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Immigration clandestine : Hypocrisie européenne et responsabilité africaine

Publié le lundi 17 octobre 2005 à 07h13min

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Ils avaient fui la misère pour trouver le bonheur au grand eldorado
européen. Ils espéraient y arriver en comptant sur la ’compréhension’ des
européens, sur ’l’humanisme’ des pays de transit et le soutien des opinions
publiques (surtout la société civile) européennes. Ils n’ont rencontre que
cynisme, indifférence, humiliation, un soutien mou de la société civile
européenne, qui n’a pas su éviter le pire.

Ils n’ont eu que des bosses, du
sang, de la brutalité et malheureusement des balles réelles qui firent des
morts : 14 morts, 500 africains ’oubliés’ dans le désert et 2400 a 3000
rassemblés pour être expulsé du Maroc. Effroyable bilan, pour ces jeunes
africains qui ont errés dans le désert, certains pendant deux à trois ans.
Ces immigrants africains ont vu leur rêve se briser à deux portes de l’Europe
(Ceuta et Melilla, deux enclaves espagnoles du Maroc) ; les portes les plus
perméables, les plus poreuses, pensaient-ils, naïvement. Epuise, et rongé
par l’amertume et un brin de rancour, ils se résignent à être refoulé chez
eux.

Parqués comme des bêtes de somme, dormants à même le sol, souvent en
haillons, les yeux hagards, les visages amaigris et les corps faméliques,
les télévisions occidentales montrent en temps réel et en continu, cette
révoltante atroce réalité. Des jeunes africains qui tentent -au péril de
leur vie- d’escalader les barbelés pour atterrir en terre espagnole. Ces
télévisions font leur boulot (informer l’opinion), il est, toutefois,
difficile de distinguer le voyeurisme et l’information. Car la diffusion de
ces images conforte tant soit peu le coté ’voyeuriste’ des grands medias
occidentaux. Ces medias n’évoquent l’Afrique qu’a l’occasion de massacres,
de pandémies, de cataclysmes, de famines, des africains fuyant la misère et
qui meurent en se noyant en tentant d’atteindre l’Europe par la mer, dans
les embarcations de fortune. La répétition de ces images négatives
finissent par s’encrer dans l’imaginaire collectif occidental, que notre
cher continent l’Afrique est maudite, que c’est un cas perdu, une succursale
de l’enfer, inlassablement parcouru par les quatre cavaliers de l’apocalypse
(massacres répétitifs, pandémie, famine et calamités naturelles) et qu’il ne
s’en sortira jamais.

L’Espagne a frappé très fort. Elle expulse les émigrants clandestins vers
le Maroc, qui à son tour les renvoie en Algérie, pauvres migrants qui se
trouvent ballotes dans le vent, victimes malgré eux, de la discorde
séculaire entre Casa et Alger. Au Maroc, les émigrés sont entassés dans des
bus, menottes aux poings, une africaine pleure et lance un cri de détresse
’aidez-nous’, à cote d’elle, un autre jeune pleure aussi. Car ce saut dans
le désert fait froid au dos. Les indésirables (y compris des femmes et des
enfants) sont jettes dans le désert du Sahara, sans eau, nourriture et sans
assistance. Un journaliste Marocain, très audacieux (téméraire ?) s’indigne
et explose : ’ la personne qui a ordonné une telle action, doit être mis au
arrêt, car on ne peut pas jeter des êtres humains dans le désert, sans
assistance, ceci est simplement un crime qui ne dit pas son nom’.

Les chauffeurs des bus ont reçu l’ordre de ne s’arrêter qu’aux postes
frontières avec l’Algérie. Les ’passagers’ ne peuvent même pas se détendre
pendant ce long trajet. Les immigrants -candidats à l’exil- viennent de
partout (Mali, Sénégal, Ghana, Guinée-Conakry, Guinée-Bissau, Cote d’Ivoire,
Nigeria, Liberia, Cameroun et Togo), on dénombre aussi quelques RDCongolais.

L’Espagne socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero a oublié l’Espagne
fasciste de Francisco Franco (1939 - 1977), le Portugal socialiste de Jorge
Sampaio a fait table rase du Portugal fasciste de Antonio de Oliveira
Salazar (1932-1968) et de Marcelo Caetano (1970-1974), de même l’Italie de
Silvio Berlusconi semble ne pas se souvenir de l’Italie fasciste de Benito
Mussolini (1922-1943) et les terribles années de plomb (les années 60 et
70). Les régimes fascistes de ces trois pays avaient un point commun : ils
poussèrent beaucoup de leurs compatriotes de fuir et d’aller chercher refuge
dans d’autres pays européens, pour une vie meilleure.

Les années 50, l’Europe de l’après-guerre est en reconstruction, financé en
partie par le plan Marshall. Dans les années 60 l’Europe est en phase
avancée de sa reconstruction, et présente deux Europe : L’Europe pauvre
(Espagne, Portugal, Italie) et l’Europe riche (Allemagne, France, Suisse).
L’Europe riche réalise le triptyque envieux : forte croissance, stabilité
des prix et plein emploi. Pour maintenir cette formidable embellie, l’Europe
riche a besoin des bras supplémentaires. La richesse européenne a
bouleversé les mentalités. Dans les trois pays européens très riches
(Allemagne, France et Suisse), les ressortissants de ces pays -qui
bénéficient d’un niveau de vie élevé- délaissent certains travaux, qu’ils
jugent dévalorisants. Il fallait donc recruter les travailleurs étrangers.

En Suisse, ce sont des portugais, italiens et espagnols qui remplirent ces
taches. Ils étaient dans la construction des immeubles (administratifs et
habitats), construction, entretien et réparations des routes, ponts et
chaussées, plombiers, tourneurs, fraiseurs, ouvriers agricoles et nettoyage
des bureaux. En Allemagne ; troisième puissance économique mondiale (après
le Japon et les Etats-Unis), on fit appel aux Turcs. Les Africains des
colonies françaises firent appeler à occuper des postes que les Français ne
voulaient plus. Les Africains seront recrutés comme éboueurs, maçons, et a d’autres
taches ingrates et peu gratifiantes, qui ne demandaient aucune
qualification. C’était la troisième fois que les Africains venaient au
secours de la France : ils sont morts pour la France pendant les deux
premières guerres mondiales (1914-18 et 1939-45), ils sont venus travailler
pour la prospérité de la France et des français. Car, ne l’oublions pas,
les émigrés (portugais, italiens, espagnols, turcs et africains) étaient
considérés comme des citoyens de troisième catégorie, dans les pays
employeurs. Ils ne profitèrent pas vraiment de l’opulence des pays d’accueils,
simplement parce qu’ils étaient confinés dans des activités économiques à
bas salaire. Les conditions ne furent pas créées, pour leur intégration
dans les pays d’accueils.

Toutefois, le fascisme au Portugal, le fascisme en Espagne et les années de
plomb en Italie, n’avait pas seulement exporté des ouvriers et travailleurs
sans qualifications. Beaucoup des cadres et une partie de l’élite
politique, furent aussi contraints à l’exil. L’idéologie fasciste avait
interdit les partis politiques, syndicats, liberté d’association et d’expression,
tout forme de débats contradictoires, la presse audio-visuelle de l’Etat
était seule autorisée, le parlement était réduit à une simple chambre d’enregistrement,
a une caisse de résonance et en un vecteur puissant de la propagande du
gouvernement. Un véritable parlement de pantouflards médiocres et aphones ;
dans cette mêlasse insipide, les ’élus’ du peuple (en réalité des gens
cooptés par le pouvoir) ne ’mouftèrent’ guerre, chacun ’circonlocutait’
prudemment, préférant encaisser des cheques opuimisants.

Des partis uniques furent créer (Espagne et Portugal), le culte de la
personnalité -a la limite de la pathologie- fut voué aux guides éclairés
(Franco, Salazar). Ils étaient dépositaires d’une mission divine, imposer
le développement a marches forcées sans tenir compte de la volonté du
peuple, la chasse au communisme et la préservation des valeurs chrétiennes.
La répression fut terrible s’appuyant sur l’armée, les milices et les
services de renseignement. Ces régimes fascistes s’appuyèrent aussi sur une
partie de l’élite politico-intellectuelle. Des technocrates hautains et des
intellectuels nombrilistes offrirent leur savoir, expertise et technicité a
ces dictateurs, moyennant des prébendes, postes ministériels, gouverneurs et
postes de PDG des entreprises étatiques et parastatales.

Toutefois, quelques intellectuels opposèrent une farouche résistance au
fascisme. Ils furent présentés par les affidés du fascisme, comme des
idéalistes candides, routards naïfs, des illuminés anachroniques, des
penseurs en chambre, des phraseurs prétentieux, la tête farcie d’idées
fumeuses et improductives. Pourchassé et torturé, beaucoup de ces
anti-fascistes se retrouvèrent en Allemagne, France, Suisse et dans d’autres
pays européens et livrèrent un combat sans répit au fascisme.

Les Etats-Unis protégèrent ces régimes fascistes, malgré la compromission
de Salazar et Franco avec Hitler et Mussolini. Adolf Hitler et Benito
Mussolini (les deux alliés), aidèrent puissamment Franco (envoi d’argent,
des troupes et matériels militaires et avions) pendant sa guerre contre les
Républicains. En retour Franco, tout comme Salazar observèrent une
’neutralité’ (discutable du reste) pendant la seconde guerre mondiale. Pour
les Etats-Unis, la priorité n’était pas de combattre les régimes fascistes,
pour qu’enfin, espagnols et portugais, recouvrent leur liberté et dignité. L’objectif
prioritaire des Etats-Unis était de contenir l’expansion du communisme, qui
selon eux, menacerait l’existence même du monde libre. Il fallait éviter à
tout prix, qu’a l’instar des pays de l’Europe de l’Est, d’autres pays
européens tombent sous la coupe de ’URSS. Salazar et Franco donnèrent des
bases militaires aux américains. En échange, les américains offrirent leur
protection (le Portugal fasciste n’était-il pas un des premiers pays à
rejoindre l’OTAN ?). Cet appui, qui en fait, fut une gratifiante rente
géostratégique pour Salazar et Franco, explique la longévité de deux régimes
 : Salazar est resté au pouvoir pendant 36 ans et Franco pendant 38 ans.
Curieuse coïncidence, les deux ’timoniers et guides éclairés’ moururent au
pouvoir, après de longues et pénibles maladies.

Les Portugais, espagnols et italiens continuèrent de s’exiler. Rien qu’en
France, il y avait 1000000 (un million) des portugais en 1974. Pendant les
années d’opulence, la présence massive des émigrés (espagnols, portugais,
italiens et dans une moindre mesure africaine) ne posait aucun problème pour
les pays riches et les mouvements d’extrême droite aux relents fascisants n’avaient
pas opinion sur rue.

Il y’ avait trois catégories d’africains : les émigrés, les diplomates et
les étudiants. Les diplomates et étudiants africains jouissaient d’un statut
social reluisant. Je me souviens qu’un roman ’Sang d’Afrique Noir’ était en
vogue vers la fin des années 60. Beaucoup des filles blanches, dévoraient ce
roman volumineux à deux tomes. On racontait l’histoire d’un étudiant
africain, qui finit major de sa promotion, eu le malheur de draguer une
jolie blonde de bonne famille. La blonde contre l’avis de ses parents,
avait suivit son africain en Afrique. L’Africain devint Président de la
République. Ceci bouleversa la donne. Ses beaux parents s’excusèrent et l’adoptèrent.
Dans l’imaginaire collectif, des suisses, français, allemands, l’étudiant
africain - à l’époque- était un futur président sinon ministre, une fois
rentré dans son pays.

L’immigration avait beaucoup apporté pour les pays d’accueils, pour les pays
d’origine aussi. Malgré leur bas salaire, les immigrants (africains,
espagnols, portugais et turcs) participaient à l’expansion de la richesse de
leurs pays d’origine, par l’envoi des transferts sans contre partie (pour
soutenir leurs familles restées au pays, les émigrés envoyaient une partie
de leurs salaires). Les années fastes étaient de très belles années ; les
attaques racistes n’étaient pas nombreuses et localisées. À l’exception de
la Suisse, la politique d’immigration des pays riches était souple et
accommodante. Tant qu’il y avait beaucoup de travail que les autochtones ne
voulaient plus faire, autant faire appel aux travailleurs émigrés.

Puis vint ce que personne n’avait prédit : le premier choc pétrolier en 1973
 : le prix du pétrole s’envola de 3 dollars américains a 24 dollars le baril.
Sonner au vif, les pays riches n’eurent pas le temps d’organiser la riposte,
quand le deuxième choc intervient en 1979. Ces deux chocs furent meurtriers
et beaucoup des pays en portent encore les stigmates : taux de chômage élevé
dans les pays riches et dette extérieure excessif dans les pays pauvres.

Le triptyque (forte croissance, stabilité des prix et plein emploi) fut
balayé. L’inflation vit le jour et le chômage revint en force. La montée du
chômage en Europe réveilla les réflexes protectionnistes et racistes. Ce
qui s’était déjà produit les années 30 : les mythes archaïques resurgirent
avec un dynamisme essentiellement instinctif et émotionnel. Ce fut une
aubaine inespérée pour les partis d’extrême droite en déperdition. Sans
gêne, les dirigeants de ces partis, distillaient des phrases assassines :
’La vie devient cher ? C’est la faute aux étrangers qui vous bouffent votre
pain. Le chômage augmente ? C’est la faute aux étrangers qui vous volent
votre travail, l’insécurité vous fait peur ? C’est la faute aux étrangers
qui volent, agressent et dérangent votre quiétude. La solution ; contrôler
l’immigration, bouter les étrangers dehors’. Ces propos exagérément
vindicatifs furent mouche au niveau des opinions publiques de la riche
Europe, frustrées par l’impuissance de ses dirigeants à juguler le chômage
et à assurer leur sécurité.

De l’Allemagne en France, de l’Autriche en Suisse, les partis d’extrême-
droite surfèrent sur cette démagogie éhontée. En Suisse, le leader du parti
d’extrême-droite, Schwarzenbach, lança une initiative xénophobe, qui visait
à réduire le nombre d’étrangers par un contrôle draconien du flux
migratoire. Jean-Marie Le Pen se refit une bonne santé politique. En
Hollande, Allemagne, aussi bien qu’en Belgique, les partis d’extrême-droite
affichaient ouvertement leur xénophobie et racisme. Atterré et déboussolé,
les partis classiques de gauche comme de droite, donnèrent l’impression qu’ils
étaient dépassés. Laurent Fabius -alors Premier Ministre- déclara
’Jean-Marie Le Pen pose des vrais questions mais donne des mauvaises
réponses’. Quand la droite française revint au pouvoir, Charles
Pasqua -alors Ministre de l’intérieur- du Premier Ministre Chirac, sous la
première cohabitation, n’hésita pas d’organiser des charters, pour expulser
les sans papiers.

C’est dans ce climat deletère, qu’une nouvelle vague d’immigrants africains
arriva en Europe. Le manque des opportunités (travail), la corruption, la
gabegie et l’incurie dans beaucoup des nos pays jettera dans la précarité et
la galère, des jeunes africains, cadres et ouvriers. Sans perspective d’avenir,
poussé par l’extrême pauvreté, beaucoup des jeunes africains chercheront,
par tout le moyen de quitter l’enfer africain, pour un avenir meilleur en
Occident.

Les tragiques événements de Ceuta, Meilla et L’ampedusa (’l’une des portes d’entrée
en Italie, qui a aussi eu ses victimes par noyade), soulignent l’insuffisance
des réponses adéquates au problème d’immigration clandestine. Creuser des
trous très larges et construire des barbelés, n’est pas la bonne réponse.
Multiplier les patrouilles de surveillance aux aéroports, ports et gare de
trains et durcir les conditions d’octroi de visa ne sont pas non plus les
bonnes réponses. Il faut attaquer le mal à la racine, sinon on s’attardera
aux effets et la cause produisant les mêmes effets, on tournera en rond à l’infini.

Comme l’a dit le Président Alpha Omar Konaré (Union Africaine) ’ces jeunes
que nous voyons aujourd’hui affronter les fils de fer barbelés et les murs
ne sont pas des voyous, ils sont tenus entre la pauvreté et les exigences de
la solidarité’. Comme pour lui répondre en écho, un jeune confronte un
médecin de MSF, qui secourait les migrants perdus dans le désert. Il dit en
pleurant ’ Ne faut pas faire ça, parce que je suis noir. Mon père est mort
au Togo, ma mère est dans le camp des réfugiés au Bénin, je vais en Europe
pour gagner honnêtement ma vie pour supporter ma famille’. Un autre raconte
’ ma famille ne sait même pas, si je suis vivant. Je n’ai pas d’argent pour
appeler Conakry’. Ce jeune rode dans le désert depuis deux ans. Un autre,
âgé d’à peine 15 ans, rode dans le désert depuis 3 ans, il a quitté la
Guinée-Bissau, il est sérieusement malade. Il réclame des soins d’un
médecin espagnol. Un jeune ivoirien raconte son calvaire, il a 19 ans.

L’Espagne et le Maroc se rejettent la responsabilité du drame. Les premiers
reprochant aux seconds leur laxisme en matière de surveillance des
frontières. Le gouverneur marocain de Nador, la région frontalière de
Melilla, dresse une comptabilité : La surveillance des frontières et la
chasse aux clandestins coûtent très cher au Maroc : 100 euro par clandestin
interpellé par jour, soit l’équivalent de 6 écoles primaires en zone rural,
12 dispensaires, 12 foyers féminins, 114 km de piste pour désenclaver le
monde rural. Il n’a pas encore vu les 140 millions euro promis par le
gouvernement espagnol. Les médecins espagnols aussi témoignent à la
télévision. Ils sont entrés clandestinement au Maroc, pour repérer et
soigner les immigrants africains qui rodent dans le désert. Ils affirment
que beaucoup de ces émigrants ont été sévèrement battus par des soldats
marocains. Ils attestent aussi qu’il y a beaucoup d’enfants de moins de 10
ans et des femmes, certaines en grossesse.

Dans une conférence de presse avec Alpha Konaré et Louis Michel, José Manuel
Barroso (Portugais et Président de la Commission européenne) a présenté un
plan de partenariat stratégique pour la sécurité et le développement entre l’UE
et l’Afrique. Il a ensuite déclaré ’le problème de l’immigration, dont nous
voyons les conséquences dramatiques, ne peut être résolu efficacement a long
terme que dans le cadre d’une coopération au développement ambitieuse et
coordonnée permettant de s’attaquer à ses causes profondes’. Alpha Konaré
appelle au ’financement du développement et de la solidarité’ pour combattre
ces migrations, qui sont le ’reflet de l’appauvrissement d’un continent dont
40% des habitants vivent avec moins de 1 euro par jour’.

Tant que la pauvreté ne sera pas réduite, tant que les pays africains n’offriront
pas des véritables débouchés à leurs jeunes, tant que les inégalités de
revenu persisteront en Afrique et que les ressources de nos pays profiteront
exclusivement a des élites politiques fastueuses et a des neo-bourgeoisies
compradore arrogantes et improductives, le déséquilibre entre notre
continent et l’Occident s’accentuera. Et l’Occident (Europe et Etats-Unis)
continuera de faire rêver nos jeunes en exerçant une profonde fascination
sur eux.

Malheureusement, la réalité n’incite pas à l’optimisme. Apres avoir perdu
les quatre décennies du développement (1970, 1980 et 1990) du siècle passé,
notre continent a très mal commencé la première décennie du 21eme Siècle. L’frique -si on ne prend garde- risque de ne pas atteindre les 8 objectifs du
développement. L’objectif numéro 1 est de réduire la pauvreté de moitié en
2015. Les experts des institutions multilatérales, des ONG et des
chercheurs indépendants tirent la sonnette d’alarme : l’Afrique
subsaharienne doit se ressaisir si elle veut gagner la guerre contre la
pauvreté. Pouvons-nous gagner cette guerre dans les 10 ans à venir pour
que -une fois n’est pas coutume- l’Afrique soit fière d’elle-même ?

Il n y a pas longtemps, on nous parlait des ’boat people’ qui venait du
Vietnam, bravaient la mort en s’embarquant dans l’océan avec des
embarcations de fortune, en direction des Etats-Unis. Depuis deux
décennies, on ne parle plus de ces immigrants clandestins. Savez-vous
pourquoi ? Parce que le Vietnam, pays émergent à mis de l’ordre chez lui.
Pourtant ce pays vient de loin. Les dirigeants vietnamiens avaient hérités
d’une économie exsangue, résultat d’une longue guerre avec le pays le plus
puissant de la terre (Etats-Unis) et des années d’une planification ubuesque
et excessive étatisation du parti communiste.

Si le Vietnam a relevé la tête après tant de traumatisme et de destruction,
pourquoi pas l’Afrique ?

Patriotiquement votre

Mme Mulegwa Kinja

13 Octobre 2005.

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