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Présidentielle 2005 : La victoire du président Compaoré sur les sankaristes

Publié le jeudi 13 octobre 2005 à 07h56min

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Blaise Compaoré

Les mêmes causes électorales vont elles produire les mêmes effets électoraux dans la famille du président Thomas Sankara ? Une réponse positive signifie la célébration du requiem de l’alternance sankariste à la faveur de l’élection présidentielle du 13 novembre 2005.

On constate que les leaders sankaristes n’ont pas tiré des leçons politiques des élections législatives de mai 2002. A l’approche de chaque scrutin, ils étalent leurs divergences politiques dans une famille qui prétend prêcher les mêmes idéaux. On peut tolérer cela dans les élections locales.

Cependant, pour reconquérir le seul fauteuil perdu depuis le 15 octobre 1987, la division des leaders sankaristes devient une énigme. L’optimisme sankariste dans la conquête du pouvoir d’Etat s’assimile plutôt un pessimisme sankariste dans la recherche des privilèges sectaires. On arrive à conclure que les leaders sankaristes ne veulent pas le pouvoir de Blaise Compaoré. Ils luttent pour connaître le principal héritier de la Révolution du 04 août 1983.

Deux échecs pour la présidentielle

La situation va se décanter au soir du scrutin présidentiel. On ne pourra plus avancer le fait que le pouvoir ait volé un siège à un parti politique. L’ enjeu dans la famille sankariste se résume à l’ordre d’arrivée. Va-t-on assister au tiercé gagnant dans l’ordre Sankara-Norbert- « Nayab » ou dans un désordre payant en déplaçant simplement les noms ? A vos paris électeurs ! Comment sommes-nous arrivés à cette énième déception des leaders sankaristes ? L’élection présidentielle prochaine pouvait se résumer en un duel entre les « Sankaristes » et les « Compaoristes » en cas de second tour.

Une sommation des votes des législatives, avec les tensions au sein PDP/PS et le désistement du parti de l’éléphant, présentent les héritiers de Thomas Sanakra comme la deuxième force politique au Burkina Faso. Malheureusement, Nayabtigoungou Congo Kaboré, Norbert Michel Tiendrébeogo, Stanislas Bénéwendé Sankara et probablement Boukari Kaboré ont décidé de ne pas rentrer dans l’histoire. Ils œuvrent à concrétiser cette prophétie du directeur de campagne du président sortant, Salif Diallo selon laquelle « l’opposition prépare notre victoire ».

L’échec de la candidature unique sankariste marque un tournant malheureux dans la course pour l’élection présidentielle. En l’absence de leader charismatique dans l’opposition burkinabè, l’un des déterminants de l’élection présidentielle se situe dans le projet de société et l’image que chaque candidat incarne.

Nombreux sont les Burkinabè nostalgiques de la période révolutionnaire. La plus grande réussite du président Thomas Sankara est le changement de mentalité au niveau des populations. De nos jours, ce capital de sympathie est bradé sur l’autel des intérêts égoïstes de certains leaders sankaristes.

La main du pouvoir sur Nayabtigoungou Congo Kaboré ?
Le dénouement des « primaires » dans le cadre du regroupement Altrenance 2005 avait mis à nu les positions tranchées entre Norbert Michel Tiendrébeogo et maître Bénéwendé Sankara. Aucun des deux prétendants n’a voulu désister en faveur de l’autre. Le choix de maître Sanakra a été vécu comme un échec dans le camp du Front des forces sociales.

Heureusement que la loi fondamentale donne la liberté à chaque citoyen jouissant de tous ses droits de se présenter à titre individuel ou avec le soutien de formations politiques. Ce premier échec a accentué les divergences avec des alliances évocatrices. Les anciens dissidents de l’UNIR/MS soutiennent la candidature de Norbert Michel Tiendrébeogo. On s’attaque à mots couverts au détour des sorties médiatiques.

Malgré tout, on pouvait s’attendre à un rapprochement entre les deux camps avec les services de bons offices d’un autre candidat sankariste. Le retrait de la candidature de Ernest Nongma Ouédraogo a été un acte politique important. A notre avis, ce n’est ni de la capitulation ni un manque d’ambition politique. C’est une bonne lecture de la situation politique actuelle.

L’alternance sankariste ne se trouve pas dans les chétives individualités, mais plutôt dans l’union sacrée face à un président sortant qui dispose de plus de moyens matériels et financiers. Certains acteurs politiques de l’opposition estiment que le président du Faso, Blaise Compaoré, considère la politique comme un jeu d’échecs. Il déplace les pions en période électorale dans le sens de ses intérêts.

La confirmation de cette thèse des adversaires du président sortant est l’attelage inattendu et difficilement compréhensible du jeune « éléphanteau » maître Gilbert Ouédraogo. Aujourd’hui, on suspecte le candidat du Mouvement pour la tolérance et le progrès (MTP). Certains milieux politiques trouvent la main souterraine du pouvoir dans le refus de compromis de Nayabtigoungou Congo Kaboré sur l’idée d’une candidature sankariste. Pour le moment, aucun élément objectif à notre disposition ne permet de développer cette hypothèse.

Cependant, tout finira par se révéler au grand jour. Avant, pendant ou après l’élection présidentielle, le morceau sera craché. En définitive, la volonté de se faire voir ou de faire voir son parti et le désir d’alourdir le curriculum vitae politique constituent les mobiles essentiels du manque de fair-play entre les candidats sankaristes. Il revient aux électeurs de comprendre les ambitions réelles qui animent chaque héritier de Thomas Sankara.

Il faut voter en connaissance de cause pour que la noble cause du père de la Révolution ne serve pas de couverture à certains politiciens. On retient que le président du Faso, Blaise Compaoré gagnera de nouveau son duel face à ses adversaires sankaristes. Il reste maintenant à connaître l’ordre d’arrivée des héritiers de Thomas Sankara .

Arzouma Kiéma
L’Indépendant

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