LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Emile Pargui Paré : “Nous démarrons comme un turbo, doucement, et nous allons prendre la vitesse de croisière”

Publié le vendredi 28 octobre 2005 à 07h51min

PARTAGER :                          

Pargui Emile Paré

La campagne en vue de l’élection présidentielle du 13 novembre 2005 bat son plein. Chacun des candidats y va à son rythme et en fonction de sa stratégie. Le candidat de l’Alliance socialiste, Pargui Emile Paré a opté pour la campagne de proximité.

Sa brigade mobile déblaie le terrain, en attendant les grands rassemblements. Pour l’homme, l’élection va se jouer dans la deuxième semaine de la campagne. Nous l’avons rencontré à son état-major sis à Paspanga (Ouagadougou).

Sidwaya : Vous avez choisi la stratégie de proximité pour battre campagne. Qu’est-ce qui justifie le choix d’une telle stratégie ?

Emile Pargui Paré (EPP) : Campagne de proximité pour plusieurs raisons. D’abord, les moyens financiers ne nous permettent pas de faire de grands meetings, de grandes démonstrations. Ainsi, nous adaptons notre stratégie à nos moyens financiers. C’est ainsi que nous avons mis un dispositif comme la brigade mobile, les grins de thé pour présenter le projet de l’Alliance socialiste dans les quartiers, les villes et villages du Burkina. C’est différent d’une campagne à l’américaine qu’utilise le CDP. Aussi, c’est notre première participation à l’élection présidentielle et c’est la première fois que le bulletin unique est engagé avec une photo. Il est donc évident de faire une campagne de proximité afin que l’électeur puisse identifier son candidat et le choisir.

S. : Quelles sont déjà les échos d’une telle stratégie ?

E.P.P : Les échos qui nous parviennent sont satisfaisants. Les équipes mobiles réclament mon effigie.

S. : La campagne présidentielle bat son plein, on ne vous voit pas encore en province. Qu’est-ce qui explique cela ?

E.P.P : C’est une question de stratégie. Quand vous n’avez pas les mêmes forces qu’un adversaire politique, vous devez choisir une stratégie appropriée. Moi, j’ai toujours dit que j’applique à la politique actuelle, la lutte traditionnelle samo. Quand quelqu’un est fort du pied gauche, il faut aller du pied droit pour le déstabiliser. De même si l’adversaire est très puissant, costaud, et toi tu es maigre, il faut l’attaquer à distance. Et, au premier contact, tu dois le destabiliser. En regardant la situation politique actuelle, tout le monde reconnaît qu’il n’y a pas de commune mesure entre les moyens du pouvoir en place et ceux de l’opposition. Les financements de l’Etat sont maigres, chaque candidat n’a reçu que sept (7) millions de F CFA.

S. : Première tranche ?

E.P.P : Non. C’est toute la tranche. Est-ce que c’est possible d’imaginer le financement d’une campagne avec 7 millions. Encore le premier code stipulait que le candidat déposait 2 millions et s’il gagne 5% du score on lui rembourse sa caution. Le code amendé CDP du 27 avril dernier a monté la caution à 5 millions et le score à 10%.

Ce code n’est pas démocratique. En dépit de tout, nous partons à la campagne présidentielle, car nous disons qu’elle est l’expression des idées, des projets de société. Nous partons avec l’espoir de gagner ; si d’aventure on ne gagne pas, on continue toujours la lutte. Ainsi, nous avons adopté une stratégie différente de celle du CDP, qui consiste à aller immédiatement sur le terrain. Nous comptons sur notre programme et les médias pour avoir l’adhésion du peuple.

Quand vous n’avez pas les moyens, il ne faut pas faire une course de vitesse. A quoi cela sert de démarrer en pompe, le 22 et ne pas arriver au 13 novembre. Nous démarrons comme un turbo, doucement et nous allons prendre la vitesse de croisière. Aussi, cette élection va se jouer en une semaine. Le peuple est en train de regarder d’abord les candidats bavarder. La deuxième semaine, le peuple se mettra en position de choix contradictoire et la dernière semaine interviendra le choix décisif. C’est pour cela que nous sommes en train d’organiser lentement mais sûrement notre dispositif. Cependant la brigade mobile fait le porte-à-porte.

S : A quand votre première sortie en province ?

E.P.P : Le 29 novembre à l’assaut de l’électorat de l’Est (Fada N’Gourma)

S. : Dans votre programme politique, la Conférence Nationale-Vérité-Justice Réconciliation (CN-VJR) vous est cher. Quelle est la nécessité ?

E.P.P. : Elle a une nécessité pour plusieurs raisons. Le drame de Sapouy est intervenu après lélection présidentielle de 1998.

Auparavent, les gens disaient qu’il y avait une paix, une tranquillité. Une paix que nous avions critiquée en son temps. Car, qui ne dit rien, consent n’est pas valable dans le domaine politique. Les sages avaient donc proposé la conférence nationale et le CDP a choisi autre chose, la journée nationale de Pardon. Pour le moment nous ne pouvons pas dire qu’il y a la paix ni le pardon. Cependant, tous les peuples qui l’ont tenue sont partis sur de bonnes bases.

Le Bénin est l’exemple- type de la démocratie avancée aujourd’hui grâce à sa conférence nationale où tout le monde est passé à la barre. Pour la CN-JVR, chacun va s’expliquer et nous allons dire à chacun de demander pardon. A quoi sert de tuer quelqu’un qui a tué ? Une amnistie générale sera annoncée à la fin de la conférence pour que nous rentrions dans une nouvelle ère de démocratie. Sinon la démocratie et les droits de l’homme sont toujours à rude épreuve. Il n’y a pas encore eu de réconciliation nationale.

S. : Une fois élu, vous proposez une augmentation de salaire de 20% dès l’année 2006. Où allez-vous trouver les ressources nécessaires ?

E.P.P. : Non, ce n’est pas une proposition populiste, démagogique. L’augmentation de 20% est possible. Je réduis le train de vie de l’Etat, de l’Assemblée nationale, des institutions, et ça peut donner les 20% de salaire. Quand les syndicats réclament 25%, ce n’est pas utopique. A côté de nous, Amadou Toumani Touré, Abdoulaye Wade l’ont fait. L’augmentation des salaires est une mesure incitative au développement économique de notre pays. Et, pour ce faire, je vais réviser les accords avec le Fonds monétaire internationale et la Banque mondiale.

S : Avez-vous un message à l’endroit de l’électorat ?

E. P. P : j’invite l’électorat à ouvrir les yeux, les oreilles et à suivre chaque candidat pas à pas par rapport à ses idées, ses pratiques. La population doit chercher à connaître le passé , le présent des candidats et ce qu’ils proposent pour l’avenir. Car le passé, le présent et l’avenir doivent être cohérents. Il ne s’agit pas de porter son choix sur n’importe quel candidat. Je compte être le meilleur candidat, parce que l’Alliance socialiste a un programme clair, populaire en direction des couches défavorisées. Même la bourgeoisie nationale et patriotique a sa place. Je prends l’engagement devant l’électorat que moi Emile Pargui Paré pratiquerai son projet de société, proposé présentement au peuple.

Propos recueillis par Boureima SANGA
Sidwaya

P.-S.

Lire aussi :
Présidentielle 2005

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique