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Jeûne de Ramadan : La solution du calendrier lunaire

Publié le jeudi 6 octobre 2005 à 08h39min

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Depuis un certain temps, un comité d’observation de la lune a été installé au Burkina Faso par la Communauté musulmane. Ceci, pour éviter un jeûne en ordre dispersé. Il y a plus de 7 ans déjà, cette situation a notablement évolué sans que la grande majorité de l’opinion publique ne sache comment ce changement qualitatif est intervenu.

Certains se demandent pourquoi ne pas regarder le soleil pour jeûner ?

Jeûne de Ramadan : Pourquoi ne pas regarder le soleil pour jeûner ?

Le jeûne musulman est basé sur le calendrier lunaire. Ainsi, la vision de la lune devient un enjeu au début et à la fin de chaque mois de Ramadan. Très souvent on assistait à des débats houleux, avec à la clé, un jeûne en ordre dispersé. Mais depuis plus de 7 ans déjà cette situation a notablement évolué sans que la grande majorité de l’opinion publique ne sache le comment de ce changement qualitatif. L’on a seulement remarqué ces dernières années que les musulmans jeûnent et font la fête ensemble sans tiraillements. Cet état de fait n’est pas fortuit. Face aux problèmes récurrents que posait la vision du croissant lunaire, les associations islamiques ont décidé de prendre leur responsabilité.
C’est alors qu’ils ont mis en place une commission nationale d’observation de la lune. Cette commission regroupe la plupart des associations islamiques tels la Communauté musulmane du Burkina Faso (CMBF), le Mouvement sunnite, la Tidjania, le Cercle d’Etudes de Recherches et de Formation Islamiques (CERFI), l’Association des Elèves et Etudiants musulmans au Burkina(AEEMB). La commission est présidée par la CMBF. L’envergure nationale des associations travaillant au sein de la « commission lune » est un atout pour l’atteinte des objectifs de cette commission.

En effet, la commission s’est fixé comme objectif de collecter l’information de la vision du croissant lunaire sur l’ensemble du territoire et de la restituer aux musulmans à temps afin que ceux-ci puissent commencer le jeûne ou célébrer la fête ensemble. Pour se donner toutes les chances de mettre à la disposition du public une information crédible, les structures provinciales des différentes associations sont mobilisées et réparties en groupe d’observation. La coordination des travaux se fait à partir de Ouagadougou plus précisément à la grande mosquée de la Communauté musulmane où la commission a son siège. A partir de ce lieu, la commission centralise l’information des différentes provinces. Les informations reçues sont vérifiées avant d’être portées à la connaissance du public. Les précautions prises pour donner une information crédible explique en grande partie le fait que les communiqués indiquant le début ou la fin du Ramadan soient diffusés aux environs de 22 heures.

En matière de validation de l’information, les textes sacrés disent que pour commencer le jeûne de Ramadan, le témoignage de deux personnes ou même d’un seul homme honnête suffit, mais pour la fin il est exigé le témoignage de deux personnes au moins. Il est rapporté dans un hadith que le prophète Muhammad (paix et salut de Dieu sur Lui) a dit. « Jeûnez et rompez le jeûne à la vue du croissant. S’il est voilé complétez le compte jusqu’à 30 jours » (hadith rapporté par Mouslim). Un mois lunaire complet est de 29 ou 30 jours. Ainsi, la commission lune se réunit généralement le 29e jour du mois lunaire précèdant Ramadan et le 29e jour du mois de Ramadan. Si le croissant n’est pas vu ce jour, cela indique que le début ou la fin du jeûne est pour le surlendemain. Ce que les uns et les autres peuvent surtout faire pour aider la commission, c’est d’observer la lune et de tenir les postes d’observation immédiatement au courant dès qu’ils aperçoivent le croisant. Ce réflexe, beaucoup ne l’ont pas, soit parce qu’il ignore la portée d’un tel acte, soit parce qu’ils ignorent l’existence de la commission. Pourtant, le fait de garder l’information par devers soi crée un déphasage et conduit à la discorde. En effet, peut-on convaincre quelqu’un de débuter le jeûne ou de célébrer la fête sur la base d’une information dont il ignore la source et doute de la fiabilité ? Aussi, est-il possible de dire à une tierce personne de ne pas jeûner ou de ne pas faire la fête quand il a vu le croissant de ses propres yeux ou quand il a reçu l’information de sa parution avec une personne qui lui est familière et en qui il fait entièrement confiance ? L’unité des musulmans et l’image de marque de leur communauté ont commandé la création de la commission lune.

Depuis lors, jeûner et fêter en ordre dispersé devient progressivement un lointain souvenir. C’est le moment d’épauler la commission pour qu’elle soit plus efficiente et que les informations arrivent aux heures de grande écoute. Mais pendant que nous y sommes ne serait-il pas plus indiqué pour les musulmans de choisir le calendrier solaire qui semble être plus aisé à manier ? Dans la pratique musulmane le calendrier lunaire est la référence Il conditionne l’accomplissement de certains piliers de l’Islam dont le jeûne, la zakat (aumône légale), le pèlerinage. Dans l’Arabie pré-islamique le calendrier lunaire était utilisé concomitamment avec le calendrier solaire. Il y a une différence de 11,25 jours entre les deux calendriers. Ce décalage était rattrapé par une pratique appelée intercalation.

Le prophète Muhamad (saw) abolit cette pratique au cours de son dernier pèlerinage seulement trois mois avant sa mort. Cette abolition qui intrigua plusieurs personnes comportait plusieurs avantages insoupçonnés à l’époque. Pour ce qui est du cas spécifique du jeûne de Ramadan cette réforme est très utile car elle donne la possibilité de s’habituer en toutes saisons aux privations de boire et de manger.

De ce fait, ce n’est pas toujours la durété ni toujours la facilité. Du fait de la différence de 11,25 jours entre les calendriers solaire et lunaire le jeûne coïncide progressivement avec toutes les saisons dans toutes les régions du monde. Au Burkina, dans les années 95 le jeûne avait lieu dans la période de chaleur, actuellement il tend vers la période des pluies. Cette rotation entre saison est fondamentale pour l’accomplissement du jeûne. En effet, les différences climatiques font qu’une saison douce dans une partie du globe coïncide avec une période très rude dans une autre partie.

Ainsi, si le jeûne était basé sur le calendrier solaire, certains musulmans jeûneraient toute leur vie en saison douce pendant que d’autres devraient annuellement affronter la rigueur de la nature. Le calendrier lunaire permet d’éviter cette discrimination entre croyants du monde entier. Tour à tour chaque région a son Ramadan à toutes les saisons.

Lorsque nous comparons les mois de Ramadan qui ont eu lieu durant les périodes de grande chaleur (Mars, Avril) et ce qui se passe actuellement on comprend aisément la sagesse du choix du calendrier lunaire. D’autres considérations économiques et sociales justifient l’emploi du calendrier lunaire. Le soleil et la lune sont tous des créatures de Dieu. Si l’utilité du soleil se passe de commentaire, le choix du calendrier lunaire permet aux musulmans d’effectuer leurs pratiques religieuses dans de meilleures conditions.

Ce calendrier a ses spécifités qui échappent à beaucoup de gens du fait qu’il n’est pas couramment utilisé sous nos cieux.

Moumouni Dabré

Sidwaya

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