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Séquelles des privatisations au Burkina : Lettre ouverte au Président du Faso

Publié le mardi 25 octobre 2005 à 07h47min

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Ils sont nombreux les travailleurs victimes des privatisations à ne pas entrer jusque-là en possession de leurs droits. Si les marches, meetings et sit-in n’ont rien donné, M. Ahmed Darga choisi la voie de la presse pour exprimer son ras-le-bol. A travers cette lettre ouverte, il interpelle le président du Faso sur les « séquelles de la privatisation au Faso ».

A

Son Excellence, Blaise Compaoré

Président du Faso, Chef de l’Etat

Premier Magistrat

De mon statut de déflaté des années 1997 en situation non encore régularisée, je me fais le devoir d’attirer une fois de plus, votre attention ainsi que celle de l’ensemble des âmes sensibles, sur le supplice que font subir depuis, des Burkinabé(que nous avons placés là) à d’autres Burkinabé.

Les suppliciés ne sont autres que ces 215 braves travailleurs de l’ ex-RNTC X9 et leurs ayants droit ou protégés(estimés à deux milliers), jetés dans les méandres de la pauvreté, à l’entame des privatisations sauvages et inhumaines qui se sont avérées dès les premières heures. Nous dénonçons encore ces privatisations anti-sociales pour son manque ou négligence de mesures d’accompagnement censées protéger les travailleurs dans leur dignité. Ces dites mesures auraient pu donner quitus aux protagonistes depuis lors.

Faisant suite à bien d’autres cataclysmes socio-économiques, les Burkinabé pris d’un sursaut nationaliste rassembleur, ont à une époque donnée de leur histoire, signé d’une pierre blanche, leur destin ; ils organisèrent une Journée Nationale de Pardon (JNP), gage d’un développement continu, le 30 mars 2001.

La mémoire des peuples de la terre demeure consultable à souhait ; il ressort de nos sociétés que le pardon consensuel de deux parties ou de plusieurs se scelle toujours devant témoins ou collège de sages représentatifs sous l’arbre à palabre .

Après les mea culpa sincères, sans hypocrisie des parties, suivent généralement les gestes de réparations multiformes et d’échanges de symboles en souvenir de l’apaisement des cœurs.

Le pardon loin d’être une lâcheté ou de la faiblesse, est plutôt salué à sa juste valeur et son fruit profitable aux acteurs, à la société initiatrice, à leurs enfants et aux enfants de leurs entants. Malgré le bon sens que présente cette société, deux cent quinze Burkinabè dont l’intégrité a été bafouée, et l’avenir de leur progénitures hypothéqué, lancent vainement leur cri de détresse. Nous espérons a la reconduction de mesures d’accompagnements à notre situation non pas à titre posthume, mais des mesures favorables à toutes les parties.

Nos enfants ont droit, comme tout autre enfant burkinabè au bien-être, à la santé et à l’éducation concédés par la société, garante des droits et devoirs universels. Deux cent quinze (215) burkinabé au départ, à qui leurs répondants refusent encore de délivrer des documents administratifs qui leur auraient permis de vendre leurs services ou expériences ailleurs, voient leur survie s’effriter au jour le jour.

L’usure du temps et le désespoir aggravant, vingt huit (28) des deux cent quinze (215) et quatre vingt quatre (84) des ayants droit nous ont devancé là où va tout homme sans retour, riche ou pauvre (paix à leurs âmes). Nous ne devons pas échouer quant à la préparation de la relève, abandonnant à la société future, des hommes fantomatiques ( malnutris, traumatisés), déculturés et irresponsables. A cela nous répondrons du déséquilibre planétaire qui pourrait en résulter, BIaise Compaoré payant le plus lourd tribut en son titre de premier magistrat pour son aphonie, sa surdité et sa cécité apparentes à ce crime socio-économique dont nous avons été l’objet.

« Plus un arbre est long à pousser, moins il faut tarder à le planter ». (Extrait de votre citation au soir du 30 mars 2001, reprise dans un de mes cris de détresse paru dans le « Pays » n° 2819 du 20/02/03). Dans notre contexte, nos enfants sont ce plant vert qu’il faut privilégier, planter pendant qu’il est encore temps.

Cette frange de 215 Burkinabé connaît bien de nuits blanches à chaque veille de rentrée scolaire, des gorges nouées au moment où se dressent des arbres de Noël. Elle se mesure chaque jour que Dieu fait, au quotidien confondu au parcours de combattants.

De cet élan patriotique résiduel, ils ont beau prêter attention aux signaux forts lancés par la CENI sur la citoyenneté responsable, hélas, comme ventre affamé n’a point d’oreilles, la raison semble inexistante dans le vocable humain.

Combien de concitoyens peut-on déchiffrer dans leur village ? Perdu, pardon, impossible n’étant pas burkinabè, le Faso pourrait encore se reconstruire sur la base des grands chantiers à venir, si et seulement si, vous le désirez.

DARGA Y Ahmed,
Contrôleur à l’ex-RNTC X9
Tel : 76 64 69 10
dayaaho@yahoo.fr

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