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Santé publique : Une éclaircie à Yalgado

Publié le vendredi 21 octobre 2005 à 08h22min

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Un ex-pensionnaire de l’hôpital Yalgado-Ouédraogo, qui en avait gros sur le cœur des prestations jugées calamiteuses de cet établissement, a fait parvenir à notre rédaction un écrit dans lequel il salue la qualité du service dont il a bénéficié. Il donne ici les raisons de ses éloges à l’endroit de cette structure sanitaire.

C’est connu, le Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo (CHUYO) de Ouagadougou ne jouit pas d’une bonne réputation du fait du spectacle désolant qui le caractérise quand on y met pied et aussi de certaines pratiques déplorables quand on y séjourne.

Tant et si bien que la quasi-totalité des opinions qui sont exprimées dans la presse au sujet de cet établissement hospitalier sont stigmatisantes à son endroit. J’avoue que l’année dernière j’avais voulu écrire moi-même pour dénoncer certaines pratiques que j’ai constatées personnellement lorsque ma maman y avait été hospitalisée. J’étais très révolté à telle enseigne que je m’apprêtais à "vociférer" pour exprimer les critiques les plus virulentes et les plus acerbes possibles à l’égard de cet hôpital.

Par exemple, le jour du décès de ma maman, qui n’a malheureusement pas survécu, nous avions acheté des médicaments à des montants très élevé. Il y avait même un produit que nous avions cherché en vain dans toutes les pharmacies de la capitale.

C’est un travailleur de l’hôpital qui possédait ledit produit qui est venu vers nous pour nous le vendre sous le manteau à un coût prohibitif. Mais comme c’était une question de vie ou de mort, nous avons consenti le sacrifice financier pour l’acheter. J’évite de donner les montants car l’important n’est pas cela. Le problème c’est que quelques instants après, notre maman a rendu l’âme, sans que les médecins n’aient pu utiliser lesdits produits sur la pauvre.

J’ai cru alors qu’on allait nous les restituer pour que nous en fassions don à qui nous voudrions, de préférence à des gens moins nantis que nous. Constatant donc que les médicaments ne nous seraient pas rendus, j’ai voulu en bon intellectuel, les réclamer pour en faire don à quiconque, mais ma famille (la bonne vieille famille africaine) m’en a empêché, trouvant cela indécent vu que nous avions en face de nous le cadavre de notre mère.

Elle m’a prié de laisser tout entre les mains de Dieu. Et une tante qui me savait capable d’écrire là-dessus m’a prié instamment de ne jamais rien écrire à ce sujet. J’ai donc sursis à ma décision de réclamer les médicaments, et à celle d’écrire dans la presse.

C’est un exemple déplorable que nos avons vécu, parmi tant d’autres, durant la semaine d’hospitalisation de notre chère maman. Je pourrai en conter d’autres sur des pages entières de votre journal. Comme nombre de Burkinabè, c’est donc une très mauvaise image que j’avais de notre hôpital national jusqu’au mois de juillet dernier où j’ai moi -même été hospitalisé pour cause d’hémiplégie.

Neurologie - Cardiologie : Des services exemplaires

Et voilà que je découvre des services différents de ceux que j’ai toujours connus à l’hôpital Yalgado-Ouédraogo. Il s’agit des services de neurologie et de cardiologie qui s’occupaient, les deux à la fois, de moi. Quand j’y ai été admis, je me suis cru au début en Europe au regard des faits suivants :

d’abord l’accueil, la gentillesse, et la courtoisie des médecins à l’égard des malades ; leur façon de vous "guérir" déjà moralement et psychologiquement lorsqu’ils passent de lit en lit pour les visites de routine aux malades. J’étais ébahi et n’en revenais pas, car dans plusieurs autres services de cet hôpital, il n’y a point d’égard pour les malades. C’est plutôt le mépris voire le rudoiement.

J’ai cru au début que leur égard était uniquement pour moi compte tenu de ma profession et de mon statut. Mais que non ! J’ai constaté que tous les malades, sans exception, avaient droit à la même attention. Ensuite, il y a la tenue des lieux. Une propreté exemplaire. C’est l’un des rares endroits de Yalgado où l’on peut manger sans avoir des nausées.

J’oubliais. Fait surprenant, le personnel soignant (infirmiers et autres aides-soignants) est également courtois à l’égard des malades, à l’image des médecins. Et curieusement, ces deux services de neurologie et de cardiologie sont gérés par des médecins qui portent tous les deux le nom Kaboré et le prénom Jean, même si chez l’un le prénom est accompagné d’un Paul. L’un est assez calme et gentil, l’autre est plein d’humour pour détendre les malades. Je ne m’explique pas la coïncidence de ces noms mais c’est tant mieux pour les malades.

Une exception dans cet hôpital

Je ne sais pas si cela est lié à la nature des maladies dont s’occupent les deux services de neurologie et de cardiologie, mais j’ai trouvé là une exception à l’hôpital Yalgado. C’est une éclaircie dans l’obscurité et je voudrais par le présent point de vue, la saluer.

L’unique lacune que j’ai constatée dans ces services est liée au personnel de surface, c’est-à-dire les femmes qui nettoient les lieux. Elles ne se rendent pas compte qu’elles sont dans un hôpital (peut-être par ignorance). Elles entrent brutalement dans les salles d’hospitalisation au petit matin (au moment même où certains malades commencent à trouver le sommeil), chassent sans ménagement ceux qui sont au chevet des malades afin de procéder au nettoyage.

Elles se comportent "en reines" et se montrent parfois malpolies quoiqu’elles fassent un bon nettoyage. Bref ! Cette petite lacune n’entache en rien la bonne image que j’ai eue de ces services. Les écrits et les critiques se fondent généralement sur de mauvais exemples dans le but de permettre aux responsables de redresser ce qui est tordu.

Mais comme j’ai trouvé une bonne image des services compétents, j’écris pour féliciter et saluer cette exception. Normalement, on n’a pas à saluer pareille situation, car c’est dans l’ordre normal des choses. Mais comme au Burkina c’est ce qui est normal qui constitue une exception, alors je me permets de saluer cette exception et d’encourager ce tandem neurologie-cardiologie.

J’écris pour dire qu’à Yalgado tout n’est pas aussi mauvais que je le pensais (que nous le pensions). J’écris surtout pour encourager les autres services de cet établissement où règnent le mépris des malades, et les invite à suivre l’exemple du personnel des services du Dr Jean-Paul Kaboré et du Pr Jean Kaboré. J’écris enfin pour encourager la Directrice du CHUYO à entreprendre les réformes à l’exemple de ces services.

Un ex-locataire de l’hôpital Yalgado-Ouédraogo

Observateur Paalga

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