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Oudalan : Une non-exécution de justice grosse de dangers

Publié le mercredi 19 octobre 2005 à 06h26min

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Pour parer à tout affrontement entre agriculteurs et éleveurs
dans un village de la province de l’Oudalan (région du Sahel), la
Justice avait ordonné, début 2004, l’expulsion d’agriculteurs
ayant occupé et défriché, à des fins agricoles une zone
pastorale.

Malheureusement, l’affrontement que l’on voulait
éviter risque de se produire, à en croire ce ressortissant de la
province, au regard de l’inexécution jusque-là de la décision du
Tribunal civil de Dori.

"Je viens par la présente requête solliciter vos colonnes pour
interpeller mes concitoyens et nos autorités administratives et
politiques sur un risque de conflits fratricides découlant de la
non-exécution d’une décision de justice.

Notre jeune Nation n’est-elle pas l’un des cas d’exception, nos
populations sont riches de la philosophie de la tolérance, qui
n’ait pas connu de fracture sociale résultant du clanisme et de
l’ethnocentrisme ?

Parmi les garants de cette paix, il serait hypocrite de ne pas
louer les efforts de cohésion sociale déployés par nos traditions
depuis la nuit des temps, sans oublier ceux des différents chefs
de Nation qui ont cultivé l’équité au sein des citoyens en se
refusant à favoriser quelque groupe ethnique que ce fût, au point
que chaque portion du territoire, proche ou lointaine se sentait
défendue dans ses intérêts citoyens.

L’objet de mon interpellation est d’attirer l’attention de nos
autorités, celle de nos sages et des associations de défense
des droits de l’Homme qui veillent sur l’éthique, sur la
récurrence depuis une décennie d’affrontements interethniques,
faisant dériver le Burkina vers le spectre du divisionnisme sur
des bases subjectives. Si la justesse des décisions judiciaires
est rarement remise en cause par les parties en litige, leur
application effective pose problème, et explique en partie les
dérives constatées.

Présentement se joue le drame d’un risque d’affrontements des
populations dans un village de la province de l’Oudalan malgré
le verdict rendu et devant être exécutoire du Tribunal civil de la
ville de Dori. Le différend porte sur une zone pastorale qui a été
défrichée à des fins agricoles sans respect des textes en la
matière. Le verdict ordonne l’expulsion des nouveaux occupants
des lieux depuis l’année 2003, période où les faits ont été portés
à la connaissance du Tribunal de Dori.

Le libellé du verdict donne à lire ce qui suit :
« Statuant publiquement, contradictoirement, en matière civile et
en 1er ressort... en conséquence, ordonne leur expulsion des
lieux... Par conséquent, le Burkina Faso mande et ordonne à
tous les huissiers de justice sur ce requis, de mettre à exécution
le présent jugement, aux chefs de juridiction d’Appel et des
Tribunaux de Grande Instance d’y tenir la main, aux
commandants et officiers d’y prêter main forte lorsqu’ils en
seront légalement requis... »

Hélas, du 20 janvier 2004, date de signature du verdict, en cette
veille de fin d’année 2005, la décision n’est pas exécutée.
Pourtant, le risque d’affrontement est grand, car les personnes
boutées, loin de s’exécuter, continuent paisiblement de cultiver
la zone sus-citée. Pire, ces occupants de nouvelles terres
s’arrogent le droit d’interdire la pâture aux éleveurs jouissant
légalement de cet espace.

Nous en appelons au sens de responsabilités des autorités
compétentes, de nos sages et des associations de défense
des droits de l’Homme, afin que le pire soit évité, pas
uniquement dans ce cas, mais dans tous ceux similaires où la
personne fautive nargue souvent ouvertement son vis-à-vis,
donnant l’impression que certains citoyens seraient au-dessus
de la loi. Or, sans respect de la loi, c’est le règne de l’anarchie
dont une des moindres manifestations est la violence."

Un ressortissant de l’Oudalan

Le Pays

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