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Afrique : Toujours un creux dans l’estomac

Publié le mardi 18 octobre 2005 à 07h56min

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La FAO, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, ne peut que faire l’amer constat : 843 millions de personnes dans les pays en développement et en transition, continuent de souffrir de faim, et plus d’un milliard d’êtres humains vivent avec moins d’un dollar par jour.

Inacceptable que dans un monde d’abondance, une telle situation de détresse continue de prévaloir chez une partie de l’humanité. Tout le monde, dirigeants du Nord comme du Sud, condamne à voix haute le naufrage auquel l’on assiste. Mais que fait-on réellement pour que la pauvreté et la faim ne continuent pas d’étreindre les pays du Sud, notamment d’Afrique, particulièrement très en vue dans la carte mondiale de la faim ?

A la lumière des drames que l’Afrique continue de vivre, avec des pics de famine réguliers, comme ceux que l’on a vus au Darfour et au Niger, on peut affirmer que rien ou presque n’est fait pour éradiquer la faim. Les différentées Journées de lutte contre la faim, la pauvreté ou la misère sont très souvent des grand-messes où l’on fait tout, sauf travailler à accélérer le développement du potentiel agricole africain. Des célébrations douloureuses.

Visiblement, la communauté internationale ne se mobilise que lorsque les populations meurent de faim et que les télévisions occidentales passent en boucle ces images d’enfants décharnés. Et là encore, cette générosité est de plus en plus calculée et sélective. Les victimes asiatiques du tsunami sont nettement plus "intéressantes" pour les humanitaires des pays riches que celles africaines de l’invasion acridienne et de la sécheresse.

Si l’aide d’urgence commence à se faire rare, sinon discriminatoire, que dire de l’aide au développement d’une agriculture performante, seul gage d’une autosuffisance et d’une sécurité alimentaires ? C’est clair qu’après des années de coopération dite désintéressée, l’aide s’est avérée inefficace parce que l’Occident fait juste ce qu’il faut pour éviter un véritable décollage de nos Etats.

Ceux-ci sont plus maintenus sous perfusion à travers du saupoudrage que soutenus dans une dynamique de progrès. Et, très souvent, ces aides déjà insuffisantes sont assorties de conditionnalités peu opérationnelles pour l’Afrique, comme l’imposition de certains schémas agricoles peu adaptés aux réalités locales. Ainsi, on a passé le temps à expérimenter des politiques agricoles imposées de l’extérieur qui se sont avérées inopérantes. Résultat, l’Afrique est le continent où la disponibilité et l’accessibilité aux ressources alimentaires continuent d’être problématiques.

La fracture alimentaire n’est pas seulement entre pays riches et pays pauvres. Elle est aussi visible à l’intérieur des Etats africains eux-mêmes, où les dirigeants, non contents d’être incapables de nourrir leurs populations, favorisent une véritable césure sociale. Il ne faut donc pas jeter l’anathème sur les dirigeants des pays riches, qui travaillent d’abord pour leurs Etats et peuples. Il appartient aux dirigeants africains de jeter les bases d’une prospérité agricole de leurs pays.

Mais, à l’orée du Sommet de 2015, y a-t-il des raisons d’espérer que l’Afrique puisse sortir du cycle de la faim ? Pour la FAO, oui. Elle explique qu’en Afrique subsaharienne, le taux d’accroissement du nombre de personnes sous-alimentées est tombé de 5 millions par an à 1 million par an, et la proportion de personnes sous-alimentées est tombée de 36% à 33%.

Maigre consolation tout de même, quand on observe sur le terrain, les difficultés quotidiennes que vivent les populations, surtout celles des campagnes, pour s’assurer le minimum alimentaire. Certes, certains pays comme le Burkina, adoptent de nouvelles politiques agricoles axées sur l’émergence des petits producteurs, avec des résultats probants.

Mais la tendance ne peut aller en se renforçant que dans un environnement global économique, politique et social sain. De sorte que les déséquilibres actuellement constatés ne continuent pas à se perpétuer, même dans une société d’abondance. En effet, un développement harmonieux ne peut se concevoir dans une société extrêmement rapace et corrompue, où le moindre Kopeck destiné aux populations est détourné, où les intérêts privés et égoïstes autorisent toutes les dérives possibles.

Le Pays

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