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Présidentielle 2005 : Hermann va-t-il jeter l’éponge ?

Publié le jeudi 13 octobre 2005 à 07h54min

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Hermann Yaméogo

Non seulement la candidature de Blaise Compaoré est inconstitutionnelle, mais l’informatisation du ficher électoral est un désastre. "Aller donc à l’élection avec un pareil fichier, c’est aller au-devant d’une crise majeure..."...

...Telle est la substance de ce communiqué de presse émanant de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD). De là à penser que son président et candidat, Hermann Yaméogo, va jeter l’éponge surtout si le dossier de Blaise Compaoré est définitivement retenu par le Conseil constitutionnel, il n’y a qu’un pas.

Le Bureau exécutif national de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), convoqué à son lieu habituel de réunion le 11 octobre 2005 à 18 heures par son président, Me Hermann Yaméogo, a délibéré sur l’ordre du jour suivant :

- scrutin du 13 novembre 2005 ;
- divers
- scrutin du 13 novembre 2005

Sur ce premier point, le BEN a tenu à réitérer sa ferme volonté de respecter ses engagements pris notamment dans le cadre d’Alternance 2005 par rapport à la candidature inconstitutionnelle de Blaise Compaoré ; engagement auquel le regroupement conviait encore, en ces termes, le 12 août 2005, dans une déclaration liminaire à l’occasion d’une conférence de presse donnée aux lendemains de l’annonce officielle par le Président sortant, de sa candidature :

"Alternance 2005", dès ses origines, et jusqu’à présent, a fait toujours de la signature ou de l’adhésion au mémorandum du 23 février 2004 sur l’application de l’article 37 de la Constitution, un préalable à l’acceptation dans notre regroupement.

Ce mémorandum dit clairement que Blaise Compaoré ne peut pas briguer, dans l’esprit et la lettre de l’article 37 de la Constitution, un troisième mandat.

De plus, les partis politiques signataires du mémorandum s’engagent solennellement devant le peuple burkinabé à combattre par les moyens constitutionnels et légaux toute candidature éventuelle de monsieur Blaise Compaoré pour des raisons morales, éthiques, politiques, historiques et juridiques...

Le parti a décidé que des mots d’ordre appropriés seront conséquemment communiqués en temps opportun aux militants et sympathisants dès que le Conseil constitutionnel aura vidé sa saisine et que le BEN se sera retrouvé.

Le président, pour sa part, s’est engagé au cours de la réunion, à tenir compte le moment venu, de l’orientation générale non équivoque qui s’est dégagée des échanges autour de la question en cas de validation, par le juge constitutionnel, de la candidature illégale, illégitime du président sortant.

Les membres du BEN se sont penchés par ailleurs sur la question du fichier électoral et ont reconnu l’échec total de l’opération d’informatisation dudit fichier.

Malgré les subterfuges pour entraver les contrôles (comme on peut le constater actuellement sur le site Internet avec ce type de mentions « 500 InternaI Server Error » qui frustre les électeurs de toute possibilité de contrôle »), pour banaliser le mal et pour convaincre qu’il peut être réparé, le BEN a constaté que l’ampleur du désastre, qui concerne l’ensemble du territoire national, est tel que cela pose d’ores et déjà la question de la crédibilité des scrutins à venir.

En vue d’éviter une telle issue catastrophique, le parti avait conçu l’idée de l’informatisation contradictoire du fichier, qu’elle a voulu partager avec les partenaires politiques, les bailleurs de fonds et la CENI. Au niveau de cette dernière, le concept a été jugé flou, brumeux.

Le président du parti a eu à s’en expliquer en son temps devant la CENI insistant sur les avantages qui résulteraient d’une association directe, franche à leur niveau le plus élevé des partis politiques notamment de l’opposition, à cette informatisation.

Comme on le sait, il ne sera pas entendu. Les efforts du parti ne se sont pas pour autant arrêtés à ce niveau et le BEN a fait le point des alertes incessantes faites par la Direction au niveau de la CENI, des partenaires techniques et financiers comme de l’opinion, pour conjurer la programmation de l’échec de l’informatisation.

Au sein d’Alternance 2005, l’UNDD a également fait montre d’activisme et de propositions dans le même objectif, contribuant à la rédaction d’un document important intitulé : « Stratégie commune pour la transparence des élections », daté du 15/01/2005.

Au sein de la « Coalition Hermann Yaméogo - Le refus fondateur », les mêmes efforts se sont poursuivis comme en atteste l’extrait suivant d’un rapport en date du 10 mai 2005 publié en intégralité par les médias de la place :

« Pour ce qui concerne le fichier électoral et les autres questions relatives à la votation, on doit permettre à l’opposition (et lui en donner les moyens) de recourir aux services d’experts en informatique, spécialisés en matière électorale, pour évaluer le travail déjà fait et suivre toutes les opérations à venir.

En marge de cela, il doit être prévu aux termes du travail, un audit sur le fichier électoral qui sera opposable à la CENI.

Le 22 juin dernier encore, le parti revenait à la charge dans l’optique de limiter les dégâts qu’il voyait venir de cette informatisation en solitaire et au pas de charge du fichier électoral et sans intention de validation contradictoire du logiciel, en demandant à nouveau que soient prises de toute urgence certaines mesures dont les suivantes :

« - Revenir aux échéances électorales telles que stipulées par la loi ou, à défaut, faire coïncider les municipales avec la présidentielle ;

trouver une solution consensuelle afin que le code d’accès du fichier électoral ne soit plus entre les seules mains du CENATRIN et accepter que des experts, pris en charge par l’Etat compte tenu des moyens limités des partis d’opposition, puissent contrôler comme ils l’entendent, le fichier de bout en bout ;

- accepter le vote des Burkinabé de l’étranger.

Le temps nous a donné raison

Ces propositions ne furent suivies d’aucune réaction, et le BEN considère aujourd’hui qu’on ne saurait, dans la mise en cause des responsabilités que l’on ne peut plus différer, accuser les partis d’opposition et en particulier l’UNDD de négligence.

Il considère surtout que l’on ne saurait, par quelque moyen ou entremise que ce soit, chercher à exonérer la CENI ou le pouvoir de l’obligation de résultat qui leur incombait de mener à bien cette opération d’informatisation.

Leur responsabilité est d’autant plus engagée qu’ils ont réalisé tout seul le travail, affirmant avec agacement à l’occasion, devant les mises en garde, que le logiciel était imparable, qu’il n’y aurait pas de doublons et que le travail de saisie sera correctement fait.

Eh bien, le temps a donné raison à ceux qui avaient tiré la sonnette d’alarme. Pour le BEN, il est vain d’entreprendre des campagnes pour tenter de faire croire à l’opinion que le lait répandu peut être ramassé. Au stade actuel, ce qu’il convient de faire, c’est d’expertiser les dégâts.

Il s’agira cette fois-ci d’accéder à la demande d’une expertise contradictoire pour permettre une identification correcte du corps électoral et une meilleure protection de son expression et surtout pour éviter des contestations aux conséquences dommageables à la paix (en l’occurrence inchiffrables). C’est à ce prix seulement que la volonté populaire sera protégée.

Pour le BEN, cette expertise sur l’ouvrage mal exécuté, dans l’intention d’en corriger les vices apparents ou cachés et d’en situer les responsabilités doit permettre d’ouvrir la voie à un dialogue politique afin que les demandes de l’opposition qui ont été jusqu’à ce jour ignorées, soient prises en considération.

Le parti a fait sienne l’analyse selon laquelle aller à des élections avec un pareil fichier, c’est aller au-devant d’une crise majeure dont la CENI supportera sinon la totalité, la plus grosse part de responsabilité.

Il s’agit ici de protéger la démocratie en protégeant le droit de suffrage, et le BEN ne voit d’issue favorable dans cette quête qu’à travers une mobilisation inclusive de tous les Burkinabé, organisés ou non, des médias, des mouvements de droits de l’homme, des partenaires techniques et financiers.

Ne pas réagir promptement et efficacement serait méconnaître les incidences négatives de la mal gouvernance, des élections mal organisées sur les phénomènes de pauvreté et d’insécurité qui taraudent déjà suffisamment les Etats africains.

Divers

Après avoir abordé le point divers, la séance a été levée à 20 heures.

Ouagadougou, 11 octobre 2005

Pour le Bureau exécutif national

Me Hermann Yaméogo

L’Observateur Paalga

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