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PDP/ PS : Les autres causes d’un "déclin"

Publié le mercredi 26 octobre 2005 à 08h00min

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M. Ouédraogo est sans nul doute un fin connaisseur du PDP/PS. La précision de son analyse montre qu’il connaît bien son sujet. Lisons-le plutôt.

Depuis l’annonce du congrès de notre parti en juillet 2004, la presse a porté à la connaissance de l’opinion publique l’existence de différents courants qui animaient le PDP /PS.

L’existence de courants dans un parti présage, si je ne m’abuse, des débats démocratiques au sein de ce parti, avec bien sûr la victoire d’un courant ou une coalition de courants. Les résultats issus des travaux de notre congrès ont non seulement obéi à cette règle élémentaire du jeu démocratique, mais aussi révélé le manque de fair-play de certains acteurs du parti.

Sont de ceux-là, les membres du Courant Rénovateur du Parti (CRP) qui, depuis la fin des travaux du congrès, ont multiplié des actions allant de la contestation des travaux dudit congrès à l’accusation de la direction du parti de tous les maux dont souffre l’organisation.
D’ailleurs une des actions a valu l’exclusion de certains acteurs par le Secrétariat Exécutif National (SEN) parce qu’elle porte atteinte, non seulement à l’intérêt du Parti, mais aussi à l’unité de la Nation de par les concepts discriminatoires développés.

L’exclusion de ces acteurs est le moindre mal pour le parti, sinon le PDP /PS sera taxé un jour de complice d’un esprit porteur de mauvais germes.

L’exclusion serait-elle la goutte d’eau qui aura fait déborder le vase ou aurait-elle modéré les ardeurs des acteurs au point de transformer le mal que le S.E voulait éviter en peur ?

D’une certaine façon un courant est né et évolue non pas de l’intérieur mais de l’extérieur ou à partir de celui-ci, livrant ainsi un combat horizontal à la maison-mère. Quelle stratégie, compréhensible pour les exclus mais pas pour les autres ! A moins que tous se revendiquent de ce qui a prévalu à l’exclusion des auteurs des concepts xénophobes.

"Pour tuer son chien, on l’accuse de rage"

Un proverbe populaire dit que "pour tuer son chien on l’accuse de rage". Aussi, pour justifier la naissance du Courant de rénovation du parti (CRP) ses géniteurs se fondent sur la baisse tendancielle des résultats issus des législatives qui passent de 18% en 1997 à 8 % en 2002, soit une baisse de 10 %. Ainsi de façon mathématique, on passera à 0% sinon à - 2%(moins 2%) en 2005. Ce qui fait peur et interpelle tout militant sincère à redoubler d’effort dans le combat pour sauver la maison qui nous abrite tous avant de revendiquer une place quelconque.
Que le combat du CRP s’inscrive dans la ligne de l’inversion de la tendance et cela l’honorera !

Cependant ici comme ailleurs, tout mal peut être vite circonscrit par le diagnostic et la première ordonnance. Alors diagnostiquons notre mal à partir des statistiques régionales des législatives de 2002. Pour ce faire, classons nos régions par leurs apports au score de notre parti ( voir annexes). Les régions du ressort des principaux acteurs du CRP sont à la traîne sauf celle de la Boucle du Mouhoum.

Pour toute fin utile sachons que :
- Etienne Traoré était candidat sur la liste nationale ;
- Benjamin Ouédraogo était candidat, (premier sur la liste) et coordonnateur de la région du centre ;
Jean Claude Kambiré était candidat, (premier sur la liste) et coordonnateur de la région du Sud -Ouest
Les exclus du PDP/PS sont des provinces du Houet et du Kénédougou donc de la région des Hauts Bassins.

Ainsi, des principaux activistes, seul Etienne Traoré peut se prévaloir d’une région bien classée dont il doit le score au Pr KI ZERBO et à Mme Coulibaly, députée à l’Assemblée nationale.

Benjamin Ouédraogo, les exclus et Jean Claude Kambiré se contentent respectivement des 9e, 1Oe et 11e rangs soit 6.13, 5.97 et 3.06 %, donc en-dessous de la note qui divise.

Par contre, les Papys se sont relativement bien comportés avec un pourcentage au¬-dessus de la moyenne (9 à 25 %).
Par rapport au niveau national, l’encrage du parti est de 0.43, 0.36 et 0.21 % du poids
électoral dans les mêmes zones.

Si les 8% restent un macro indicateur de la santé du parti au niveau national, que l’apport régional à la force du parti instruise chacun sur sa responsabilité. Bien sûr que les causes à caractères macro scopies ont un impact sur les causes régionales mais elles ne sauraient à elles seules et à chaque fois justifier une débâcle régionale.

On distingue deux (2) types de causes macro :

1. Les causes conceptuelles et/ou leur mise en oeuvre

2. Les causes environnementales.

Dans le premier lot de causes peuvent s’inscrire :
* Le boycott qui a détruit les assises du parti à la base en la vidant de ses leaders de proximité. Etienne Traoré et Benjamin Ouédraogo ont vécu l’amère expérience au dernier congrès parce qu’ayant boycotté. L’un pour la mise en place du bureau national, l’autre pour le congrès-même. Aujourd’hui ils se font victimes et/ou se font utiliser comme tels par des manoeuvres peu démocratiques qui nuisent à leur propre crédibilité. L’absence aux élections est une méthode aux raisons diverses : peur de la défaite, repli tactique etc.

* La nature des fronts et de l’unité d’action. De nombreux cadres politiques qui pratiquent sans discernement le principe primaire de l’unité d’action, s’engagent sur les fronts dont ils ignorent les fondements et les objectifs et renforcent ainsi les bases de leurs partenaires conjoncturels en fin d’activité. Résultats : départ massif des sympathisants et même des militants qui se sentent abusés.

* La notion d’échelle dont sont victimes bon nombre de camarades. Ici l’on peut noter que certains croient plus à la démocratie informelle (des couloirs) qu’à celle des instances. Il n’est pas rare de voir des camarades abuser des informations (ou avis) informelles au détriment des décisions des instances du parti.

Un autre point non moins important réside dans la classification des combats dans les répères spatiaux- temporels. Ainsi les combats d’ordre horizontal (de parti à parti et/ou d’idéologie), sont vite assimilés à ceux d’ordre vertical (guerre des numéros dans le parti). Quels que soient les moments ou le lieu, on se comporte en épouse fâchée, qui dévoile tous les secrets à l’extérieur.

Les manifestations de ce point dans un parti sont :
1. le conflit des générations ou de clans,

2. L’exacerbation du « MOI »,

3. La culture du régionalisme source de crises identitaires difficilement
contrôlables à n’importe quel niveau.
Pour peu qu’on soit vulnérable, l’on fait l’affaire des adversaires, tant du pouvoir que de l’opposition, qui s’en servent à qui mieux- mieux.

S’agissant des causes environnementales, il y a :

1. Les séquelles de l’Etat d’exception

2. le manque de ressources financières qui entrave les actions des partis, surtout celles de l’opposition

3. La paupérisation galopante de la population qui favorise l’achat des consciences

4. La politisation de l’Administration qui devient une contrainte par corps pour
les cadres au profit du pouvoir en place avec le retour de l’expression « se soumettre ou se démettre ».

5. Les fraudes électorales

6. Le lissage idéologique avec pour corollaire le nombre pléthorique de partis.

7. La notion d’héritage politique. Or en politique, on mérite plus d’un parti qu’on n’hérite d’un parent car le parti est un patrimoine commun et non paternel. Georges Bush a plus mérité du parti Républicain et non hérité de Bush père. Ici au Faso, les exemples foisonnent.

8. La gestion des nouvelles recrues sinon leur parachutage dans les structures au détriment des anciens qui finissent par se refroidir. Le Kadiogo a été victime de telles pratiques ; lui qui a eu à gérer des adhésions pendant la durée d’une campagne en 2002 puis après l’échec, elles se sont envolées comme les papillons du printemps.
9. La gestion du genre qui relève, hélas, plus du culturel que du politique.

"Se départir de la politique politicienne"

De ce qui précède, tout militant sincère ne saurait imputer le déclin du parti aux seules causes recensées par les rénovateurs, surtout pas à la seule direction. Par contre, nos rénovateurs auraient pu nous faire, chacun en ce qui le concerne, une prospective des causes locales des mauvais résultats obtenus en 2002 notamment dans les régions du Centre et des Hauts Bassins qui sont les centres phares et où le parti a le plus perdu en électeurs et deux postes de députés. Ils auraient dû aussi prouver que la mobilisation du genre est possible surtout par l’opposition ; ce qui aurait pu rendre plus piquant leur constat, mais, comme pour les conjurés, le constat a été amer les 10 et 11 septembre 2005 au tribunal du destin du PDPIPS à Bobo.

En conclusion il faut dire qu’à l’heure actuelle, il faut se départir de la politique politicienne, la vraie rénovation passe par le diagnostic sérieux des maux de ce déclin et leur internationnalisation au niveau local dans les perspectives de la clarification de la configuration politique qui nous attend au soir du 12 Février 2006. Il nous faut resserrer les rangs au lieu de fédérer les critiques autour de la personne du président national, qui à défaut de pouvoir mettre Blaise Compoaré dans le "pétrin", lutte plus pour l’avenir du Parti et du socialisme démocratique, que pour la victoire personnelle.
Qu’on ne se trompe donc pas et de combat et d’adversaire !

K. Denis Florent Bernard OUEDRAOGO (kdenis_oued@yahoo.fr)
L’Observateur

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