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Me Hermann Yaméogo : "Notre désobéissance civile se veut pacifique"

Publié le vendredi 21 octobre 2005 à 08h48min

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Quelle forme prendra la désobéissance civile prônée par
Hermann Yaméogo, président de l’UNDD, pour protester contre
la candidature de Blaise Compaoré ? Elle se veut pacifique et
consistera à inviter les militants et sympathisants du parti à aller
retirer leur carte d’électeur, a indiqué le candidat non partant au
cours d’une conférence de presse donnée hier à son domicile.

Quelles sont les raisons qui ont poussé l’UNDD à prendre la
décision de se retirer de la course à la présidentielle ? Deux,
essentiellement, selon le parti : la violation de la Constitution et l’
échec de l’ informatisation du fichier électoral. L’UNDD dit ne
pas vouloir, en allant à cette élection, cautionner la candidature
de Blaise Compaoré. Elle n’entend pas suivre comme un
mouton de Panurge, et aller au sacrifice.

Cette décision de
retrait n’est-elle pas liée au sondage du Centre pour la bonne
gouvernance démocratique (CGD), qui classe le parti de Me
Hermann pratiquement à la traîne ? Réponse de l’opposant : "Je
ne suis pas quelqu’un à se laisser émouvoir par un sondage.
(...) Je ne vais pas à l’élection uniquement à cause d’un
sondage". Pour Me Hermann Yaméogo, assurance leur avait été
donnée qu’il n’y aura pas de doublons sur le fichier électoral
informatisé et que tout sera parfait.

Avec ce fichier "bordélique",
comment voulez-vous "qu’on aille à une élection crédible ? Partir
à cette élection, c’est valider la candidature de Blaise Compaoré
et la légitimer", déclare Me Hermann.

"L’organe judiciaire laisse à désirer"

N’est-ce pas là refuser de se conformer à une décision de
justice, en se retirant ? "Tout le monde sait que l’organe
judiciaire laisse à désirer, dit-il. (...) Il y a la pression du parti au
pouvoir." Pour Me Hermann Yaméogo, il y a des dispositions de
la Constitution qui permettent de contester des organes
exécutifs et législatifs.

Quelle a été la réaction des autres
candidats de Alternance 2005, à l’annonce de son retrait ? "On
s’en est expliqué à la réunion du Bureau exécutif national (BEN)
de Alternance 2005", souligne le président de l’UNDD, qui relève
que sa décision est libre et souveraine. "C’est une décision,
déclare-t-il, mûrie et responsable, liée à des engagements pris
dans le cadre de Alternance 2005, engagements au terme
desquels ils se refusaient d’accepter la candidature de Blaise
Compaoré et appelaient à la combattre par tous les moyens
légaux et constitutionnels". Si la décision de Me Hermann
Yaméogo peut être perçue comme une capitulation, lui, en
pense autrement. "Parmi les hommes politiques, pas un seul
n’a subi le tiers de ce que j’ai subi. Et pourtant, ajoute-t-il, je
continue de parler avec force, conviction et détermination. Ce
n’est pas cet homme-là qui jette l’éponge".

Le président de
l’UNDD qui dit ne pas reconnaître les Burkinabè par leur
passivité, les invite à redevenir "des hommes capables de
refuser l’oppression". "Chacun sera comptable devant l’Histoire".
Loin d’être donc une capitulation, selon lui, "c’est une invite à un
combat pour réhabiliter la démocratie".

"Ce n’est pas de la capitulation"

L’annonce de son retrait de la course n’intervient-elle pas trop
tard ? Réponse du candidat non partant : "Il fallait attendre la
décision du Conseil constitutionnel pour prendre la mienne. Si
j’avais réagi plus tôt, on aurait dit que j’ai réagi par anticipation".

Quelle forme va prendre son appel à la désobéissance civile ?
Après avoir indiqué que dans la Constitution, il y est inscrit le
droit à la désobéissance civile, il a annoncé que la première
forme de cette désobéissance sera de refuser la violation de
l’article 37, et la décision du Conseil constitutionnel.

La
seconde : inviter tous les militants et sympathisants du parti à
aller retirer leur carte d’électeur. Précision de Me Hermann :
"Notre désobéissance civile se veut pacifique". Quel est son
avenir politique, après une telle décision ? "Un avenir politique
fait toujours de douleurs et de persécutions", rétorque-t-il.

Au
cours de la conférence de presse, il a évoqué un problème
social : l’augmentation du prix du carburant.

A propos de la flambée du prix du carburant

Quelle est la proposition du parti, pour réduire la flambée du
prix du carburant ? Selon l’UNDD, l’Etat qui a trouvé un moyen
facile de faire des recettes, doit baisser la taxe sur les produits
pétroliers pour alléger le fardeau des populations. Autre
proposition du parti : penser à l’utilisation des énergies
renouvelables. Si l’utilisation de l’énergie solaire, au départ,
coûte cher, elle est économique, à terme, selon le parti. Et
Hermann Yaméogo de dénoncer, personnellement, à ce sujet,
"la politique anti-sociale du pouvoir".

En réaction à l’appel des
anciens du CODECO à "désobéir à la désobéissance civile", Me
Hermann s’étonne que des anciens du CODECO s’impliquent
dans une telle affaire, " s’ils ne sont pas encore l’objet
d’instrumentalisation. Dans tous les cas, c’est la triste image
qu’on donne de la démocratie au Burkina Faso".

Par Cheick Beldh’or SIGUE
L Pays

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Vos commentaires

  • Le 21 octobre 2005 à 22:17, par pas utile En réponse à : > Me Hermann Yaméogo : "Notre désobéissance civile se veut pacifique"

    J’ai du mal à imaginer la position de Monsieur YAMEOGO qui en appelle à la désobéissance civile.
    Il a du mal à cacher ses accords secrets avec le Président sortant en appelant à une telle désobéissance.
    De grâce, pas de confusion avec la position adoptée par Monsieur GANDHI en face des anglais.
    Le Burkina Faso a besoin de tous et Monsieur COMPAORE, avec ses qualités et défauts ne peut tout de même pas être assimilés à ces anglais colonialistes.
    Alors, Monsieur YAMEOGO, arrêtez de distraire le peuple digne du Burkina Faso.

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