LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Scrutin du 11 octobre au Libéria : Le grand enjeu de la paix

Publié le jeudi 13 octobre 2005 à 07h35min

PARTAGER :                          

Après quatorze ans de guerre civile ayant causé plusieurs milliers de morts et fait de nombreux déplacés, les Libériens soutenus par la communauté internationale, viennent de franchir une étape importante dans le processus de retour à la paix dans le pays, avec la tenue le 11 octobre 2005, d’une véritable élection présidentielle pluraliste.

Certes, en 1997, le Liberia avait connu une élection présidentielle, mais les conditions d’équité et de transparence n’étaient pas aussi réunies que cette fois-ci. En tout cas, de l’avis de nombreux observateurs, le scrutin du 11 octobre s’est bien déroulé. Les électeurs (1,35 million) ont eu toute la latitude d’aller exprimer leurs suffrages, les opérations de vote s’étant poursuivies jusque tard dans la soirée.

Nous sommes, sans doute, en face d’une situation de réussite qui est loin de dementir les propos optimistes, à la veille de l’échéance électorale, de l’ancien président américain, Jimmy Carter, membre d’une équipe de 400 observateurs internationaux accrédités au pays de William Tubman : "Jusqu’ici, nous sommes très satisfaits du déroulement des opérations. Nous notons la détermination du peuple libérien à organiser des élections honnêtes, justes ouvertes et impartiales".
Si le succès du scrutin ne fait pas de doute, il n’en est pas de même pour la qualité et la compétence de certains candidats. En effet, les 22 prétendants à la magistrature suprême du Liberia ne se sont pas fait de cadeaux pendant la campagne électorale.

Ainsi, il est reproché à George Weah (39 ans), surnommmé "King George", ancienne gloire du football du pays, candidat du "Congress for democratic change" (Congrès pour le changement démocratique) et cité parmi les favoris en raison de l’importance de l’électorat jeune qui voit en lui un exemple de réussite sociale, son manque d’envergure politique et d’instruction.

Quant à Ellen Johnson Sirleaf (66 ans), ex-dirigeante de la Banque mondiale, elle est critiquée pour ses anciennes accointances avec le président déchu et exilé au Nigéria, Charles Taylor. Appelée affectueusement "Iron lady", c’est à dire "dame de fer", Mme Sirleaf est considérée comme le principal challenger du footballeur devenu politicien.
Mais, loin de ces considérations politiciennes, le plus important, c’est l’espoir de paix durable que suscite la tenue du scrutin.

Elle est en effet une occasion de mettre définitivement fin au conflit qui a causé aux Libériens tant de souffrances, que le gouvernement de transition de Gyude Bryant, gangrené par la corruption, n’a pas pu apaiser. En cela, l’issue du vote du 11 octobre dernier ne saurait être la victoire ni d’un individu, ni d’un parti politique. Elle sera, s’elle ne l’est déjà, la victoire de tout le peuple libérien. Elle constitue également le résultat des efforts de la communauté internationale.

A ce niveau, une mention spéciale peut-être faite aux Etats Unis qui ont su peser de tout leur poids pour obliger les différentes parties libériennes à respecter jusque-là leurs engagements dans le cadre de l’accord de paix signé le 18 août 2003 à Accra et qui avait préconisé la mise en place d’un gouvernement de réconciliation nationale. Ainsi Charles Taylor qui avait tenté de jouer au trouble-fête depuis son exil nigérian a vite été rappelé à l’ordre par Washington. Ce que Paris n’arrive véritablement pas à faire dans d’autres pays même quand les circonstances l’exigent.

Mais la présente élection n’est qu’une étape vers une paix durable dans le pays. La communauté internationale, en s’impliquant dans la gestion des affaires publiques à Monrovia en vue de combattre la corruption et en veillant à la bonne tenue du scrutin, montre toute sa disponibilité à aider les Libériens à sortir de leurs malheurs.

Il appartient maintenant aux futurs dirigeants du pays de travailler à consolider les acquis. Le souci de transparence, de justice sociale et d’unité devrait guider leurs actions. Dans cette optique, la chasse aux sorcières doit être évitée quel que soit le gagnant, la victoire n’appartenant pas à un seul camp.

Car, il y va non seulement de la stabilité politique dans le pays, mais aussi dans toute la sous-région ouest-africaine minée depuis quelques années, par des conflits dont certains, notamment ceux de la Sierra-Leone et de la Côte d’Ivoire, ont été incontestablement alimentés en partie par le bourbier libérien.

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique