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Elections en Afrique : la paix sociale doit primer sur tout

Publié le lundi 24 octobre 2005 à 08h22min

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Les récits pathétiques et les images insupportables des pauvres noirs de l’Afrique subsaharienne, candidats à l’émigration clandestine coincés entre le Maroc et l’Espagne, n’ont pas éclipsé l’actualité nationale dans des pays comme le Liberia la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso pour ne citer que ces Etats.

Au Liberia comme au Burkina Faso, il n’est question ces jours que de campagne électorale pour élire le président de la République alors qu’en Côte d’Ivoire, on s’y essaie, depuis longtemps, en vain.

Prévue pour se tenir le 30 octobre de cette année, l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire a été reportée à l’année 2006 pour ne pas dire aux calendes « ivoiriennes ». Parce que les Ivoiriens et avec eux, la communauté internationale se sont rendus à l’évidence qu’aucune consultation électorale, encore moins la présidentielle, ne peut être organisée en Côte d’Ivoire dans le climat actuel de ni paix ni guerre que vit ce pays. Une guerre civile, vieille maintenant de trois ans, déchire la patrie de Houphouët-Boigny pour cause, entre autres, de difficultés de cohabitation inter-ethniques, de régionalisme avec tout ce que cela suppose comme intolérance, injustices, déchirures sociales.

Pour réconcilier les Ivoiriens qui ont choisi les armes pour résoudre leurs contradictions, la communauté internationale leur a choisi une toute autre voie : une élection présidentielle aux résultats incontestés et incontestables à la différence du scrutin « calamiteux » qui a conduit en l’an 2000 Laurent Gbagbo à la tête de l’Etat ivoirien. Aujourd’hui, on en est encore à se demander de quoi demain sera fait dans ce pays.

Cet exemple ivoirien nous montre à souhait toutes les difficultés que nombre de pays africains rencontrent dans l’acceptation de la démocratie libérale comme système de gestion politique. Des pesanteurs culturelles, sociales et politiques ainsi que de nombreux intérêts, notamment économiques tant intérieurs qu’extérieurs, s’y opposent. Dans le passé, Houphouët-Boigny, un homme aux pouvoirs tout puissants sinon absolus avec un parti à sa dévotion, dirigeait le pays qui ne jurait que par lui. Aujourd’hui, c’est le trop plein de candidats au « trône » et malheureusement aussi la guerre.

Le Liberia voisin a lui aussi, connu la guerre civile du fait de la dictature criminelle de ses premiers responsables. Pendant quatorze (14) ans, les Libériens se sont entretués pour satisfaire les intérêts et la folie de quelques individus en quête de gloire et de richesses. Aujourd’hui, ils sont conscients qu’il faut tourner la page et se tourner résolument vers la paix à travers la réconciliation nationale et la reconstruction de leur pays ravagé mais avec suffisamment de ressources humaines et matérielles pour le développer.

Quant au Burkina Faso où la population est appelée le 13 novembre prochain à élire celui qui, pendant cinq ans, va gérer le pays, il n’a pas, contrairement à la Côte d’Ivoire et au Liberia, de ressources naturelles qui poussent à l’envie ou à la jalousie, bien au contraire. Il n’est riche que du courage et de l’ardeur au travail de ses habitants. Depuis le 22 octobre dernier, les douze (12) candidats à la magistrature suprême parcourent le pays pour vendre leurs projets de société pour un Burkina Faso plus heureux, plus prospère.

A la différence de la Côte d’Ivoire et du Liberia, le Burkina Faso n’a pas connu la guerre. Il a, par contre, traversé plusieurs crises sociopolitiques plus ou moins graves dans son histoire. Les Burkinabè comme les Ivoiriens et les Libériens en sont venus à comprendre et à accepter que la première des richesses d’un peuple, c’est la paix sociale. C’est certainement une des raisons pour lesquelles ils en appellent au renforcement du processus démocratique, facteur de développement même si certains d’entre eux, pour des calculs machiaveliques, préfèrent tout le contraire.

En Côte d’Ivoire comme au Liberia et au Burkina Faso, il y a, malheureusement, des résistances aux processus démocratiques alors qu’on nourrit l’espoir que l’Afrique a tourné le dos à cet état de chose. Dit autrement, il faut empêcher tout ce qui peut étouffer les revendications populaires et agir dans le sens du renforcement de la culture démocratique. L’élection n’est qu’un moyen pour atteindre cet objectif et rien d’autre.

Par Bessia BABOUE
Sidwaya

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