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Présidentielle 2005 : 3 candidats, 3 fortunes

Publié le vendredi 21 octobre 2005 à 08h44min

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Blaise COMPAORE et le CDP sont toujours en pole position à travers les 13 régions du Burkina Faso. Faso baromètre II nous permet de jeter un regard critique sur les forces et les faiblesses de trois des candidats à la course pour le fauteuil présidentiel, à savoir Ram OUEDRAOGO, Blaise COMPAORE et Bénéwendé SANKARA.

Blaise COMPAORE, plébiscité par le sondage

Le deuxième sondage du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a cette fois-ci pris en compte les 13 régions du Burkina Faso. Les résultats confirment bien ceux du précédent qui s’était limité seulement à la ville de Ouagadougou.

Un sondage, faut-il le rappeler, est une photocopie de l’opinion à un temps « T ». Comme l’a si bien dit le CGD : « c’est une photocopie de l’opinion à un moment donné, qui peut-être mesurée plusieurs mois, plusieurs années avant le scrutin ou à la veille de celui-ci ».
Si le sondage permet d’avoir une idée un peu plus précise sur l’objet, en ce qui concerne des élections, il offre des information précieuses aux candidats et peut inciter les électeurs à plus d’intéressement au scrutin.

Ainsi, pour les acteurs du jeu politique et de la gouvernance, le sondage ne peut qu’être d’une grande utilité, eux qui pour se donner les atouts du succès sont désireux de :
- modifier les perceptions des électeurs ;
- d’accroître leur notoriété ;
- d’améliorer leur image ;
- de mesurer le degré de satisfaction ou d’insatisfaction vis-à-vis de leur action.
Si le premier essai du CGD a été l’objet de critiques acerbes de la part des mauvais « classés » des leaders politiques, il n’en demeure pas moins qu’il a été d’un grand intérêt pour beaucoup et cela se ressent dans les actions des uns et des autres. Les états-majors de certains candidats à la présidentielle ne diront pas le contraire. Ce deuxième essaie qui semble une confirmation du précédent vient conforter l’opinion sur le sérieux du travail du CGD.

Blaise COMPAORE et le CDP toujours en tête du peleton

La confirmation de la position du candidat CDP et de son parti mérite quelques réflexions. Ceci n’est pas le fait du hasard ou de la volonté d’un quelconque mortel.
A Ouagadougou comme en province ou dans les villages, le CDP et Blaise COMPAORE sont connus et leurs actions appréciées à leurs justes valeurs. En effet, le sondage révèle qu’en notoriété spontanée, les répondants à, 80,8% des sondés citent volontiers le CDP, suivi par l’ADF/RDA (54,4%).

Pour la notoriété suggérée, ce qui a consisté pour l’enquêteur à proposer une liste de partis (18) et à demander au répondant s’il connaît ou pas le parti cité, le CDP est toujours en tête avec 96,7% suivi de l’ADF/RDA avec 87,3%.

Quant à la capacité, le CDP est toujours en tête avec 80%, suivi de l’UNIR/MS avec 0,0%.
Au niveau des intentions de vote/spontanées pour la présidentielle du 13 novembre, le candidat Blaise COMPAORE arrive largement en tête avec 67,4% suivi de Bénéwendé SANKARA avec 3,7%. Le vote suggéré place encore Blaise COMPAORE en première position avec 68,7%.
Le candidat ayant de plus de chance être élu, c’est encore Blaise COMPAORE avec 75,6%.

Mais pourquoi cette « percée » du CDP et son candidat ? On peut d’abord retenir que le CDP est un grand parti, « représenté dans le plus petit hameau du Burkina », comme aime le répéter, son directeur de campagne, Salif DIALLO. Parti au pouvoir, il a un bilan à faire prévaloir, bilan du reste jugé positif et dont les « effets » sont visibles à travers tout le pays.

La bonne organisation du CDP et son bilan à la tête du pays plaident donc en sa faveur et suscitent une réaction spontanée de vote pour son candidat. Quant au candidat lui-même, personne ne peut douter de son aura qui est de plus en plus grandissant quoique ses opposants oeuvrent à ternir son image. Il est reconnu homme de paix, de tolérance et de justice. A ce propos d’ailleurs, nous avons encore en mémoire les propos de cette femme qui disait : « si ce n’est pas Blaise, je ne vois pas un président qu’on insulte tous les jours dans les journaux et il ne dit rien.

Ailleurs on enferme les journalistes pour un oui ou un non... ». C’est là une appréciation partagée par de nombreux Burkinabè en ville comme en campagne qui pensent que ces vertus qui incarnent l’homme sont les ferments de la stabilité et du développement que connaît le pays depuis un certain temps où le même homme lui a ouvert les voies de la démocratie. C’est donc dire que son bilan et sa personnalité plaident en faveur du candidat COMPAORE et son parti.

Bénéwendé SANKARA, candidat sérieux

L’UNIR/MS et son candidat se présentent au regard des résultats des deux sondages, comme de sérieux challengers pour le CDP et son candidat Blaise COMPAORE, même si le « fossé est grand ». En effet, le vote spontané pour la présidentielle place Me SANKARA (3,7%) loin derrière Blaise COMPAORE (64,7%). Au niveau de la capacité des partis, l’UNIR/MS vient en 2e position après le CDP avec 0,0%, le reste des partis ayant un solde négatif.

Pour ce jeune parti, les résultats des deux sondages sont bons pour le moral et suscitent certainement une dose de jalousie de la part des « vieux briscards », comme l’UNDD, le PAI, le FFS, le PDP/PS et autres. Cette deuxième position de Me SANKARA derrière Blaise COMPAORE peut s’expliquer par des raisons plus ou moins objectives. L’idéal Sankariste que l’UNIR/MS défend fait toujours recette. Les bienfaits de la RDP que beaucoup semblent attribuer à la seule volonté du président du CNR d’alors charment et les nostalgiques de la Révolution croient que seul ce parti est capable de mener la lutte pour le triomphe de cet idéal.

A côté de cette donne, on peut dire que Me SANKARA, avocat a pu se faire un nom dans la défense de certains dossiers en justice.

Son discours politique acerbe à l’endroit du pouvoir en place enchante une certaine jeunesse en manque de repère, découragé par les arguments d’une opposition qui semble ne pas savoir où elle va. En tous les cas, l’UNIR/MS et son candidat ont du travail. En politique le discours est d’un, les actes sont autres ; voilà pourquoi les gens ne se laissent pas facilement prendre par les chants de sirènes. Le candidat de l’UNIR/MS et l’un de « Alternance 2005 » en est conscient et prend au sérieux les sondages du CGD qu’il espère battre en brèche au soir du 13 novembre.

L’écologie politique se cherche une voie

Ram OUEDRAOGO était pourtant bien parti pour être le challenger de Blaise COMPAORE. En effet, 2e à la présidentielle de 1998 avec environ 6% des voix, il aurait peut-être pu se mieux positionner dans le sondage si un travail sérieux de communication et d’occupation de « son terrain » avait été fait.

Malheureusement, la crise est passée par là, qui a ébranlé la maison des Verts. Le premier écolo-politique a dû abandonner son « calypso » (son parti « les Verts du Burkina ») pour aller s’en « fabriquer » un autre, en janvier 2003, le Rassemblement des écologistes du Burkina (RDEB). Le RDEB n’a que deux ans d’existence. Ce n’est donc pas étonnant qu’il soit mal loti en matière de notoriété.
Pour la présidentielle, le sondage révèle qu’au niveau du vote suggéré seulement 0,12% votera pour Ram OUEDRAOGO, très loin derrière les autres candidats.

La crise dans la famille des Verts du Burkina a donc sérieusement handicapé le « père » de l’écologie politique au Burkina Faso. Un immense travail reste à faire. Le 13 novembre sera sans doute une autre expérience pour Ram OUEDRAOGO.

Au regard de tout ce qui précède, on peut dire que les candidats ont des fortunes diverses même si les résultats du sondage ne sont qu’indicatif. A chacun d’en faire bon usage. Dans tous les cas, le 13 novembre, ce ne serait plus un sondage mais des urnes et là, les résultats sont engageants et décisifs !

Par Ben Alex Béogo
L’Opinion

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