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Missive à mon oncle

Publié le mercredi 19 octobre 2005 à 06h25min

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Ce qui est sûr, en fin novembre prochain, le Burkina aura son
nouveau président. Après les recours en annulation introduits
par certains opposants, la candidature de Blaise Compaoré a
été retenue par le Conseil constitutionnel. Le président sortant a
donc franchi les obstacles politiques et juridiques qui étaient
dressés contre lui.

D’ailleurs, l’opposition avait le pressentiment
du maintien de la candidature de Blaise Compaoré. Il ne reste
plus à cette opposition qu’à méditer les propos du président du
Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples.

Il
disait que le problème n’était pas de savoir si le président
sortant avait le droit de se présenter, mais celui de savoir
comment le battre. Nous suivons ici de près les difficultés de
nos frères ivoiriens à avoir un président.

Et nous nous posons la
question de savoir si les récentes décisions de l’ONU sur la
Côte d’Ivoire ne vont pas diviser davantage un pays fragilisé par
des chamailleries à n’en plus finir. Avec cette nouvelle situation,
la Côte d’Ivoire s’engage dans des palabres interminables.
C’est vrai qu’en Afrique, l’arbre à palabres était une forme très
élaborée de système judiciaire qui avait prouvé son efficacité.

Encore faut-il que les gens acceptent de s’asseoir sous le
même arbre et qu’une fois le verdict prononcé, on veille à son
exécution, et que chacun vaque à ses occupations qui
consistent à construire la cité. Ce qui n’est pas le cas
actuellement en Côte d’Ivoire.

Le pays ressemble plus à une
maison de singes dans laquelle se côtoient bâtisseurs et
démolisseurs. Sur ce point, l’ONU n’est pas encore au bout de
ses peines. La résolution tendant à maintenir Gbagbo à la tête
de l’Etat constitue, pour l’instant, un couteau à double tranchant,
surtout que cette résolution est d’inspiration française.

Or, la France est actuellement mal appréciée par les partisans
de Gbagbo. A supposer que Gbagbo consente effectivement à
s’effacer devant un Premier ministre aux pouvoirs étendus. Les
pro-Gbagbo qui occupent la rue d’Abidjan abandonneront-ils
pour autant leurs armes aux vestiaires ? Rien n’est moins sûr.

L’opposition qui fait du départ de Gbagbo une condition au bon
déroulement de la transition, va certainement exiger que le futur
Premier ministre soit issu de ses rangs, à défaut de pouvoir
mettre effectivement hors circuit l’actuel président.

Toujours
est-il que l’ONU ne devrait pas se contenter de belles paroles
sur les pouvoirs étendus du futur Premier ministre. Il faut les
consigner par écrit et surtout obliger à les respecter, sous peine
de sanctions.

Au stade actuel de la situation, on ne peut que
souhaiter bonne chance à la Côte d’Ivoire. Encore qu’il faille être
d’un optimisme mesuré.

En effet, si on devait recueillir toute la salive, toutes les larmes,
toute la sueur et tout le sang versés en Côte d’Ivoire, on devrait
pouvoir construire un château de la Paix aussi grand que la
basilique Notre-Dame de la Paix que Houphouët Boigny a
léguée pour servir de source d’inspiration à ses compatriotes.
Pour terminer, cher oncle, les femmes du Burkina, notamment
de Ouaga, ont récemment marché, dans le cadre de la Marche
mondiale des femmes, pour exiger moins de discrimination à
leur égard. Je ne sais pas si le même scénario a eu lieu en
Côte d’Ivoire.

Si elles ne l’ont pas fait, qu’elles se dépêchent de
s’exécuter car ce que femme veut, Dieu veut. Avant tout, ce sont
elles les premières à souffrir de cette crise. Encore faut-il que
les voix des femmes ivoiriennes soient à l’unisson. Certaines
d’entre elles (devine qui) se sont tellement octroyé des droits
qu’elles ont même dépassé la ligne rouge.

Ton neveu

Le Pays

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