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Norbert Michel Tiendrébéogo du FFS : “Je suis le candidat de l’alternance”

Publié le lundi 24 octobre 2005 à 08h16min

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A 50 ans, Norbert Michel Tiendrébéogo croit véritablement à ses chances d’être président présidentiel au soir du 13 novembre. Ce cadre de banque, ancien militant actif des Comités de Défense de la Révolution - CDR (1984-1987) se définit comme le candidat de la jeunesse avec laquelle il espère réaliser l’alternance.

Sidwaya (S) : Quelle est le stratégie de campagne du FFS (Front des forces sociales) ?

Norbert Michel Tiendrébéogo (N.M.T.) : Notre stratégie est simple. Nous agissons selon nos moyens et évitons d’avoir la grosse tête. Elle est bâtie autour d’une campagne de proximité. Nous allons de porte en porte depuis assez longtemps. Cette stratégie a fait ses preuves et nous ne voyons pas pourquoi il en sera autrement. De plus, nous organisons des assemblées générales dans la plupart des secteurs de Ouagadougou et des autres villes du Burkina. Le clou de tout cela est la dizaine de meetings que nous allons tenir dans plusieurs grandes villes du pays. A partir du 29 octobre, nous y organiserons un meeting tous les jours. Nous commencerons dans l’un des départements du Houet (Bama). Nous sommes persuadés que les populations attendent impatiemment cette rencontre avec leur candidat. Nous sommes prêts à répondre à leurs attentes.

S. : Croyez-vous qu’avec une telle stratégie, vos chances d’occuper le fauteuil présidentiel sont grandes ?

N.M.T. : Nous refusons de nous comporter comme Blaise Compaoré et son CDP (Congrès pour la Démocratie et le Progrès). Ils sont au pouvoir et bénéficient de tous l’appareil d’Etat et des rapines qu’ils ont orchestrées depuis maintenant 18 ans.

Nous n’avons pas ce trésor de guerre et allons avec nos moyens qui, je le répète, sont utilisés à bon escient. Nous voulons atteindre les objectifs fixés en y allant avec beaucoup d’intelligence : contribuer efficacement avec l’ensemble de l’opposition burkinabè à la réalisation de l’alternance.

S. : D’après vous, l’idéologie sankariste est-elle compatible avec la démocratie ?

N.M.T. : L’idéologie sankariste est loin d’être communiste. Thomas Sankara l’a dit lui-même au moins deux fois, qu’il n’était pas un communiste. Il faut voir dans le sankarisme, une voie médiane entre le socialisme et les réalités africaines. Celles-ci reposent d’ailleurs sur le besoin de vivre ensemble, de partager, de se considérer mutuellement, de distribuer équitablement les ressources nationales entre tous les citoyens sans discrimination. Voilà ce qu’est le sankarisme et pas plus ! N’allez-vous pas chercher dans le communisme, le socialisme ou le libéralisme sauvage.

S. : Vous proposez aux Burkinabè une fois assis sur le fauteuil présidentiel, de reconstruire le Burkina Faso. Avec quels moyens allez-vous vous y prendre pour réaliser de telles ambitions ?

N.M.T. : Je voudrais savoir avec quels moyens Blaise Compaoré et son CDP qui se battent depuis 18 ans mais sont incapables de construire notre pays disposent ! Bien au contraire, il l’a détruit. Voilà pourquoi, nous voulons le reconstruire. La Révolution démocratique et populaire a laissé des acquis certains qui ont tous été détruits. Nous voulons reconstruire tout cela.

S. : D’accord, mais cela nécessite que vous mobilisiez en conséquence les moyens nécessaires ?

N.M.T. : Avec quels moyens ? Il y a le budget de l’Etat et les relations du Burkina Faso qui sont loin d’être celles de Blaise Compaoré.

La reconstruction se fera sur la base d’une juste répartition du budget. La priorité va être accordée à certains secteurs stratégiques et sociaux au détriment des dépenses de prestige, d’un individu ou d’un clan.

S. : Pouvez-vous évoquer les grands chantiers du Programme de reconstruction nationale (PRN) ?

N.M.T. : Les axes stratégiques de mon quinquennat s’articulent autour des trois grands chantiers qui sont définis dans le programme de reconstruction nationale PRN). Il s’agit de la jeunesse avec son corollaire, la situation de la femme et de la jeune fille. Il y a en outre, la fierté de notre pays, ses relations avec l’extérieur notamment avec les pays voisins et enfin, la sécurité du peuple burkinabè. Que ce soit l’insécurité sur les routes, ou dans les camps de gendarmerie et de police, que ce soit le travail de certains commandos en ville et surtout la sécurité sanitaire, ce sont autant d’aspects auxquels le nouveau président va s’attaquer si le peuple m’accordait sa confiance. Ce sont des chantiers prioritaires que nous nous devons de combattre.

S. : Avez-vous un message à lancer à votre électorat ?

N.M.T. : Je dirai au peuple burkinabè et en particulier, à la jeunesse que le 13 novembre est un tournant décisif pour le Burkina. Si nous voulons nous inscrire véritablement dans le concert desnations en développement, nous devons nous débarrasser de ce régime qui tire le Burkina en arrière depuis 18 ans. Je veux avancer avec la jeunesse. C’est pourquoi, je l’invite à voter Norbert Michel Tiendrébéogo le 13 novembre.

S. : Un militant du FFS lors d’une rencontre a exprimé ses inquiétudes du fait que souvent, certains opposants une fois assis sur le fauteuil présidentiel, deviennent plus corrompus que leur prédécesseur. Alors, vous en tant que sankariste, quel traitement réservez-vous à ce phénomène ?

N.M.T. : Je suis farouchement opposé à la corruption. Lisez le programme de reconstruction nationale et vous verrez. Si je suis élu président du Faso, ensemble nous l’éradiquerons en moins d’une année. Si avec le président Thomas Sankara, cela a été possible, soyez certain qu’avec Norbert Michel Tiendrébéogo, nous irons peut-être plus rapidement. Je vous le garantit, les corrompus vont me trouver sur leur chemin. Nous sommes contre ce phénomène et avons conscience de son rôle dévastateur pour un pays et son peuple.

Nous allons nous y attaquer de façon tranchée.

Par ailleurs, j’exhorte les populations à voter selon leur conscience et non pas à se contenter des t-shirt ou des 1000 et 5000 F que leur donnent certains candidats. Le Burkina ne se construira pas par ça. Quelqu’un vous donnera 5000 F aujourd’hui et vous fera peiner pendant cinq ans de règne. Je crois que la différence est toute faite.

S. : Le PRN évoque également la réforme de l’administration publique et de réorganiser les forces de sécurité. Concrètement, comment cela va se réaliser ?

N.M.T. : Nous avons proposé des solutions concrète, dans le sens de la réforme des forces de sécurité dans le PRN. Nous recruterons 2000 nouveaux agents de sécurité par an durant un quinquennat. Ces agents d’un type nouveau, formés dans le moule du respect des droits humains et du sens sacré de la vie humaine, contribueront efficacement à la lutte contre la criminalité, à assurer la quiétude des Burkinabè et à l’éducation civique et citoyenne avec la contribution du peuple.

S. : ... et l’administration ?

N.M.T. : Il faut rapprocher l’administration des administrés. Contrairement à ce qu’on voit aujourd’hui où des citoyens peuvent parcourir une vingtaine de kilomètres pour se faire délivrer des documents administratifs.

On doit changer cela, tout comme nous n’admettons pas qu’un citoyen parcourt une longue distance pour régler un problème administratif ou se faire soigner. Les agents qui représentent l’Etat doivent avoir les possibilités de prendre des décisions sans avoir à se référer à leur hiérarchie. Car cela freine les prises de décisions et empêche les populations de vaquer à leur occupations. Comment peut-on laisser son champ 2 à 3 jours parce qu’on poursuit un acte de naissance ?

S. : Vous êtes vêtu en Faso dan fani. Que représente cet accoutrement pour le candidat Tiendrébéogo ?

N.M.T. : C’est une pensée pieuse à l’endroit du président Sankara et aussi notre désir de contribuer à la réalisation de ce mot d’ordre : « Produisons et consommons burkinabè ». Nous sommes persuadés que le coton bien traité peut aider le Burkina Faso à sortir de l’ornière, ce qui est contraire à la pratique actuelle qui consiste à occuper les surfaces emblavées de coton, rien que pour l’exportation. Or, ce coton peut être transformé sur place par des Burkinabè. Si nous arrivons au pouvoir, la pratique va changer sans contraindre les gens à porter du Faso dan fani, nous allons les amener petit à petit à avoir de l’engouement pour cette tenue spéciale.

S. : Que feriez-vous pour donner du travail à la jeunesse qui représente 60% des Burkinabè ?

N.M.T. : Toutes les entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions de F CFA/an seront amenées à recruter annuellement deux jeunes diplômés. Tout départ à la retraite sera immédiatement compensé par le recrutement d’un jeune travailleur.

Nous avons plus de 1000 entreprises au Burkina qui ont un chiffre d’affaires dépassant de loin 100 millions de F CFA. Ensuite, nous allons organiser les jeunes dans les travaux sur les grandes plaines d’irrigation : les groupements d’intérêts économiques (GIE) seront un cadre d’épanouissement et de promotion de la collectivité.

Nous comptons dans cette perspective, au bout des cinq ans, atteindre 600 mille emplois rémunérateurs dans les plaines irriguées. Je crois que le pouvoir en place, en 18 ans, de règne n’a pas pu offrir la moitié au Burkinabè. Si nous parvenions à réaliser cet objectif, alors le jeunesse comprendra que son sort est en train de se délier.

Entretien réalisé par S. Nadoun COULIBALY (coulibalynadoun2002@yahoo.fr)
Sidwaya

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