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Candidature de Blaise Compaoré : Me Sankara dépose un recours en annulation

Publié le mercredi 5 octobre 2005 à 08h50min

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Me Sankara

"Dans un Etat de droit, la primauté de la loi est de rigueur".
Celui qui le dit, c’est Me Bénéwendé Sankara, candidat de
l’UNIR/MS pour la présidentielle de cette année. Au nom de ce
principe, il pense que le président sortant ne peut plus se
présenter, sous peine de violer l’esprit du constituant originel.

C’est pourquoi, il a déposé un recours en annulation de cette
candidature auprès du Conseil constitutionnel. Il s’en explique
dans l’interview qui suit.

"Le Pays" : En quelques mots, quel est le contenu du recours en
annulation de la candidature de Blaise Compaoré à l’élection
présidentielle du 13 novembre 2005 que vous avez déposé ?

Me Bénéwendé Sankara : Les articles 154 et 131 du code
électoral permettent aux candidats de pouvoir formuler tout
recours contre la décision du Conseil constitutionnel qui établit
la liste des candidats à l’élection présidentielle. Du point de vue
de la forme donc, c’est un droit qui revient à Me Sankara en tant
que candidat dont le dossier a été apprécié et accepté, de
pouvoir récuser un autre qui ne remplit pas les conditions
prévues par la Constitution.

Blaise Compaoré, par rapport à
l’article 37, ne peut plus être candidat parce que la constitution
dit que tout Burkinabè qui a exercé deux mandats présidentiels
ne peut plus se présenter. Nous avons donc tiré argument de
cela pour demander au Conseil constitutionnel de bien vouloir
omettre le nom de Blaise Compaoré parce qu’il a déjà fait deux
mandats successifs. Il en a même fait plus puisque depuis le
15 octobre 1987, il est au pouvoir. S’il se présente à nouveau, il
fera un 3e mandat.

Au regard de notre requête, nous sommes
allé plus loin pour expliquer la philosophie politique du
constituant originel burkinabè qui, tirant leçon des événements
du 3 janvier 1966, a banni à jamais la disposition de l’article 9
de la Constitution de la première république (qui avait prévu les
mandats à vie). Ce n’est donc pas une première, c’est un
principe sacro-saint du peuple burkinabè qui n’a jamais de
plusieurs mandats parce que c’est une monarchisation. Nous
sommes en république et Blaise Compaoré ne peut donc pas la
transformer en une monarchie.

Si votre recours venait à être rejeté par le Conseil
constitutionnel, que feriez-vous ?

S’il y a d’autres voies de recours, nous les utiliserons. Et si la
seule alternative, c’est d’aborder Blaise Compaoré sur le terrain,
il nous retrouvera. L’essentiel pour nous, c’est dire a priori que
nous sommes dans un Etat de droit où la légalité, la primauté
de la loi est de rigueur. Nous avons foi au Conseil
constitutionnel. Ils connaissent la loi, nous leur demandons
purement et simplement de l’appliquer. Mais si ce n’est pas le
cas, surtout que la rentrée judiciaire de cette année a été placée
sous le signe de la déontologie du juge, nous tirerons toutes les
conséquences et nous aviserons.

Propos recueillis par D. Parfait SILGA

Légende


Le Greffier en chef atteste

Voici le récépissé délivré à Me Sankara après le dépôt de son
recours en annulation.

RECEPISSE DE DEPOT DE RECOURS
(article 149 et 150 de la loi n°14-2001/AN du 03 juillet 2001
portant loi électorale)

n°2005-001/CC/GREFFE

L’an deux mille cinq et le quatre septembre à 11 heures 33
minutes. Nous, Maître Ibrahima ZERBO, Greffier en Chef du
Conseil Constitutionnel, avons reçu la requête formulée par
Monsieur Bénéwendé Stanislas SANKARA tendant à l’annulation
de la candidature de Monsieur Blaise COMPAORE.
En foi de quoi, le présent a été dressé et délivré pour servir et
valoir ce que de droit.


"Candidature illégitime et illégale"

Le groupe alternance 2005, composé de 13 partis de
l’opposition (CDS, FDS, FPC, GDP, LCB, MDR, PAI, PDS, PFID,
PSP, UFR, UNDD, UNIR/MS) veut user de "tous les moyens
légaux et constitutionnels"" pour l’annulation de la candidature
de Blaise Compaoré à la présidentielle du 13 novembre. Voici à
ce sujet, la décision prise suite à une réunion tenue le 3 octobre.

"Réunis le 3 octobre 2005 à partir de 18 heures au siège du
PAI, les partis politiques de l’opposition membres de Alternance
2005 ont examiné la liste des candidats publiée par le Conseil
constitutionnel. lls ont constaté que le nom de M. Blaise
Compaoré y figurait.

Fidèles à leur engagement de s’opposer à cette candidature
illégitime et illégale, par tous les moyens légaux et
constitutionnels que leur donne la Constitution, ils décident,
conformément à l’article 154, alinéa 3 de la Constitution, de
saisir le Conseil constitutionnel par l’intermédiaire des trois
candidats de Alternance 2005, à savoir Me Hermann Yaméogo,
Me Bénéwendé S. Sankara et Philippe Ouédraogo.

Pour le respect de la Constitution en général et de l’article 37 en
particulier, la lutte continue plus que jamais !"

Ouagadougou, le 4 octobre 2005

Pour le groupe Alternance 2005
Le Comité de suivi

Le Secrétaire général du GDP
Issa TIENDREBEOGO

Le Secrétaire général du PAI
Philippe OUEDRAOGO

Le Président de l’UNDD
Hermann YAMEOGO

Le Président de l’UNIR/MS
Bénéwendé S. SANKARA

Le Pays

P.-S.

Lire aussi :
Présidentielle 2005

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