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Dr Pargui Emile Paré : “Mon socialisme influera positivement sur les conditions de vie”

Publié le mardi 1er novembre 2005 à 13h47min

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Emile Paré

Pargui Emile Paré, de l’Alliance socialiste (AS) regroupant le Parti socialiste unifié (PSU) et le Mouvement du peuple pour le socialisme/Parti fédéral (MPS/PF) est l’un des candidats à l’élection présidentielle de 13 novembre 2005. Surnommé « Chat noir du Nayala », il compétit sous la protection du « Lion de la Tapoa », Maître Lompo, son conseiller spécial.

Dans cet extrait, il défend son programme intitulé : « Deux voies, deux pratiques pour le Burkina » et définit son socialisme.

Question. : « Deux pratiques, deux voies pour le Burkina Faso » c’est le titre de votre programme.
Que réforme-t-il

EPP. : « Deux pratiques deux voies pour le Burkina Faso », c’est pour répondre à deux situations. D’abord, pour montrer à la population qu’on a un programme politique contraire à celui de Blaise Compaoré. On ne lui dit pas, ôte-toi pour que je m’y mette.

Donc, nous avons voulu dans un premier temps, satisfaire les intellectuels qui aiment critiquer en disant qu’elle n’a pas de projet de société. On leur montre un programme comparatif comprenant les critiques formulées à l’endroit du régime de Blaise Compaoré et les propositions politiques de l’Alliance socialiste.

Pour convaincre le public de ce que nous faisons, nous avons intitulé notre programme politique : « Deux voies, deux pratiques pour le Burkina ».

S. : Qu’est-ce que cela traduit concrètement ?

EPP. : Notre programme politique montre clairement le face-à-face des deux voies. Actuellement, nous avons un système présidentiel concentrant les pleins pouvoirs dans les mains d’un individu, le chef de l’Etat. A ce régime, nous opposons une constitution semi-présidentielle, semi parlementaire. Notre régime divise et équilibre les pouvoirs et empêche un organe de diminuer l’autre. Avec la constitution actuelle, le chef peut dissoudre l’Assemblée à tout moment. Or, quand il y a l’épée de Damoclès, vous convenez que les gens ont peur de perdre leur poste. Cependant dans notre constitution, le chef de l’Etat pourra demander la dissolution de l’Assemblée et que l’Assemblée nationale peut destituer le chef de l’Etat. Il y aura un véritable équilibre.

Chaque pouvoir jouera pleinement son rôle. Dans une démocratie plus claire, le parlement est plus important. Le président, une fois élu, représente l’Etat. Par contre, le parlement, est un lieu des jeux d’idées. Dans certains pays, c’est le parlement qui elit le chef de l’Etat. Pour une période transitoire, une fois au pouvoir, nous allons instituer un régime semi-parlementaire semi-présidentiel. Et à terme nous proposerons un système purement parlementaire. Ce parlement élira le chef de l’Etat.

La politique de l’Alliance socialiste est différente du système actuel. Pour une justice véritablement indépendante, nous allons faire de telle sorte qu’il existe un système électif au niveau des juges. Le peuple aura ses représentants dans le système judiciaire. Aussi, le droit sera dit. Actuellement, notre système économique est le libéralisme. Privatisation dans toutes nos sociétés depuis 1991. Les secteurs stratégiques comme l’eau, la santé sont en train d’être privatisés. Nous proposons l’économie sociale planifiée.

Car il faut d’abord voir les problèmes sociaux tels la santé, l’éducation avant de voir les politiques économiques à mettre en place pour résoudre les problèmes. Vas dans le système économique actuel c’est les chiffres macro-économiques au détriment des questions sociales. Le caractère planifié, nous y tenons, parce que dans ce pays, il n’y a pas de plan, c’est le désordre, les interventions dans les secteurs de développement se font de façon anarchique cela, désarticule le développement.

Cela entraîne des distorsions de développement dans les régions. Au niveau de l’administration nous disons qu’elle est politisée. Les luttes démocratiques avaient amené le CDP à retirer ses structures dans les services, mais il les a réintroduites, « chasser le naturel et il revient au galop ». Dans tous les services, il y a des listes CDP.

Quel agent veut se montrer contre le régime actuel au détriment d’une nomination ou d’une promotion.
Dans notre programme, l’administration sera dépolitisée, républicaine et performante. A compétences égales vous avez droit. Nous allons tenir compte du fait que chacun devrait être heureux de servir un citoyen burkinabè. Dans ce régime, la morale n’existe pas, elle a fait place à la gabégie, au laxisme. Nous opposerons une administration véritablement républicaine, performante et qui va exceller.

S : Quels sont les pouvoirs que vous envisagez donner au parlement, une fois élu président du Faso ?

EPP : Le parlement sera le lieu d’exercice du pouvoir réel. Il sera élu sur la base d’un code électoral bien ficelé, permettant à toutes les sensibilités politiques de s’exprimer. La nomination du Premier ministre se fera en accord avec le parlement. Un parlement qui à tout instant peut le démettre. Le chef de l’Etat sera aussi soumis à la censure du parlement, c’est le pouvoir réel que le parlement actuel n’a pas.

S : Après la dislocation du bloc socialiste, le socialisme cherche à se redéfinir, quel est le vôtre ?

EPP : C’est vrai ! Depuis la chute du mur de Berlin, le courant socialiste connaît des problèmes. Beaucoup de partis communistes ont disparu, d’autres se sont mués en partis social-démocrates. Il y a donc une crise d’identité au sein du courant socialiste. Mais j’ai toujours dit que le socialisme a échoué mais l’idéologie demeure dans son application. De la lutte permanente entre le capitalisme et le socialisme, les socialistes ont misé sur les questions de sécurité , de l’expression des libertés, l’absence des libertés, la militarisation du pouvoir a vraiment dévié le courant socialiste de son objet.

Nous avons tiré tous les enseignements de ces échecs pour un nouveau socialisme. C’est pourquoi nous allons éditer une société socialiste moderne. Le caractère socialiste est connu. Cependant le caractère moderne traduit l’équilibre adéquat entre l’Etat et le privé. Il faut trouver un équilibre car l’homme est dans une société à laquelle l’individu se soumet, tout en ayant sa liberté.

S : Avez-vous l’impression que le discours socialiste comme le vôtre intéresse l’électorat ?

EPP : Notre socialisme intéresse l’électorat parce qu’aujourd’hui les autres courants socialistes comme la social-démocratie dont se réclame le CDP n’est plus écoutée par le peuple. En réalité mon socialisme aura une incidence sur les conditions de vie. Ce que nous proposons va intéresser les militants parce que nous sommes contre l’étatisation à outrance mais aussi la privatisation exagérée.

Nous avons pris une voie intermédiaire, une dose du privé et une dose de l’Etat. Je suis sûr que notre socialisme peut convaincre surtout dans les pays pauvres. Aussi, on rassure les bourgeois nationaux qu’ils auront leur place. Nous allons demander à la bourgeoisie de créer des industries, d’investir dans les secteurs où on peut relativiser et non dans la santé, l’éducation etc...

Boureima SANGA

Sidwaya

P.-S.

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Présidentielle 2005

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