’en votant Hermann Yaméogo, le bulletin est nul car le candidat n’est pas partant. Me Hermann Yaméogo doit se ressaisir et savoir mettre l’UNDD sur la voie de la réussite politique. Autrement il risque fort de se retrouver seul avec son parti.

Abou Ouattara

L’Hebdo

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