LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Recours en annulation de Me Sankara : Que va dire le Conseil Constitutionnel ?

Publié le jeudi 13 octobre 2005 à 07h52min

PARTAGER :                          

Est-il vraiment nécessaire de rappeler les termes de l’article 37 de notre loi fondamentale ? Oui pour rafraîchir certaines mémoires. Celui-ci stipule que « le Président du Faso est élu pour cinq ans au suffrage universel direct, égal et secret.

Il est rééligible une fois ». Il est vrai qu’en 1997, contre la volonté des vrais démocrates de notre pays, le président du Faso avait fait relire par l’Assemblée nationale cet article dans la seule intention de demeurer éternellement au pouvoir au Burkina Faso ; mais la crise née des tueries de Sapouy a obligé le pouvoir à remettre en place l’ancienne disposition de l’article 37 voté par le peuple en 1991.

Celui-ci stipulait que « le Président du Faso est élu pour sept ans au suffrage universel direct, égal et secret. Il est rééligible une fois ». Les deux articles sont constitués de deux phrases indépendantes. C’est la première phrase qui a subi une modification avec la relecture d’avril 2000 parce qu’on est passé du septennat au quinquennat. La seconde phrase elle, n’a subi aucune modification.

Ceux qui disent qu’on est en présence d’une nouvelle constitution se trompent royalement pour la simple raison que la seconde phrase de l’article 37 n’a subi aucune modification et les deux phrases sont indépendantes l’une de l’autre. On n’a fait que ramener l’ancienne disposition de l’article 37, celle-là même qui a été votée par le peuple le 2 juin 1991. Mais connaissant bien les hommes du pouvoir en place, ils feront tout pour légitimer la candidature de leur champion, même si à leurs yeux celle-ci est inconstitutionnelle.

La démarche de Me Sankara fera date dans l’histoire politique du pays

Tout ce que l’opposition peut faire, c’est un maximum de campagne contre cette candidature de façon à ce que tous les Burkinabé où qu’ils se trouvent puissent largement être informés de cette violation de la constitution qui se prépare. Celle-ci pourra constituer d’ailleurs un des meilleurs thèmes de campagne pour les candidats de l’opposition. C’est dans cette campagne qu’on verra qui est réellement de l’opposition et qui fait de l’infiltration au sein de cette opposition.

Dans cette bataille contre la candidature de Blaise Compaoré, il faut saluer la détermination du groupe « Alternance 2005 » qui s’est toujours démarqué du lot pour affirmer haut et fort son opposition. On n’oubliera pas aussi certains Burkinabé qui, courageusement ont pris position, tout en sachant que ça peut leur coûter cher. Certaines personnes de la société civile n’ont pas non plus beaucoup aidé à travers certaines de leur déclarations.

Mais nous sommes en démocratie et il faut respecter les points de vue des uns et des autres. C’est la décision du peuple qui sera déterminante dans cette affaire. La démarche de Me Bénéwendé Stanislas Sankara peut paraître incongrue et appréciée comme telle par le camp de la majorité vu sa détermination à ne présenter qu’un seul candidat depuis 1991, vu l’inféodation de l’appareil judiciaire au pouvoir exécutif ; il reste que cette démarche répond à des normes de droit.

Les achats de conscience des électeurs ont démarré
C’est une des formes de protestations légales autorisées par la loi contre une candidature à la présidentielle ne répondant pas aux normes. Ça ne coûte rien d’aller jusqu’au bout de la logique pour se faire une idée supplémentaire de ce que valent certaines institutions dans notre pays. On saura ainsi que le conseil constitutionnel a été installé pour défendre la cause d’un seul candidat, en occurrence celui de la majorité à la quelle presque tous ses membres appartiennent du reste.

Pourquoi permettre à un seul Burkinabé de briguer plus de deux mandats présidentiels alors que cela n’est nullement autorisé par notre constitution qui, là-dessus, est très claire en son article 37 ? Le pouvoir Compaoré a habitué les Burkinabé depuis 1987 à accepter l’inacceptable, mais il faut reconnaître aussi que depuis cette date, le peuple n’a pas eu vraiment l’occasion de se prononcer véritablement sur ce que le pouvoir lui demande à chaque fois d’avaler sans réfléchir.

L’élection présidentielle de novembre prochain est une des rares occasions qui sera offerte au Burkinabé de donner son avis sur la marche de ce pays. Les manœuvres d’achat de conscience des électeurs ont déjà démarré ; mais ce peuple est aussi mature et saura apporter les réponses appropriées à toutes ces manipulations de l’électorat. Si l’information est suffisamment ventilée dans tout le pays et relayée à tous les Burkinabé où qu’ils se trouvent et qu’au soir du 13 novembre, on donne un nouveau quitus à Blaise Compaoré de continuer à nous imposer ce que nous ne voulons pas, nous ne pourrons que nous en prendre à nous-mêmes.

Il ne faudrait pas qu’on s’étonne d’une nouvelle relecture de la Constitution pour ramener la mouture de 1997 de l’article 37. Et après, plus personne ne pourra broncher encore dans ce pays qui sera entièrement sous la soumission du président Compaoré. Il fera de nous comme il voudra. C’est vrai que la Commission électorale nationale indépendante est un des appendices du pouvoir en place. Mais une fraude massive comme on l’a vu au Togo n’est pas envisageable dans notre pays.

Liermé Somé
L’Indépendant

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique